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mercredi 20 novembre 2024

TROIS JOURS A L'ESTUAIRE DE LA LOIRE. 3

 Hier, nous avions mi-soleil/mi-nuages et sommes allés dans le parc de Brière et à Guérande (ici) mais ce matin la météo nous dit: pluie, pluie, pluie...

Alors dès potron-minet nous sommes sortis, pour savoir comment s'habiller dit Madame, aucune goutte ne tombait encore, Daniel Dewar et Grégory Gicquel nous disaient de prendre un pull over. 

Le bord de mer de St Nazaire était venteux mais doux, nous n'avons pris que nos parkas. 
Daniel Dewar et Grégory Gicquel, ce pull-over fait partie à Saint-Nazaire d'un groupe de trois sculptures monumentales: "Le Pied, le Pull-over et le Système Digestif".

Nous décidons, nous plus Provençaux que les vrais Provençaux, de braver les éléments, de rouler jusqu'à Nantes pour visiter le château des ducs de Bretagne.

Nantes. Après être passés devant la pauvre cathédrale fermée au public qui soigne ses brûlures sous une bruine continuelle, nous sommes arrivés au château. La petitesse de la cour nous place près des bâtiments et nous laisse l'impression qu'ils nous toisent avec condescendance: restez humbles devant la noblesse du lieu, semblent-ils nous dirent.

Le ciel n'a pas de figure, à peine nous arrivons qu'il cesse de bruiner. Bref entrons. L'accueil n'est pas plus  chaleureux, la réceptionniste nous hèle dès la porte franchie, nous vend les tickets et sans plus un regard, reprend sa lime à ongles et s'adonne à ce qui est surement sa passion capitale: peaufiner l'arrondi de ces ongles, mais ce n'est qu'un détail sans importance. Ce qui l'est important par contre c'est que, vu que le musée est sur 5 étages, un ascenseur est disponible pour les handicapés ou les vieux fatigués.

Je n'aurais pas la faiblesse de vous faire le guide dans ce bel endroit. Certains le font très bien avec l'intitulé "Que faire en 3 ou 4 jours à Nantes" Je vous partage par contre quelques photos et lecture de quelques cartels.

Dans la première salle, nous avons droit à un petit récap de l'Histoire Nantaise et ça m'est personnellement très utile:

A L'ORIGINE DE NANTES ET DU DUCHÉ DE BRETAGNE

Les Namnètes, un peuple gaulois d'origine celte, établissent un bourg à la confluence de la Loire et de l'Erdre entre le siècle et la fin du a' siècle avant notre ère.

Devenu Condevicnum après la conquête de l'Armorique par Jules César, en 57 avant J. C.. la cité gallo romaine assure, par la Loire et le Rhône, le lien entre l'océan Atlantique et la mer Méditerranée. Elle devient un évêché quatre siècles plus tard.

Dès le 8e siècle, les Bretons mènent des luttes contre les Francs pour défendre leur territoire. En 851, à l'initiative de Nominoë, la Bretagne devient un vice royaume, autonome du royaume de Francie

occidentale, au sein de l'Empire carolingien.

Assaillie par les Vikings et affaiblie par des guerres de succession internes, la jeune royauté disparaît pour laisser place au duché de Bretagne, en 936. Alain Barbetorte, premier duc de Bretagne, fixe sa résidence A Nantes où il établit son château.

Aux siècles suivants, les ducs de Bretagne ne cessent d'affirmer leur pouvoir face au roi de France, pour garantir l'indépendance de leur duché….

En 1364, la guerre de succession de Bretagne s'achève par la victoire de la maison de Montfort à la bataille d'Auray. Anne de Bretagne en fut la dernière héritière.

Avançant dans le temps nous découvrons dans une autre salle une fresque géante interactive relatant les dates marquantes de la ville.

J'ai choisi l'édit de Nantes.

