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lundi 15 février 2021

La taille des oliviers: c'est parti !

C'est le moment de la taille des oliviers. 

Le temps se réchauffe mais les boutons floraux qui pointeront leur nez (si je puis dire) à l'aisselle des feuilles ne sont pas encore là.


Une petite orchidée est apparue. Avec ses feuilles vertes épaisses, la Barlie de Robert (lien) commence à fleurir, annonçant le redoux enfin ! 








Les barlies vont commencer à colorer le sol si dégarni de l'oliveraie.








Pour ma part, je rabats un tiers de mes arbres sévèrement, ceux qui sont "montés" trop hauts et dont les branches deviennent difficilement accessibles lors de la cueillette des olives, comme me l'a appris mon voisin René qui, lui, est tombé dans la marmite (ou peut-être bien dans le pressoir) lorsqu'il était petit. 

Cette façon contrairement au gaulage - quand bien même qu'il soit mécanisé - permet de commencer la cueillette plus tôt sur les olives plus vertes et donne une huile différente, comme je vous l'ai déjà expliqué avec Giono dans cet article "Quand on vient du Nord et qu'on a dépassé Valence,".

La taille quand on commence paraît incompréhensible, mais après quelques années on a l'œil exercé et le travail se fait plus rapide et mieux. Mais bon je n'en suis pas encore là !

Donc tous les trois ans j'en rabats de cette façon:

Un après en haut - son voisin avant en bas.
Oui il n'a pas fière allure mais je m'améliore ! Là, les arbres sont jeunes et les branches avec le temps vont prendre leurs formes courbes et tordues propres à ces arbres. Cette lourde taille va bien sûr peser sur le rendement: ceux-ci ne donneront que peu de fruits.

Jean Giono dans "Arcadie ! Arcadie !" nous conte sa Provence et ses oliviers, un texte plein de poésie.

 « ...Mener des Oliviers est un travail d'artiste et qui ne fait jamais suer. La taille, si importante puisque l'arbre ne porte ses fruits que sur le bois neuf, prédispose à la rêverie et satisfait à peu de frais le besoin de créer. Ajouter qu'un arbre bien taillé donne un beau galon sur la manche, qu'il est au bord du chemin ou dans les collines où tout le monde se promène ; qu'on le voit, et s'il est très bien taillé, qu'on va le voir comme un spectacle. Je parle évidemment ici de l'arrière pays et non pas des oliviers qui sont à quelques kilomètres de la mer. Nous sommes encore dans les collines assez hautes. Après la taille, il n'y a plus qu'à laisser faire les choses et les évènements : ce que l'homme d'ici aime par-dessus tout et ce qui est pour le fainéant la distraction, le divertissement rêvé. Surveiller le ciel, quelle ressource de passion ! .être à la merci de la pluie, du soleil et du vent donne un rythme de qualité à chaque jour. Jurer délivre jusqu'au fond de l'âme, alors que, pour se délivrer les bourgeois ont besoin de tant de mécanique ; et même n'y arrive guère... ». 

Il a raison Giono !  Que l'on est fier lorsque l'on a terminé un arbre et que son port resplendit ! le feuillage léger laisse voir des branches aux multiples directions comme capricieuses mais pourtant la silhouette de l'ensemble est équilibrée.

Quand j'en serais là je posterais des photos !

 à + !

mardi 12 janvier 2021

Quand on vient du Nord et qu'on a dépassé Valence, mes oliviers.

 «Quand on vient du Nord et qu'on a dépassé Valence, on voit dans l'horizon du Sud un ciel vert, qui est justement la réverbération du soleil sur la Provence. »

A faire le roi en visitant les châteaux et me pavaner à vous montrer leurs photos, du coup j'ai oublié l'année dernière de parler des oliviers comme je le fais (devrait le faire) chaque année. 


Remarquez ce n'est pas l'abondance qui aurait pu m'y faire penser ! Avec une récolte de 100 kgs seulement nous n'avons que 16 litres d'huile !



Pas besoin d'un coup de main de la part des amis cette année, et c'est bien dommage car ce sont toujours de belles journées de partage.




D'un autre coté, c'était prévu car nous avions taillé très sévèrement, mais on espère toujours...en bons provençaux;... que ses oliviers ont une vitalité hors du commun... 










Ça m'a fait penser à Jean Giono et j'ai relu des textes de cet « écrivain français né en Provence » comme il le dit lui-même et non un écrivain provençal. Textes relus donc, choisis, quelques extraits.  «Quand on vient du Nord et qu'on a dépassé Valence, » est la transcription d'un texte de Giono radiodiffusé en 1961.


« ...J'étais en train de penser que j'avais négligé l'olive, mais je l'avais laissé de coté pour en parler d'une façon plus abondante : la Haute Provence, dans sa partie méridionale, c'est à dire dans celle qui va jusqu'à 800 mètres d'altitude, était couverte, je dis bien « était couverte de verger d'oliviers ; c'était un petit olivier court qu'on taillait d'ailleurs bas, de façon qu'il reste à portée de la main,... »

C'est de cette façon aussi, pour la plupart, que l'on taille ici les oliviers. En fait, les petits récoltants ont gardé cette méthode de taille très pratique ce qui n'est pas sans conséquence comme va nous l'expliquer Jean Giono.


«
...et  ça avait de l'importance , car la civilisation de l'huile en Haute-Provence n'était pas la civilisation de l'huile telle qu'elle est en Tunisie, telle qu'elle est en Grèce, ou même sur la Côte d'Azur. Sur la Côte d'Azur, en Grèce et en Tunisie , on a l'habitude de voir des oliviers très hauts, de très grands arbres qu'on laisse pousser en longueur , qui atteignent parfois 9,10 mètres et même 15 mètres de hauteur. Des oliviers de cette sortent exigent absolument la gaule pour les ramasser. C'est ici que justement se trouve une différence avec l'huile que nous faisons. Ces olives doivent être gaulées au moment ou les olives commencent déjà un tout petit peu à pourrir sur l'arbre. On fait par conséquent de l'huile avec des olives extra-mûres... »

Avant de continuer l'explication sur la différence, j'aimerais tout de même préciser à Siu qui, je pense doit s'exclamer : "E allora l'Italia?" (et là je résume car elle-même m'a avouer être particulièrement diserte mais ne le dites à personne) que non ce n'est pas un oubli, que j'ai retranscris exactement le texte mais que surement oh oui très surement en ce qui concerne l'huile d'olive, l'Italie est déjà en 1961 de toute façon "hors compétition" vu le haut niveau de qualité ! Et, plus sérieusement, depuis l'antiquité il y a mille façon de faire l'huile en Italie, Giono ne s'y est pas frotté. 


Suite de l'explication sur la différence:

«...Tandis que chez nous, en Haute-Provence, où les oliviers étaient restés courts de taille, on cueillait les olives à la main une à une. Nous avons alors des olives qui sont moins mûres que celles qui ont été gaulées. Nous faisons une huile qui est un peu moins forte de goût, mais qui a une plus belle saveur, qui est d'ailleurs cette huile verte , que généralement les amateurs d'huile d'olives recherchent... »

Voilà qui est bien dit !! mon huile a une plus belle saveur que toutes les autres ! Ah ! que j'aime lire Giono !

à + !