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mercredi 15 octobre 2025

NIKI DE SAINT PHALLE - LIBERATION

  Suite de l'expo à coté de chez moi, vous n'y coupez pas, je vous la partage. L'hôtel de Caumont accueillait Niki de Saint Phalle.

L'exposition est appelée "Le bestiaire Magique"

Après l'époque des années 50 - 60, où ses œuvres ne m'inspiraient pas la joie ni la bonne humeur (voir ici clic !), les années suivantes, amènent la forme caractéristique bien connue des nanas: des formes rondes et lisses, colorées et brillantes; à mon humble opinion, Niki de Saint Phalle se libère, Ces femmes aux postérieur imposants s'exposent sans aucune pudeur, elles s'imposent et imposent avec elles la conviction qu'elles sont à leur place: que les femmes sont enfin légitimées (ça se dit ça légitimées ? ) .

LES NANAS AU POUVOIR
C'est durant l'été 1964 que l'artiste crée ses premières Nanas. Elle puise alors sa force créatrice dans une conception de la femme comme porteuse de vie en harmonie avec la nature et le monde animal. Ces déesses mères de la fécondité découlent des séries des « Accouchements » et des « Mariées >> mais cette fois ci, la femme devient un personnage salvateur, lumineux et empli de joie. Les Nanas ont gagné leurs batailles et ont repris le pouvoir.
Niki de Saint Phalle rêve d'un monde qui ne soit pas seulement dominé par les hommes et invite à une communion entre tous les êtres vivants, sans séparation et sans hiérarchie. Le corps féminin se fait hybride et englobe la nature et ses habitants. Enlaçant un oiseau, allongée avec une queue de sirène ou chevauchant une licorne ou un dauphin, la femme devient le point d'équilibre entre tous les êtres.


Voici donc ci-dessous quelques beaux spécimens.



LICORNE
Déjà connue dans la Grèce antique, la licorne l'est surtout au Moyen Age qui voit la diffusion de son mythe comme animal bénéfique et salvateur. Dans les tapisseries et les enluminures médiévales, elle symbolise la pureté puisque, selon la légende, seule la présence d'une vierge permet de la capturer. Sa corne possède de précieuses propriétés thérapeutiques: elle offre un antidote à tout poison mortel. Dans l'œuvre de Saint Phalle qui représente une femme chevauchant une licorne, l'association avec la figure féminine va dans le sens de la force et de la prospérité plus que de la pureté comme dans l'iconographie médiévale originelle.


Au milieu de la salle, 
je m'arrête un instant, 
et regardant autour de moi je me dis que le ratio des visiteurs doit être de 1 homme pour 20 femmes, 
je ne me sens pas perdu car heureusement j'ai mon cousin avec moi, mais de peu. 
Les femmes, c'est plus sonore,
 c'est des "oh ! regarde !" soudain et des "ah ! elle est belle !" suivi de pleins d'acquiescements en écho 
ou bien des "moi j'aime bien celle-là !"  perçants, tous bien forts: 
il en résulte un bourdonnement plus haut que d'habitude. Mais sans intérêt. 
Par contre j'ai bien aimé cette exclamation: "Ces nanas, j'ai envie de les toucher" dit une femme juste à coté de moi, c'est ce que je pensais également: on a envie de faire un gros câlin à ces nanas ! de caresser cette surface si lisse si brillante, qui parait si douce, mais si un homme dit ça, ne va t on pas l'affubler - a minima - de pervers ? 

Je me garderais donc bien d'exprimer quoique ce soit à haute voix.
Et puis il y a l'œuvre là-bas qui me touche tout de même un peu:
Portrait de Marina, Arbre et Dragon, Éléphant et la dame et Le Repas du lion
1993 Résine polyester peinte, or ou argent, socle en miroir
NIKI CHARITABLE ART FOUNDATION

Une relation sereine et harmonieuse entre animaux et femmes est encore illustrée par les petites sculptures que Saint Phalle réalise en 1993: Portrait de Marina et Éléphant et la dame, deux saynètes où, aux côtés d'une figure féminine, veille un grand mammifère, rhinocéros ou éléphant, gardiens magiques à la fonction apotropaïque. Un sort inverse échoit aux deux hommes représentés dans les œuvres similaires que sont Le Repas du lion et Arbre et Dragon, déjà avalés ou destinés à être déchiquetés par des bêtes féroces et des monstres.