1598 L'édit de Nantes
Henri de Navarre, chef du parti protestant, hérite du trône à la mort d'Henri Ill mais essuie le refus des catholiques qui constituent une Sainte Ligue, Depuis son accession au trône en 1589 et sa conversion au catholicisme en 1993, le roi Henri IV veut reconquérir son royaume en mettant fin à la guerre civile.
En avril 1593, aux mains du duc de Mercoeur, membre de parti ultra-catholique, Nantes reste la seule ville de France encore insoumise. Le roi se dirige alors vers elle avec son armée an de la soumettre.
Le 13 avril 1598, Henri IV entre en vainqueur dans Nantes, loge au château, sa demeure royale et signe un édit le 30 avril.
Dans un royaume où le catholicisme demeure la religion d'Etat, il accorde aux protestants une relative liberté de culte, ainsi que des dispositions judiciaires, militaires et politiques. En imposant à ses sujets une cohabitation entre catholiques et protestants, Henri IV rompt avec le modèle de l'Eglise d'Etat garante d'unité religieuse, système dominant en Europe.

1685 La révocation de l'édit de Nantes
L'édit de Fontainebleau, signé par le roi Louis XIV en octobre 1685, révoque l'édit de Nantes. La diversité religieuse disparaît au profit de l'affirmation de l'absolutisme monarchique voulu le souverain. 
Cette décision provoque un véritable exode: environ 250 000 protestants quittent la France pour s'établir dans des « pays du refuge» (Angleterre, Hollande, Allemagne...).
Pour les « nouveaux convertis » restés en France commencent soit une période d'oubli de leur foi, soit une période de culte clandestin, parfois en assemblées portant le nom de « culte du désert » . Certains s'opposent violemment à la décision royale, comme les camisards des Cévennes et du Bas- Languedoc entre 1702 et 1704.

Vous allez me dire ouaip ! tout ça c'est assez scolaire ! c'est vrai mais c'est intéressant quand même.

Plus distrayante est cette maquette de la ville de Nantes dans ses remparts.
Le château est au premier plan.

Et les quais de l'Erdre ne sont pas loin.
En parlant de cours d'eau, l'Erdre se jette dans la Loire juste là à Nantes.
Et qui dit eau dit bateau !

Le musée offre beaucoup d'objets navals, certains impressionnants comme ces figures de proues.


LE DÉCOR DU NAVIRE
Cette figure de proue provient du quatre-mâts Asie construit au chantier Laporte de Rouen en 1897. De retour du Chili avec un chargement de nitrates, le navire sombre en 1919 à l'entrée de l'estuaire de la Loire. La figure de proue est découverte sur la plage de Tharon en 1920 par un habitant du village qui en fait don au musée des Salorges. Si la symbolique de la figure de proue illustre tant la force militaire que la puissance commerciale maritime, elle est aussi une figure protectrice qui, brisant et dominant les flots, guide le navire et le protège.





Ceux-ci me rappellent un roman fantasy de Robin Hobb : Les Aventuriers De La Mer, où les bateaux appelés les "vivenefs" sont faits de "bois-sorcier" et parlent via leur figures de proue. Une très belle série de romans !

Il y a également de belles toiles.

L'EMBOUCHURE DE LA LOIRE
The mouth of the Loire River La desembocadura del Loira
Cette vue de l'embouchure de la Loire et du vieux port de Saint- Nazaire montre la rade encombrée de nombreux navires. Au centre du tableau, un canot se dirige vers un trois-mâts à la cape. À bord, il s'agit certainement du capitaine regagnant son navire. L'artiste nantais Charles Leduc, élève du peintre de marine Charles Leroux, compose ici une image riche en détails pour illustrer l'importance du trafic maritime à l'embouchure du fleuve.
Navires à l'entrée de Saint-Nazaire Charles Leduc (1831-1911) Vers 1870-1880

)
LES CHANTIERS The shipyards Los astilleros
Cette œuvre de jeunesse du peintre d'origine nantaise, Jean-Émile Laboureur (1877-1943), représente le fameux chantier de construction Dubigeon. Fondé vers 1740 sur les bords de la Chézine, ce chantier se fixe en 1846 à Chantenay. Plusieurs centaines de navires dont le Belem, sont sortis des cales de ce constructeur dont le nom reste à jamais lié à l'histoire des chantiers navals nantais.
Le chantier de constructions navales Dubigeon à Chantenay Jean-Emile Laboureur
(1877-1943) 1901. Acquis avec l'aide du Fonds régional d'acquisitions pour les musées


Autre salle qui marque l'esprit, c'est celle qui concerne l'esclavage. Les objets, tableaux, livres témoins de l'inhumanité de ces temps-là font froid dans le dos.


