Rechercher dans ce blog

Affichage des articles dont le libellé est art moderne. Afficher tous les articles
Affichage des articles dont le libellé est art moderne. Afficher tous les articles

mercredi 14 août 2024

LE PAVILLON DE VENDÔME AUTOUR DE CHIHARU SHIOTA.

 Lorsque l'on visite l'expo de Chiharu Shiota, nous ne pouvons ne pas être charmés par le décor de l'écrin qu'offre le Pavillon de Vendôme.

Le pavillon semble juste posé sur l'herbe - étonnamment encore verte en cette saison - de son parc ponctué de topiaires.








Les atlantes assoiffés, l'un scrutant l'aurore, l'autre le crépuscule, et dont la blancheur de cette pierre blanche de Calissanne tranche avec la façade de pierre jaune des carrières de Bibémus,  paraissent impatients de  rafraichir leur front dans l'eau du bassin central agitée de poissons rouges.

 C'est en 1665 que Louis II de Vendôme, duc de Vendôme, duc de Mercœur, de Beaufort, de Penthièvre et d'Étampes, prince de Martigues et d'Anet, pair de France, petit-fils d'Henri IV et de Gabrielle d'Estrées, et neveu du cardinal Mazarin, par son mariage avec Laure Mancini, nommé en 1652 Gouverneur de Provence, c'est en 1665, disais-je, que ce monsieur faisait construire un pavillon d'un étage en dehors de la ville d'Aix-en-Provence.

La légende nous dit (et pourquoi ne pas la croire ? )  que le Duc, fort amoureux de la Belle du Canet, Madame veuve Lucrèce de Forbin-Soliés, fit construire un pavillon pour "y abriter ses amours": ce Pavillon Vendôme donc.

Amoureux au point de vouloir épouser sa Belle, la Cour n'y étant pas encline (ne me demander pas pourquoi, je n'ai pas trouvé, si vous pouvez m'éclairer...) lui fit proposer un poste de Cardinal. 


La suite:
"On ne dit point ce que devint la Belle du Canet; mais la tradition nous a conservé que le cardinal duc de Vendôme, retiré dans le pavillon qu’il avait fait bâtir au faubourg des Cordeliers, et qu’on nomme aujourd’hui le Pavillon de la Molle, y faisait introduire de nuit, par une porte de derrière, des personnes déguisées, que les paysans du faubourg appelaient malicieusement las machouettos. C’est là qu’il mourut le mardi 6 août 1669, à peine âgé de cinquante-sept ans, ce qui fit dire alors aux paysans: las machouettos an tua lou duc."

Buste d'Henri IV, Marbre polychrome, XVIII ème.





A sa mort, on vend le pavillon à l’avocat général Gautier de la Molle qui ferme les ouvertures du rez-de-chaussée, achève la décoration intérieure, ajoute un étage à l'ensemble et le couvre d'une toiture provençale en tuiles romaines. Le pavillon prend alors le nom de Pavillon de La Molle.

Flore ou l'Allégorie de l'Abondance XVIIème siècle. Plafond peint commandité par Jean-Baptiste Gautier de La Molle, avocat général, second propriétaire du Pavillon de 1687 à 1696. Ce décor peint a été découvert en 1953 occulté par un faux plafond.






Bien plus tard, en 1906, Henri Dobbler achète ce pavillon avec le parc et fait restaurer l’ensemble. Il en fait don à la ville d’Aix en 1941, sous condition que l’ensemble reste un lieu de culture et d’art. Ce que le Pavillon de Vendôme est depuis.


























L'écrin est incontestablement admirablement propice pour présenter les œuvres d'artiste et notamment ici pour Chiharu.





A + !

Quelques liens consultés:

mercredi 7 août 2024

AU-DELA DE LA CONSCIENCE AU PAVILLON DE VENDÔME. CHIHARU SHIOTA.

Chiharu Shiota expose à Aix-en Provence dans trois différents endroits: 

"Au Musée des Tapisseries, les fils rouges constituent un tunnel que le visiteur est invité à traverser, pouvant être protecteur ou oppressant. Une expérience à éprouver pour une transformation tel un cocon ou une chrysalide."

"A la Chapelle de la Visitation, dans l'installation monumentale Collecting Feelings, l'artiste insère dans cette pluie de fils rouges des lettres de remerciements- ou de gratitude collectées à travers le monde... "

"Au Musée du Pavillon de Vendôme, les différents salons dévoilent le panel des créations de l'artiste traversant toutes les périodes. Photographies, dessins, installations, sculptures en fils ou en verre, toiles brodées sont présentés."

Les surveillances d'examens  des Master de l'université qui pimentaient mes journées de juin me laissaient une heure ou deux entre elles. Ce jour-là j'avais donc une heure à tuer mais je ne suis pas méchant, je l'ai fait délicieusement et c'est au Pavillon de Vendôme à Aix-En-Provence où j'ai choisi d'aller.

C'est beau, c'est rouge, ou c'est noir, c'est éphémère (nous dit-on, mais quelques œuvres datent un peu).