J'apprend (vous aussi peut-être) le terme "fonction apotropaïque"  ce qui conjure le mauvais sort, vise à détourner le danger et les influences maléfiques.

Et je vois sur ces quatre statuettes que deux sont des femmes en harmonie avec deux gros animaux et que des deux autres, l'une, un homme est en passe de faire le repas d'un dragon et que l'autre, et bien il est déjà dans le ventre du lion, ne reste que chemise et cravate ! Le message est clair, émanant du traumatisme de sa jeunesse.

Enfin. Passons. Voici un oiseau très imposant.

Oiseau Amoureux (La Nuit) 1990

L'exposition est appelée "Le bestiaire Magique", il faut tout de même que je vous en montre un peu:

Grand Chameau Vase en terre cuite.

L'art de Niki de Saint Phalle se manifeste tant dans les objets utilitaires (chameau-vase, pouf ou miroir serpent, lampe oiseau...), que dans de grandes sculptures. Elle ne s'embarrasse pas de la hiérarchie entre les arts, qui place souvent la peinture et la sculpture au sommet, et réalise de nombreux objets du quotidien, notamment pour financer et réaliser ses rêves de grandeur, comme le Jardin des Tarots débuté en 1979 à Capalbio, dans le sud de la Toscane.
L'attention accordée au bestiaire devient de plus en plus visible dans ses sculptures monumentales que l'artiste commence dès les années 1960 et qui prennent la forme d'animaux aux corps habitables. Cette << batisseuse de réves », comme elle aime s'autodéfinir, réalise de nombreux projets dans l'espace public comme un toboggan en forme de dragon à trois langues, Le Golem (1972), l'Arche de Noe (1994-2001) à Jérusalem, la sculpture The Sun God (1983) aux ailes déployées à San Diego, ou la fontaine Stravinsky à Paris (1983) peuplée d'oiseaux et d'autres créatures zoomorphes. Elle répond aussi à des commanditaires privés et réalise pour leurs enfants les aires de jeu Le Dragon (1973) en Belgique et Gila Monstre (1996-1997) à San Diego.
Les reliefs d'animaux présentés dans cette salle évoquent certaines de ces exubérantes pièces et constituent une sorte de recueil mental qui s'est constitué au fil du temps. Certains font partie de l'œuvre Remembering? (1997-1998) dédiée à Jean Tinguely, en souvenir de leur amour et de leur amitié.





Il a une tête bien sympathique ce serpent !

 A + !

Un bien meilleur article sur l'expo ici: 

Comme toujours l'écriture en italique et de cette couleur indique la retranscription d'un cartel, d'une explication donnée près de l'œuvre ou bien d'un extrait de livre d'un auteur mais certainement pas de moi.

mercredi 8 octobre 2025

NIKI DE SAINT PHALLE - DENONCIATIONS

 L'expo à coté de chez moi, vous n'y coupez pas, je vous la partage. L'hôtel de Caumont accueillait Niki de Saint Phalle.

L'exposition est appelée "Le bestiaire Magique"



De Saint Phalle m'a surpris dans la première salle, moi qui pensait y trouver ses gros éléments bien rebondis, ses grosses bonnes femmes très colorées aux détails gommés par la rondeurs des formes, j'étais face à des œuvres tourmentées, issues d'un travail minutieux, dont les formes globales aussi bien que les détails ont suscité en moi un sentiment d'horreur.

Extrait du panneau:

"Cette salle présente des œuvres de la fin des années 1950 et 1960, dans lesquelles l'artiste évoque des lieux imaginaires hantés de légendes féériques. Les héroïnes s'échappent des châteaux gardés par les monstres ou parfois apprivoisent les dragons. L'imagerie du Moyen Âge est omniprésente dans l'œuvre de Niki de Saint Phalle, qui est conquise par le monde obscur des récits populaires dans lequel la naissance des créatures monstrueuses constitue une rébellion contre l'ordre des choses établies. Les monstres et les dragons sont une source d'inspiration permanente pour l'artiste qui les considère comme une représentation de ses peurs."

J'ai un petit doute, entre le terme "légendes féériques" et celui de "représentation de ses peurs" j'en ressent comme une contradiction. Moi perso, j'aurais parlé de cauchemars et - mais peut-être me trompais-je - j'y verrais plus comme une dénonciation, exorcisation de son mal-être émanant du traumatisme vécu dans son enfance (lien clic !). Mais ça je ne l'ai pas lu dans l'expo (enfin je n'ai pas tout lu non plus...)
Voyez plutôt par vous même.