Le Code Noir. The Black Code / El Código negro Code/El
En mars 1685 est promulguée une ordonnance qui instaure le cadre législatif et le statut légal de l'esclave dans la société française. Il s'agit du Code noir. Son principal auteur, Jean-Baptiste Colbert, remplit les fonctions de Premier ministre du roi Louis XIV. Ce texte, qui fait de l'esclave << un être de Dieu » et en même temps un bien meuble, montre toute la difficulté de donner un statut d'esclave à un être humain dans la société chrétienne du 17e siècle. Il témoigne surtout de l'importance économique du commerce des Noirs et de la nécessité d'organiser la société avec cette nouvelle composante, jusque-là peu développé dans l'Occident chrétien : la possession d'un homme par un homme. L'ordonnance cherche à répondre à des questions pratiques : à qui
appartiennent les enfants d'esclaves si les parents ont des maîtres différents? Peut-on affranchir ses enfants issus d'une union avec un esclave? Peut-on mutiler ses esclaves? Est-on obligé de les baptiser ? Le Code noir fut relativement peu observé dans les colonies françaises au 18e siècle, les propriétaires estimant qu'il leur était trop souvent défavorable.




...
aura les oreilles coupées
 et sera marqué d'une fleur
de lys sur une épaule; 
et s'il récidive un autre 
mois... il aura le jarret
coupé et il sera marqué
d'une fleur de lys sur
l'autre épaule, et la oi-
sième fois, il sera puni de
mort. » [...]
XLII.
POURRONT seulement les 
maîtres, lorsqu'ils croiront
que leurs esclaves l'au ont
mérité, les faire en hai-
ner et les faire battre de
verges ou cordes. »
XLIV.
...






Sur la photo plus haut, deux tableaux m'interpellent, ils sont bien placés en occupant le mur du fond, ils sont ensemble et en fait ils sont inséparables.
Au 17é siècle la France affirme ses ambitions dans le domaine colonial Supplantant les Provinces-Unies, elle devient au cours du 17e siècle a deuxième puissance commerciale d'Europe, derrière l'Angleterre. La traite transatlantique des captifs Africains participe au développement de son économie et à son enrichissement. 

Des tableaux témoignent de l'existence de personnes vivant en esclavage sur le sol de France sous l'Ancien Régime. 
Les époux Deurbrouck, riches bourgeois, négociants et armateurs à Nantes.
Leur appartenance sociale induit bien sûr de se faire représenter en grands portraits et afficher leurs richesses et leur réussite sociale.


Dominique Deurbrouck est au travail, devant sa bibliothèque, dans un intérieur au mobilier cossu dont les détails manifestent son activité d’armateur négociant et son statut social. Assis dans un haut fauteuil à sa table d’écriture dont le pied en forme de mascaron rappelle ceux des hôtels particuliers nantais du 18e siècle, il tend la main vers des papiers qui symbolisent ses affaires commerciales en cours. Parmi les ouvrages qui l’environnent, on reconnaît une « Histoire de la mer », un « Dictionnaire d’économie » et un « Dictionnaire de commerce ». Une tabatière ouverte sur sa table d’écriture évoque les voyages « au lointain ». Richement vêtu d’un brocart en velours vert rehaussé de broderies d’or, il domine, dans l’espace de la toile ainsi que par son attitude et son regard posé vers le spectateur, son esclave noir qui apparaît, en retrait, derrière la table.

La représentation de ce dernier rassemble les signes explicitant son statut : il porte au cou un collier de servitude en argent, aux oreilles des créoles et est vêtu d’une livrée, uniforme imposé par les ordonnances royales pour distinguer le statut d’appartenance à une famille dans le cas des esclaves. En outre, il porte dans ses bras un chien, symbole de fidélité.








Marguerite apparaît dans un espace tout aussi luxueux mais aux connotations plus féminines, évoquant la beauté et l’exotisme. Vêtue d’une robe claire aux motifs floraux, elle est assise de face sur un fauteuil de style Louis XV, sur le dossier duquel est posé un perroquet gris du Gabon. Ce perroquet originaire de l’ouest du continent africain est à la mode au 18e siècle comme animal de compagnie. Elle porte la main à une tasse de porcelaine contenant du chocolat ou du café, posée sur une table au piètement galbé et fin et au plateau de marbre.