C'est du fil de laine rouge, rouge parce qu'associé au flux sanguin et aux connexions humaines. Fil noir, au ciel nocturne ou au cosmos.

 Au-delà de la conscience. 

"Au-delà de la conscience, car toutes les œuvres de cette exposition traitent de processus dont nous ne sommes généralement pas conscients dans notre vie quotidienne, comme les mémoires universelles, la connectivité de tout et de tous, l'influence culturelle ou les processus dans notre corps."
Chiharu Shiota.





Connected to the Universe
2024
Fils sur toile : Thread on canvas
Courtesy Galerie Templon




























Endless line
2024
Fils sur toile / Thread on canvas
Courtesy Galerie Templon

On ne voit pas bien sur la photo mais imaginez tout ce fil qui se croise et s'entrecroise symboliquement sans fin formant tout ce réseau. Un travail très minutieux qui me fait penser aux grandes villes vues d'avion la nuit. En plus moi j'aime bien les triptyques.

Life Unknown
2023
Corde, filet,figurine en acier / rope, net, steel figure
Courtesy Galerie Templon

"Cette exposition explore la condition humaine et ce qui se cache derrière. Dans mon travail, j'essaie de trouver un sens à la vie, à la connexion et à la mort. Je m'inspire de mes émotions et de mes expériences, mais il ne s'agit pas seulement de moi. Nous pensons tous que nous traversons la vie seuls et que nous sommes les seuls à avoir certaines pensées et sentiments dans notre cœur, mais nous sommes connectés de plusieurs manières. Nos souvenirs sont une partie cruciale de notre identité..." Chiharu Shiota.

Glass
2024
Matériaux mixtes / mixed media
Courtesy Galerie Templon

State of Being
2024
Bronze, fil métallique / bronze, metal wire
Courtesy Galerie Templon



Earth end Blood
2014
c-print
Courtesy Galerie Templon

Glass
2024
Matériaux mixtes / mixed media
Courtesy Galerie Templon


Déjà exposé au Musée Guimet en 2022, « Living Inside », livre une réflexion sur l’enfermement en temps de pandémie. Le fil de laine ici, tisse une toile autour de chaque objet miniature; lits, chaises, tables, armoires, vaisseliers, téléviseurs, etc. 

Living Inside
2021
Matériaux mixtes / mixed media
Courtesy Galerie Templon






Dans le salon du rez-de-chaussée, une installation est très belle mais de près il est difficile d'apprécier l'ensemble: le salon est à mon avis trop petit.

Et difficile à expliquer. 
Out of my Body
2020
Cuir, bronze / leather, bronze
Courtesy Galerie Templon

Alors je m'en suis remis à ces quelques mots lus sur un site :
"Dans d’autres de ses œuvres, elle tente de capturer la sensation de partir, cette impression que le sol se dérobe sous nos pieds face à une nouvelle bouleversante. Elle y explore également la question de ce qui survient de la conscience humaine après la mort."


Un dernière œuvre :

From DNA to DNA
1994
c-print
Courtesy Galerie Templon


Les œuvres sont belles et, sauf les photographies assez dures visuellement, sont - presque - accessibles à tous. En tout cas le message de liens conscients et non conscients est très compréhensible, même aux enfants.

A + !


mercredi 21 février 2024

PALAZZO EN CARTON AU PALAIS.

L'excellente cousine a eu la bonne idée d'aller visiter cette expo d'Eva Jospin à Avignon. Bonne idée, car les œuvres sont originales et originalement exposées dans le palais des papes, que je n'ai d'ailleurs jamais vraiment visité. Cette expo se nomme Palazzo.

Eva Jospin - la fille d'un premier ministre de gouvernement de gauche des années 80 - 90, Lionel, député et premier secrétaire du parti socialiste avant que celui-ci ne parte à vau-l'eau et nous laisse sur le cul avec nos illusions perdues... Bref, Eva Jospin est une artiste plasticienne assez originale pour ses travaux en utilisant comme matériau le carton ondulé eh oui, il n'y a pas que les vaches ;)  Passons.

Surtout pas que ça mais ça surtout pour l'originalité. (c'est français ça ?  j'espère que vous m'avez compris).



Le palais des papes à Avignon se prête à merveille à l'exposition de ces sculptures monumentales, l'âpreté des murailles, l'absence ou l'effacement presque totale des fresques murales donnant un aspect délabré aux salles immenses s'accordent parfaitement au ton brun mat et uniforme du carton. Et on pourrait dire aussi l'inverse: l'aspect brun gris mat et uniforme des œuvres en carton se prêtent à merveille à l'austérité des lieux. Bref, l'un ne gêne aucunement l'autre.





J'ai trouvé admirables ces œuvres sur la nature notamment ces forêts. Cisèlements incroyables qui donnent naissance à des profondeurs en trompe-l'œil.

Et ces reliefs, artefacts de concrétion calcaire, d'effets mixés de stalac tites et mites, entrées de grottes mystérieuses démontrant le travail minutieux de l'artiste.