"Le Château du monstre et de la mariée
Vers 1956-1958
Huile et objets divers (ficelles, boutons, etc) sur toile
BÂLE, MUSÉE TINGUELY, DONATION CHRISTOPHE AEPPLI, UN ENGAGEMENT CULTUREL DE ROCHE

En décidant de devenir artiste, Niki de Saint Phalle a choisi un destin différent de celui qui l'aurait enfermée dans le rôle de mère et d'épouse. Elle déclare : << Est-ce que ce sont les châteaux de mon enfance qui m'ont inspirée les lieux imaginaires que je ferai plus tard, qui sembleraient sortir d'un conte de fées ? » Le titre Château du monstre et de la mariée évoque d'horribles créatures emprisonnées dans l'édifice et montre une jeune femme avec un voile de mariée tenu par une fillette hors de l'enceinte, libre. La princesse a vaincu le dragon et s'en va au loin."









Pink Nude with Dragon : Détail






"Pink Nude with Dragon 1958
Huile et objets divers (grains de café, perles, cailloux, fragments de porcelaine, couvercle) sur contreplaqué
HANOVRE, SPRENGEL MUSEUM HANNOVER

Pour Saint Phalle, les animaux sont le support de la pensée symbolique, comme ils l'étaient au Moyen Âge, et l'art est un moyen de les affronter Ici, un personnage féminin est au centre de la composition et tient en respect un dragon à la langue fourchue. Par sa taille, la femme domine le dragon et semble le tenir pacifiquement en laisse. L'artiste évoque pour cette ceuvre l'influence du tableau Saint Georges et le dragon (1507) de Vittore Carpaccio. D'autres récits font écho à cette scène, comme le conte de La Belle et la Bête, union improbable d'un monstre devenu gentil grâce à une jeune fille très courageuse et déterminée,


Monstre (dragon) 
1964
Collage, feutres et crayons de couleur sur papier
COLLECTION PARTICULIERE COURTESY GALERIE GEORGES, PHILIPPE ET NATHALIE VALLOIS.

"Les dragons de sa palette peuvent être verts (teinte que le Moyen Âge attribuait au diable lors des
croisades) ou rouges, comme celui présenté dans cette salle, couleur duale par excellence. Pour l'artiste, les véritables dragons sont intérieurs, comme geôliers d'une éclatante vertu expressive et dont la présence signifie la libération et l'émancipation de l'ombre."


"Monstre crocodile ou Le Monstre

1964
Assemblage de jouets en plastique
SAINT-CYPRIEN,COLLECTION PARTICULIERE"







































CI-DESSOUS
Femme éclatée,ou L'Accouchement du taureau
TIR 1963
Assemblage d'objets, plâtre, peinture, objets divers, grillage sur panneau de bois
HANOVRE SPRENGEL MUSEUM HANNOVER
Cette pièce est un des rares exemples de représentations de femmes parturientes dans l'histoire de l'art. Elle appartient à la série des « Accouchements », des portraits de femmes grimaçantes, puissantes et terribles avec un corps démesuré, les jambes tronquées et une petite tête. Cette couvre semble faire référence à Pasiphaé, la déesse grecque qui accouche du Minotaure, une créature à tête bovine et corps humain. La sculpture, dont les articulations déchirées lui donnent un aspect monstrueux, est tirée à la carabine et sa surface laisse apparaître des éclats de peinture.


Ici, la dénonciation est évidente : quand elle dit "personne ne faisait attention à nous" c'est bien des hommes qu'elle parle.

"La monstruosité dans l'œuvre de Niki de Saint Phalle peut prendre des formes bien diverses. Elle adopte l'apparence d'un dragon, d'un homme ou d'une femme, ou encore se niche dans l'intimité des émotions. Dès les tableaux-tirs des années 1960, qui vont lui apporter la reconnaissance internationale et lui permettre de rejoindre le groupe des Nouveaux Réalistes, l'artiste affronte ses tourments en faisant saigner les toiles, qui prennent parfois la forme de bêtes effrayantes ou d'humains, grâce à des assemblages d'objets divers recouverts de plâtre blanc. Naissent ainsi la série des <<< Mariées » et celle des « Accouchements >>, dénonçant la condition des femmes pendant des siècles, ainsi que plusieurs assemblages exprimant la violence de la société. Ayant grandi dans un milieu où la femme était cantonnée à un rôle d'épouse et de mère, Niki de Saint Phalle démontre que la laideur et la brutalité ne sont pas uniquement issues des créatures monstrueuses mais existent aussi et surtout dans le quotidien de la société patriarcale qu'elle dénonce. Les monstres peuvent prendre la forme de créatures inventées par l'homme comme Frankenstein (Be My Frankenstein, 1964), personnage de l'âge de la mécanisation et fruit d'un assemblage dù à des progrès scientifiques en conflit avec l'éthique."