Son esclave noire apparaît derrière elle. Ses vêtements blancs, la coiffe qui recouvre sa tête, le collier de perles et les boucles d’oreilles soulignent le caractère sombre de sa peau et manifestent son statut d’esclave. Elle apporte à sa maîtresse sur un plateau un pot de faïence contenant un autre produit exotique : du sucre.













LA MARIE-SÉRAPHIQUE
D'un faible tonnage, La Marie-Séraphique représente le type de navire le plus couramment utilisé dans le cadre de la traite atlantique, permettant de transporter entre 300 et 350 esclaves à chaque campagne. Quatre expéditions de traite sont référencées pour ce navire entre 1769 et 1773, ce qui dénote une importante activité.
La Marie-Séraphique
Arthur Ollive
1965











Je ne vous parlerais pas des plans des bateaux où sont décrits l'aménagement du pont des esclaves, ni des représentations des tortures infligées aux esclaves "récalcitrants", mais, je voudrais finir le thème sur une note d'humanité : le Portrait de la duchesse d'Orléans affranchissant Antoine Rolly (Anonyme, 1702-1705)


« LES GENS DE COULEUR » EN FRANCE AU XVIII© SIÈCLE 

Françoise-Marie de Bourbon, fille legitimée de Louis XIV, obtient, le 5 janvier 1702, l'affranchissement d'Antoine Rolly par César de Coullet, major général de la Martinique. Cet acte, sans doute le premier passé devant notaire en France, reste rare, mais la pratique tend à se développer. À partir de 1711, la Monarchie sollicite les tribunaux pour la limiter. En 1746, une taxe de 1000 livres par esclave est instaurée, suivie bientôt d'autres restrictions. Les affranchis constituent pourtant une part de la population de plus en plus importante. Un recensement de 1777 indique que Nantes comptait 700 « gens de couleur », selon les termes de l'époque, dont plus de la moitié étaient libres (par naissance ou par affranchissement).

Plus d'info ici


(1)

En redescendant nous pouvons découvrir le domaine industriel des Mrss Lefèvre et Utile.

L'USINE COMME OBJET DE VALORISATION
The factory as a promotional tool/ La fábrica como objeto de valorización
Ce plan-relief de l'usine LU à Nantes a été réalisé pour être exposé dans le pavillon de l'entreprise
à l'Exposition universelle de 1900 à Paris. L'objectif est alors de présenter au grand public et aux consommateurs l'ensemble du site industriel, son importance et sa qualité d'implantation. L'usine devient un véritable objet de communication en soi.
L'ancien quartier de la gare et de l'usine Lefevre-Utile
Paul Duchesne
1900


Qui n'a pas mangé un petit beurre Lu dans sa vie ?

(1) Photo chipée dans le paquet de petits Lu de Wiki

Voilà ce que je vous dévoile de ce musée. Il est 13h30 lorsque nous sortons, et nous cherchons un petit resto pour le déjeuner. Pas loin, "le cochon qui fume" nous souhaite la bienvenue. Fish & chips pour moi (oui, je sais c'est gras à souhait, pardon ma chère cholestérolémie), Bavette de bœuf et sa compotée d'oignons pour ma moitié. Bon rapport qualité/prix et bon accueil.
Le ciel pleure son chagrin (surement d'être en Loire Atlantique) à seaux ! La visite des rues de Nantes sera pour une autre fois sinon une autre vie... Nous décidons d'aller visiter les machines de l'île. Ce sera sur le prochain billet !

A + !

Comme d'habitude tout ce qui est en italique et en carmin est copie des cartels et autres commentaires.

mercredi 18 septembre 2024

QUAND LA MARINE QUITTE LE BÂTIMENT.

 Pour clore notre séjour à Paris nous avions décidé d'aller seuls - sans les petits-enfants - à l'Hôtel de la Marine. Une visite pendant les Jeux Olympiques c'est génial : les très nombreux fans des sportifs ne sont pas accros aux musées et autres lieux de Culture et d'Histoire ;))

"Et ben du coup", comme aurait pu dire mon petit-fils, (oui, j'étais encore tout imprégné des papotages de celui-ci) on a pu voir ce bâtiment - pour la Marine on dit un bâtiment non ? - dans le plus grand calme, nous étions presque seuls !