Utiliser le carton comme matériau n'est pas nouveau et puis le travail parait facile, à partir des plans droits et rigides, la sculpture est aisée: la matière n'est pas dure, de bons ciseaux, cutters suffisent. Ce qui est innovant par contre, outre la monumentale accumulation, c'est la façon assez originale, cette superposition de couches pour constituer des volumes conséquents qui relève autant de l'architecture de bâtiments que de l'observation de la nature. Et la dextérité de la ciseleuse.


Ce qui suit est aussi très imposant. 


Voilà, inutile de vous coller quelques photos de plus, il faut voir chaque installation de près, tourner autour pour en découvrir tous les nombreux détails. Et puis se rendre compte que chaque "monument" nous amène à un questionnement sur la possibilité d'un conte, d'une légende, d'une histoire comme on aime; dramatique ou surnaturelle, fantaisiste ou romantique, etc. selon nos goûts perso, s'imaginer l'aventure et explorer le centre de la terre avec Hans et l'oncle Lidenbrock:
"Le lendemain, à mon réveil, je regardai autour de moi. Ma couchette, faite de toutes les couvertures de voyage, se trouvait installée dans une grotte charmante, ornée de magnifiques stalagmites, et dont le sol était recouvert d’un sable fin. Il y régnait une demi-obscurité. Aucune torche, aucune lampe n’était allumée, et cependant certaines clartés inexplicables venaient du dehors en pénétrant par une étroite ouverture de la grotte. J’entendais aussi un murmure vague et indéfini, semblable au gémissement des flots qui se brisent sur une grève, et parfois les sifflements de la brise.
Je me demandai si j’étais bien éveillé, si je rêvais encore, si mon cerveau, fêlé dans ma chute, ne percevait pas des bruits purement imaginaires."  (Au centre de la terre de Jules Verne (s???))

Ou bien appréhendant les complots du Grand Forestier, s'imaginer l'inquiétude,  en spectateur attentif en compagnie d'Othon et de son frère à voir surgir de sombres temps proches:
"Et les morts comme si les limbes s'étaient ouvertes, surgissaient invisiblement. Ils nous environnent dès que notre regard se pose avec amour sur une terre à l'antique cuture, et tout comme leur héritage est vivant dans la pierre et dans le sillon, leur âme très ancienne est présente sur les terres et les campagnes" (Sur les falaises de marbres d'Ernst Jünger)

 Comme titre Eva Jospin, une échappée.

A + !

mercredi 31 janvier 2024

DES LUMIERES DANS LES CARRIERES.

 Un village très touristique au point de n'être guère plus habité vraiment - je dirais même que l'hiver  y a dégun - situé dans les Alpilles - donc en hiver ça caille - au flanc des ruines d'un château, s'appelle les Baux de Provence. C'est toujours un plaisir d'aller le visiter pour ses petites échoppes artisanales - boire un vin chaud - et puis aussi pour les Carrières Des Lumières, surtout si les artistes exposés sont à notre goût. 

Ces carrières, où on extrayait une belle pierre blanche, d'abord utilisée pour la construction du 
Château et de la Cité des Baux puis pour servir aux constructions alentours pour la région, puis ces vastes carrières ont été reconverties en spectacle multimédia. 


On y projette des œuvres de peintres (le plus souvent mais pas que) sur  les façades intérieures, hautes de 14 mètres, plongeant ainsi le visiteur dans une exposition  totalement immersive.

Cet été, il y avait les maîtres hollandais: de Vermeer à Van Gogh et également Mondrian. Voici.






Mondrian: 

Mondrian, dans mon classement à moi, c'est un peu comme Klein: il a eu une révélation, on s'en est réjouit, et il s'est dit tiens ça va me faire du blé ce truc, je vais t'en faire une série. Pas bête. Mais je suis un peu méchant, il n'a pas fait que ça mais c'est toujours les même choses qu'on nous donne à voir. C'est certain ça rend vachement bien ici, bien que Mondrian pour moi, c'est comme la tarte tropézienne:  une fois y avoir gouté, on s'en lasse assez vite, alors il faut y revenir mais pas trop vite.



Et puis heureusement il y avait les peintres hollandais ! un vrai festival.

En commençant par Vermeer

"La Ruelle"

"L'Art de la peinture", La Dentellière et la servante dans "Femme écrivant une lettre et sa servante"

"La Jeune Fille au verre de vin" et "La Laitière"

"La Laitière" et "Le Verre De Vin"

"La Jeune Fille à la perle"

Et un petit détour chez Bartholomeus van Bassen :
"Intérieur d’une église"


En passant par Rembrandt
"Le Retour du fils prodigue" et "Bethsabée tenant la lettre du roi David"

Des portraits

En passant aussi par Hendrik Cornelisz Vroom et ses marines.
Au centre : "Arrivée d’un trois-mâts hollandais au château de Kronborg, Helsingør"



Et je terminerais  par Van Gogh

"Les Terrasses des cafés le soir"

"La nuit étoilée"

"La nuit étoilé"

"Autoportrait"

"Les tournesols"

"La nuit étoilée"
Sur cette dernière photo on se rend mieux compte de l'ampleur des projections où nous sommes tous immergés, les salles étant assez vastes pour ne pas se gêner. 

Voilà la nuit est tombée ;)    
A + !