Voilà pour cette première partie, et oui j'ai scindé l'article en deux car je voulais absolument y mettre les explications affichées entre les œuvres; si je mets tout, après c'est trop long ! J'espère que cette première partie sera donc plus digeste. 

À  + !

Comme toujours l'écriture en italique et de cette couleur indique la retranscription d'un cartel, d'une explication donnée près de l'œuvre ou bien d'un extrait de livre d'un auteur mais certainement pas de moi.

mercredi 14 août 2024

LE PAVILLON DE VENDÔME AUTOUR DE CHIHARU SHIOTA.

 Lorsque l'on visite l'expo de Chiharu Shiota, nous ne pouvons ne pas être charmés par le décor de l'écrin qu'offre le Pavillon de Vendôme.

Le pavillon semble juste posé sur l'herbe - étonnamment encore verte en cette saison - de son parc ponctué de topiaires.








Les atlantes assoiffés, l'un scrutant l'aurore, l'autre le crépuscule, et dont la blancheur de cette pierre blanche de Calissanne tranche avec la façade de pierre jaune des carrières de Bibémus,  paraissent impatients de  rafraichir leur front dans l'eau du bassin central agitée de poissons rouges.

 C'est en 1665 que Louis II de Vendôme, duc de Vendôme, duc de Mercœur, de Beaufort, de Penthièvre et d'Étampes, prince de Martigues et d'Anet, pair de France, petit-fils d'Henri IV et de Gabrielle d'Estrées, et neveu du cardinal Mazarin, par son mariage avec Laure Mancini, nommé en 1652 Gouverneur de Provence, c'est en 1665, disais-je, que ce monsieur faisait construire un pavillon d'un étage en dehors de la ville d'Aix-en-Provence.

La légende nous dit (et pourquoi ne pas la croire ? )  que le Duc, fort amoureux de la Belle du Canet, Madame veuve Lucrèce de Forbin-Soliés, fit construire un pavillon pour "y abriter ses amours": ce Pavillon Vendôme donc.

Amoureux au point de vouloir épouser sa Belle, la Cour n'y étant pas encline (ne me demander pas pourquoi, je n'ai pas trouvé, si vous pouvez m'éclairer...) lui fit proposer un poste de Cardinal. 


La suite:
"On ne dit point ce que devint la Belle du Canet; mais la tradition nous a conservé que le cardinal duc de Vendôme, retiré dans le pavillon qu’il avait fait bâtir au faubourg des Cordeliers, et qu’on nomme aujourd’hui le Pavillon de la Molle, y faisait introduire de nuit, par une porte de derrière, des personnes déguisées, que les paysans du faubourg appelaient malicieusement las machouettos. C’est là qu’il mourut le mardi 6 août 1669, à peine âgé de cinquante-sept ans, ce qui fit dire alors aux paysans: las machouettos an tua lou duc."

Buste d'Henri IV, Marbre polychrome, XVIII ème.





A sa mort, on vend le pavillon à l’avocat général Gautier de la Molle qui ferme les ouvertures du rez-de-chaussée, achève la décoration intérieure, ajoute un étage à l'ensemble et le couvre d'une toiture provençale en tuiles romaines. Le pavillon prend alors le nom de Pavillon de La Molle.

Flore ou l'Allégorie de l'Abondance XVIIème siècle. Plafond peint commandité par Jean-Baptiste Gautier de La Molle, avocat général, second propriétaire du Pavillon de 1687 à 1696. Ce décor peint a été découvert en 1953 occulté par un faux plafond.






Bien plus tard, en 1906, Henri Dobbler achète ce pavillon avec le parc et fait restaurer l’ensemble. Il en fait don à la ville d’Aix en 1941, sous condition que l’ensemble reste un lieu de culture et d’art. Ce que le Pavillon de Vendôme est depuis.


























L'écrin est incontestablement admirablement propice pour présenter les œuvres d'artiste et notamment ici pour Chiharu.





A + !