La visite est très bien organisée et le guide audio super bien élaboré avec ces casques spéciaux qui n'écrasent pas les oreilles et dont le son est "spatial", il nous semble que c'est une personne qui nous parle à coté; pour preuve quand elle parlait à mon oreille gauche j'avais tendance à tourner la tête, mon petit cerveau pensant qu'elle était physiquement là ! Il est bête ce Philfff...

  Voici quelques mots de son histoire résumée sur France Inter en 2021 (lien):

"L’Hôtel de la Marine n’avait quasiment jamais ouvert ses portes au public. Construit en 1758, pour accompagner une statue du roi Louis XV, auquel la Ville de Paris souhaitait rendre hommage, l’édifice a abrité à partir de 1765, le Garde-Meuble de la Couronne. Cette institution avait pour objet de conserver et d’entretenir les meubles, tapisseries, objets d’art mais aussi les bijoux de la monarchie. En 1776, le peuple est autorisé à venir admirer ces collections royales, tous les mardis entre avril et novembre. Après la Révolution, la Marine s’y installe et y reste pendant 226 ans. Seule une ouverture lors des journées du patrimoine en 2016 a permis au public, le temps d’un week-end, de découvrir les lieux. Aujourd'hui, c’est un musée vivant, exploité par le Centre des monuments nationaux, figé dans le temps des XVIIIe et XIXe siècles, que peut visiter le public..."

Voici les photos:



L’état-major de la Marine, en 2015, débarqua donc laissant ce beau bâtiment à quai, immense 
quai qu'est
la place de la Concorde.



Ces deux photos ci-dessus ont été piquées sur le site de l'hôtel de la Marine pour cause Jeux olympiques dont les installations obstruaient tout panorama. (Merci hotel-de-la-marine.paris). Voyez plutôt mon panorama à moi :

Bref passons. Entrons.

Le mobilier royal est superbe.




La restauration de l'hôtel est particulièrement exacte à l'original grâce à la Marine. Les marins lorsqu'ils se sont installés n'ont rien dégradé. 900 pages d'inventaires conservées, chaque peintures, tentures, boiseries protégées.
"Les 900 pages d’inventaire, dans lesquelles chaque détail du bâtiment est répertorié, chaque changement, avec un descriptif complet et détaillé, pièce par pièce, meuble par meuble, ont permis de restituer un état très voisin de celui qu’ont connu les intendants du Garde-Meuble. Ainsi, dans le cabinet doré, grâce à l’existence des inventaires, le secrétaire à abattant et la table des muses, commandés par Fontanieu au célèbre ébéniste Jean-Henri Riesener en 1771 et séparés en 1830, ont retrouvé leur emplacement d’origine. Dans la chambre de Madame Thierry de Ville-d’Avray, c’est la brocatelle verte voulue par Fontanieu qui a été retissée."

Beaucoup d'ameublement sont restés sur place, pour le reste, beaucoup de meubles ont été retrouvés grâce à la collaboration avec le Mobilier national, musée du Louvre, musée des Arts décoratifs, musée national du château de Versailles, l'Elysée, etc. Et c'est ainsi que l'on a devant nous une parfaite et presque authentique reconstitution de l'hôtel du XVIIIe siècle !

Ici ont résidé Pierre-Élisabeth de Fontanieu, premier intendant du garde-meuble de la Couronne, puis Marc-Antoine Thierry de Ville d'Avray, son successeur, suivis du ministère des Forces navales en 1789.

Dans la salle à manger, le couvert est dressé, on peut voir sur la table des restes d'agapes, des huitres fort belles, etc. 




Un grand buffet construit sur mesure est équipé d'un monte-charge
pour amener les plats plus rapidement de l'étage en dessous.












Les salons et bureaux sont nombreux et tous rivalisent de raffinement.

 C'est dans le Salon diplomatique que l'on voit le bureau sur lequel Victor Schoelcher signa le décret de l'abolition de l'esclavage.








Les chambres également sont très belles


 notamment celle de Madame de Ville-d’Avray.
"une brocatelle verte, voulue par Fontanieu, a été retissée. Le tapis est une commande de Louis XIV pour la galerie du bord de l’eau, au Louvre, tandis que le lit à la polonaise, avec sa broderie de Beauvais d’origine, date du XVIIIe siècle" (lien).







Petite piéce coquine : le cabinet des glaces. "Pierre-Elisabeth de Fontanieu était connu pour son goût pour les femmes d’opéra aux mœurs légères. Il a fait réaliser ce cabinet intimiste qui révèle son attrait pour le libertinage. "(lien)








Et les salons d'apparat sont richement ornés.






Voilà pour la visite, ce ne sont que quelques photos de quelques pièces, l'Hôtel est assez grand, bien que l'on ne visite pas tout ! 

A + !

mercredi 14 août 2024

LE PAVILLON DE VENDÔME AUTOUR DE CHIHARU SHIOTA.

 Lorsque l'on visite l'expo de Chiharu Shiota, nous ne pouvons ne pas être charmés par le décor de l'écrin qu'offre le Pavillon de Vendôme.

Le pavillon semble juste posé sur l'herbe - étonnamment encore verte en cette saison - de son parc ponctué de topiaires.








Les atlantes assoiffés, l'un scrutant l'aurore, l'autre le crépuscule, et dont la blancheur de cette pierre blanche de Calissanne tranche avec la façade de pierre jaune des carrières de Bibémus,  paraissent impatients de  rafraichir leur front dans l'eau du bassin central agitée de poissons rouges.

 C'est en 1665 que Louis II de Vendôme, duc de Vendôme, duc de Mercœur, de Beaufort, de Penthièvre et d'Étampes, prince de Martigues et d'Anet, pair de France, petit-fils d'Henri IV et de Gabrielle d'Estrées, et neveu du cardinal Mazarin, par son mariage avec Laure Mancini, nommé en 1652 Gouverneur de Provence, c'est en 1665, disais-je, que ce monsieur faisait construire un pavillon d'un étage en dehors de la ville d'Aix-en-Provence.

La légende nous dit (et pourquoi ne pas la croire ? )  que le Duc, fort amoureux de la Belle du Canet, Madame veuve Lucrèce de Forbin-Soliés, fit construire un pavillon pour "y abriter ses amours": ce Pavillon Vendôme donc.

Amoureux au point de vouloir épouser sa Belle, la Cour n'y étant pas encline (ne me demander pas pourquoi, je n'ai pas trouvé, si vous pouvez m'éclairer...) lui fit proposer un poste de Cardinal. 


La suite:
"On ne dit point ce que devint la Belle du Canet; mais la tradition nous a conservé que le cardinal duc de Vendôme, retiré dans le pavillon qu’il avait fait bâtir au faubourg des Cordeliers, et qu’on nomme aujourd’hui le Pavillon de la Molle, y faisait introduire de nuit, par une porte de derrière, des personnes déguisées, que les paysans du faubourg appelaient malicieusement las machouettos. C’est là qu’il mourut le mardi 6 août 1669, à peine âgé de cinquante-sept ans, ce qui fit dire alors aux paysans: las machouettos an tua lou duc."

Buste d'Henri IV, Marbre polychrome, XVIII ème.





A sa mort, on vend le pavillon à l’avocat général Gautier de la Molle qui ferme les ouvertures du rez-de-chaussée, achève la décoration intérieure, ajoute un étage à l'ensemble et le couvre d'une toiture provençale en tuiles romaines. Le pavillon prend alors le nom de Pavillon de La Molle.

Flore ou l'Allégorie de l'Abondance XVIIème siècle. Plafond peint commandité par Jean-Baptiste Gautier de La Molle, avocat général, second propriétaire du Pavillon de 1687 à 1696. Ce décor peint a été découvert en 1953 occulté par un faux plafond.






Bien plus tard, en 1906, Henri Dobbler achète ce pavillon avec le parc et fait restaurer l’ensemble. Il en fait don à la ville d’Aix en 1941, sous condition que l’ensemble reste un lieu de culture et d’art. Ce que le Pavillon de Vendôme est depuis.


























L'écrin est incontestablement admirablement propice pour présenter les œuvres d'artiste et notamment ici pour Chiharu.





A + !

Quelques liens consultés:

mercredi 7 août 2024

AU-DELA DE LA CONSCIENCE AU PAVILLON DE VENDÔME. CHIHARU SHIOTA.

Chiharu Shiota expose à Aix-en Provence dans trois différents endroits: 

"Au Musée des Tapisseries, les fils rouges constituent un tunnel que le visiteur est invité à traverser, pouvant être protecteur ou oppressant. Une expérience à éprouver pour une transformation tel un cocon ou une chrysalide."