Quelques liens consultés:

mercredi 7 août 2024

AU-DELA DE LA CONSCIENCE AU PAVILLON DE VENDÔME. CHIHARU SHIOTA.

Chiharu Shiota expose à Aix-en Provence dans trois différents endroits: 

"Au Musée des Tapisseries, les fils rouges constituent un tunnel que le visiteur est invité à traverser, pouvant être protecteur ou oppressant. Une expérience à éprouver pour une transformation tel un cocon ou une chrysalide."

"A la Chapelle de la Visitation, dans l'installation monumentale Collecting Feelings, l'artiste insère dans cette pluie de fils rouges des lettres de remerciements- ou de gratitude collectées à travers le monde... "

"Au Musée du Pavillon de Vendôme, les différents salons dévoilent le panel des créations de l'artiste traversant toutes les périodes. Photographies, dessins, installations, sculptures en fils ou en verre, toiles brodées sont présentés."

Les surveillances d'examens  des Master de l'université qui pimentaient mes journées de juin me laissaient une heure ou deux entre elles. Ce jour-là j'avais donc une heure à tuer mais je ne suis pas méchant, je l'ai fait délicieusement et c'est au Pavillon de Vendôme à Aix-En-Provence où j'ai choisi d'aller.

C'est beau, c'est rouge, ou c'est noir, c'est éphémère (nous dit-on, mais quelques œuvres datent un peu).

C'est du fil de laine rouge, rouge parce qu'associé au flux sanguin et aux connexions humaines. Fil noir, au ciel nocturne ou au cosmos.

 Au-delà de la conscience. 

"Au-delà de la conscience, car toutes les œuvres de cette exposition traitent de processus dont nous ne sommes généralement pas conscients dans notre vie quotidienne, comme les mémoires universelles, la connectivité de tout et de tous, l'influence culturelle ou les processus dans notre corps."
Chiharu Shiota.





Connected to the Universe
2024
Fils sur toile : Thread on canvas
Courtesy Galerie Templon




























Endless line
2024
Fils sur toile / Thread on canvas
Courtesy Galerie Templon

On ne voit pas bien sur la photo mais imaginez tout ce fil qui se croise et s'entrecroise symboliquement sans fin formant tout ce réseau. Un travail très minutieux qui me fait penser aux grandes villes vues d'avion la nuit. En plus moi j'aime bien les triptyques.

Life Unknown
2023
Corde, filet,figurine en acier / rope, net, steel figure
Courtesy Galerie Templon

"Cette exposition explore la condition humaine et ce qui se cache derrière. Dans mon travail, j'essaie de trouver un sens à la vie, à la connexion et à la mort. Je m'inspire de mes émotions et de mes expériences, mais il ne s'agit pas seulement de moi. Nous pensons tous que nous traversons la vie seuls et que nous sommes les seuls à avoir certaines pensées et sentiments dans notre cœur, mais nous sommes connectés de plusieurs manières. Nos souvenirs sont une partie cruciale de notre identité..." Chiharu Shiota.

Glass
2024
Matériaux mixtes / mixed media
Courtesy Galerie Templon

State of Being
2024
Bronze, fil métallique / bronze, metal wire
Courtesy Galerie Templon



Earth end Blood
2014
c-print
Courtesy Galerie Templon

Glass
2024
Matériaux mixtes / mixed media
Courtesy Galerie Templon


Déjà exposé au Musée Guimet en 2022, « Living Inside », livre une réflexion sur l’enfermement en temps de pandémie. Le fil de laine ici, tisse une toile autour de chaque objet miniature; lits, chaises, tables, armoires, vaisseliers, téléviseurs, etc. 

Living Inside
2021
Matériaux mixtes / mixed media
Courtesy Galerie Templon






Dans le salon du rez-de-chaussée, une installation est très belle mais de près il est difficile d'apprécier l'ensemble: le salon est à mon avis trop petit.

Et difficile à expliquer. 
Out of my Body
2020
Cuir, bronze / leather, bronze
Courtesy Galerie Templon

Alors je m'en suis remis à ces quelques mots lus sur un site :
"Dans d’autres de ses œuvres, elle tente de capturer la sensation de partir, cette impression que le sol se dérobe sous nos pieds face à une nouvelle bouleversante. Elle y explore également la question de ce qui survient de la conscience humaine après la mort."