"A la Chapelle de la Visitation, dans l'installation monumentale Collecting Feelings, l'artiste insère dans cette pluie de fils rouges des lettres de remerciements- ou de gratitude collectées à travers le monde... "

"Au Musée du Pavillon de Vendôme, les différents salons dévoilent le panel des créations de l'artiste traversant toutes les périodes. Photographies, dessins, installations, sculptures en fils ou en verre, toiles brodées sont présentés."

Les surveillances d'examens  des Master de l'université qui pimentaient mes journées de juin me laissaient une heure ou deux entre elles. Ce jour-là j'avais donc une heure à tuer mais je ne suis pas méchant, je l'ai fait délicieusement et c'est au Pavillon de Vendôme à Aix-En-Provence où j'ai choisi d'aller.

C'est beau, c'est rouge, ou c'est noir, c'est éphémère (nous dit-on, mais quelques œuvres datent un peu).

C'est du fil de laine rouge, rouge parce qu'associé au flux sanguin et aux connexions humaines. Fil noir, au ciel nocturne ou au cosmos.

 Au-delà de la conscience. 

"Au-delà de la conscience, car toutes les œuvres de cette exposition traitent de processus dont nous ne sommes généralement pas conscients dans notre vie quotidienne, comme les mémoires universelles, la connectivité de tout et de tous, l'influence culturelle ou les processus dans notre corps."
Chiharu Shiota.





Connected to the Universe
2024
Fils sur toile : Thread on canvas
Courtesy Galerie Templon




























Endless line
2024
Fils sur toile / Thread on canvas
Courtesy Galerie Templon

On ne voit pas bien sur la photo mais imaginez tout ce fil qui se croise et s'entrecroise symboliquement sans fin formant tout ce réseau. Un travail très minutieux qui me fait penser aux grandes villes vues d'avion la nuit. En plus moi j'aime bien les triptyques.

Life Unknown
2023
Corde, filet,figurine en acier / rope, net, steel figure
Courtesy Galerie Templon

"Cette exposition explore la condition humaine et ce qui se cache derrière. Dans mon travail, j'essaie de trouver un sens à la vie, à la connexion et à la mort. Je m'inspire de mes émotions et de mes expériences, mais il ne s'agit pas seulement de moi. Nous pensons tous que nous traversons la vie seuls et que nous sommes les seuls à avoir certaines pensées et sentiments dans notre cœur, mais nous sommes connectés de plusieurs manières. Nos souvenirs sont une partie cruciale de notre identité..." Chiharu Shiota.

Glass
2024
Matériaux mixtes / mixed media
Courtesy Galerie Templon

State of Being
2024
Bronze, fil métallique / bronze, metal wire
Courtesy Galerie Templon



Earth end Blood
2014
c-print
Courtesy Galerie Templon

Glass
2024
Matériaux mixtes / mixed media
Courtesy Galerie Templon


Déjà exposé au Musée Guimet en 2022, « Living Inside », livre une réflexion sur l’enfermement en temps de pandémie. Le fil de laine ici, tisse une toile autour de chaque objet miniature; lits, chaises, tables, armoires, vaisseliers, téléviseurs, etc. 

Living Inside
2021
Matériaux mixtes / mixed media
Courtesy Galerie Templon






Dans le salon du rez-de-chaussée, une installation est très belle mais de près il est difficile d'apprécier l'ensemble: le salon est à mon avis trop petit.

Et difficile à expliquer. 
Out of my Body
2020
Cuir, bronze / leather, bronze
Courtesy Galerie Templon

Alors je m'en suis remis à ces quelques mots lus sur un site :
"Dans d’autres de ses œuvres, elle tente de capturer la sensation de partir, cette impression que le sol se dérobe sous nos pieds face à une nouvelle bouleversante. Elle y explore également la question de ce qui survient de la conscience humaine après la mort."


Un dernière œuvre :

From DNA to DNA
1994
c-print
Courtesy Galerie Templon


Les œuvres sont belles et, sauf les photographies assez dures visuellement, sont - presque - accessibles à tous. En tout cas le message de liens conscients et non conscients est très compréhensible, même aux enfants.

A + !