Un dernière œuvre :

From DNA to DNA
1994
c-print
Courtesy Galerie Templon


Les œuvres sont belles et, sauf les photographies assez dures visuellement, sont - presque - accessibles à tous. En tout cas le message de liens conscients et non conscients est très compréhensible, même aux enfants.

A + !


mercredi 21 février 2024

PALAZZO EN CARTON AU PALAIS.

L'excellente cousine a eu la bonne idée d'aller visiter cette expo d'Eva Jospin à Avignon. Bonne idée, car les œuvres sont originales et originalement exposées dans le palais des papes, que je n'ai d'ailleurs jamais vraiment visité. Cette expo se nomme Palazzo.

Eva Jospin - la fille d'un premier ministre de gouvernement de gauche des années 80 - 90, Lionel, député et premier secrétaire du parti socialiste avant que celui-ci ne parte à vau-l'eau et nous laisse sur le cul avec nos illusions perdues... Bref, Eva Jospin est une artiste plasticienne assez originale pour ses travaux en utilisant comme matériau le carton ondulé eh oui, il n'y a pas que les vaches ;)  Passons.

Surtout pas que ça mais ça surtout pour l'originalité. (c'est français ça ?  j'espère que vous m'avez compris).



Le palais des papes à Avignon se prête à merveille à l'exposition de ces sculptures monumentales, l'âpreté des murailles, l'absence ou l'effacement presque totale des fresques murales donnant un aspect délabré aux salles immenses s'accordent parfaitement au ton brun mat et uniforme du carton. Et on pourrait dire aussi l'inverse: l'aspect brun gris mat et uniforme des œuvres en carton se prêtent à merveille à l'austérité des lieux. Bref, l'un ne gêne aucunement l'autre.





J'ai trouvé admirables ces œuvres sur la nature notamment ces forêts. Cisèlements incroyables qui donnent naissance à des profondeurs en trompe-l'œil.

Et ces reliefs, artefacts de concrétion calcaire, d'effets mixés de stalac tites et mites, entrées de grottes mystérieuses démontrant le travail minutieux de l'artiste.



Utiliser le carton comme matériau n'est pas nouveau et puis le travail parait facile, à partir des plans droits et rigides, la sculpture est aisée: la matière n'est pas dure, de bons ciseaux, cutters suffisent. Ce qui est innovant par contre, outre la monumentale accumulation, c'est la façon assez originale, cette superposition de couches pour constituer des volumes conséquents qui relève autant de l'architecture de bâtiments que de l'observation de la nature. Et la dextérité de la ciseleuse.


Ce qui suit est aussi très imposant. 


Voilà, inutile de vous coller quelques photos de plus, il faut voir chaque installation de près, tourner autour pour en découvrir tous les nombreux détails. Et puis se rendre compte que chaque "monument" nous amène à un questionnement sur la possibilité d'un conte, d'une légende, d'une histoire comme on aime; dramatique ou surnaturelle, fantaisiste ou romantique, etc. selon nos goûts perso, s'imaginer l'aventure et explorer le centre de la terre avec Hans et l'oncle Lidenbrock:
"Le lendemain, à mon réveil, je regardai autour de moi. Ma couchette, faite de toutes les couvertures de voyage, se trouvait installée dans une grotte charmante, ornée de magnifiques stalagmites, et dont le sol était recouvert d’un sable fin. Il y régnait une demi-obscurité. Aucune torche, aucune lampe n’était allumée, et cependant certaines clartés inexplicables venaient du dehors en pénétrant par une étroite ouverture de la grotte. J’entendais aussi un murmure vague et indéfini, semblable au gémissement des flots qui se brisent sur une grève, et parfois les sifflements de la brise.
Je me demandai si j’étais bien éveillé, si je rêvais encore, si mon cerveau, fêlé dans ma chute, ne percevait pas des bruits purement imaginaires."  (Au centre de la terre de Jules Verne (s???))

Ou bien appréhendant les complots du Grand Forestier, s'imaginer l'inquiétude,  en spectateur attentif en compagnie d'Othon et de son frère à voir surgir de sombres temps proches:
"Et les morts comme si les limbes s'étaient ouvertes, surgissaient invisiblement. Ils nous environnent dès que notre regard se pose avec amour sur une terre à l'antique cuture, et tout comme leur héritage est vivant dans la pierre et dans le sillon, leur âme très ancienne est présente sur les terres et les campagnes" (Sur les falaises de marbres d'Ernst Jünger)

 Comme titre Eva Jospin, une échappée.

A + !