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mercredi 27 novembre 2019

De passage à Palerme, invitation pour visiter.

Saison des pluies ! 
La Via Cappuccini que l'on veut remonter est inondée par un courant d'eau de pluie qui la dévale et risque de déborder sur le trottoir, en mauvais état.
Coincés par ce petit torrent, hésitants, nous nous apprêtions, plus par manque d'imagination à trouver une meilleure solution plutôt que par courage, y noyer nos chaussures et y glacer nos pieds.
Quand, d'une petite Fiat Uno rouge, un gros monsieur nous interpella avec de grand gestes de son bras tout entier sorti de la petite portière.
Quelques No ! No ! No ! Suivis d'une tirade que seuls les Italiens peuvent déclamer – mais efficace car nous comprîmes illico que s'engager plus avant dans cette rue n'était pas une bonne idée et qu'il fallait passer par là (fallait suivre son doigt à droite).

Un torrent nous séparant, moi et le Monsieur à la Uno rouge, je ne puis assouvir l'envie de le serrer dans mes bras pour le remercier ! Il nous avait tiré d'un mauvais pas.

Aprés avoir marché un peu plus longtemps mais au sec, en passant par le Corso Calatafimi,
La pluie s'arrète, jolie vue d'une entrée , Corso Calatafimi.


Nous y arrivâmes enfin, la pluie avait cessée, nous avions gardé nos imperméables et nos parapluies.

Bienvenue !




Ainsi écrivait Guy de Maupassant:

"    Qu'est-ce que cela ? Si on le demande à un habitant de Palerme, il répond avec dégoût : « N'allez pas voir cette horreur. C'est une chose affreuse, sauvage, qui ne tardera pas à disparaître, heureusement. D'ailleurs on n'enterre plus là-dedans depuis plusieurs années. » Il est difficile d'obtenir des renseignements plus détaillés et plus précis, tant la plupart des Siciliens semblent éprouver d'horreur pour ces extraordinaires catacombes.
    Voici pourtant ce que je finis par apprendre. La terre sur laquelle est bâti le couvent des Capucins possède la singulière propriété d'activer si fort la décomposition de la chair morte, qu'en un an, il ne reste plus rien sur les os, qu'un peu de peau noire, séchée, collée et qui garde, parfois, les poils de la barbe et des joues. On enferme donc les cercueils en de petits caveaux latéraux qui contiennent chacun huit ou dix trépassés, et l'année finie, on ouvre la bière, d'où l'on en retire la momie, momie effroyable, barbue, convulsée, qui semble hurler, qui semble travaillée par d'horribles douleurs. Puis on la suspend dans une des galeries principales, où la famille vient la visiter de temps en temps. Les gens qui voulaient être conservés par cette méthode de séchage le demandaient avant leur mort, et ils resteront éternellement alignés sous ces voûtes sombres, à la façon des objets qu'on garde dans les musées, moyennant une rétribution annuelle versée par les parents. Si les parents cessent de payer, on enfouit tout simplement le défunt, à la manière ordinaire.



    J'ai voulu visiter aussitôt cette sinistre collection de trépassés.
    A la porte d'un petit couvent d'aspect modeste, un vieux capucin, en robe brune, me reçoit et il me précède sans dire un mot, sachant bien ce que veulent voir les étrangers qui viennent en ce lieu.
    Nous traversons une pauvre chapelle et nous descendons lentement un large escalier de pierre. Et tout à coup, j'aperçois devant nous une immense galerie, large et haute, dont les murs portent tout un peuple de squelettes habillés d'une façon bizarre et grotesque. Les uns sont pendus en l'air côte à côte, les autres couchés sur cinq tablettes de pierre, superposées depuis le sol jusqu'au plafond. Une ligne de morts est debout par terre, une ligne compacte, dont les têtes affreuses semblent parler. Les unes sont rongées par des végétations hideuses qui déforment davantage encore les mâchoires et les os, les autres ont gardé leurs cheveux, d'autres un bout de moustache, d'autres une mèche de barbe.
    Celles-ci regardent en l'air de leurs yeux vides, celles-là en bas ; en voici qui semblent rire atrocement, en voilà qui sont tordues par la douleur, toutes paraissent affolées par une épouvante surhumaine.



    Et ils sont vêtus, ces morts, ces pauvres morts hideux et ridicules, vêtus par leur famille qui les a tirés du cercueil pour leur faire prendre place dans cette effroyable assemblée. Ils ont, presque tous, des espèces de robes noires dont le capuchon parfois est ramené sur la tête. Mais il en est qu'on a voulu habiller plus somptueusement et le misérable squelette, coiffé d'un bonnet grec à broderies et enveloppé d'une robe de chambre de rentier riche, étendu sur le dos, semble dormir d'un sommeil terrifiant et comique.
    Une pancarte d'aveugle, pendue à leur cou, porte leur nom et la date de leur mort. Ces dates font passer des frissons dans les os. On lit : 1880-1881-1882.
    Voici donc un homme, ce qui était un homme, il y a huit ans ? Cela vivait, riait, parlait, mangeait, buvait, était plein de joie et d'espoir. Et le voilà ! Devant cette double ligne d'êtres innombrables, des cercueils et des caisses sont entassées, des cercueils de luxe en bois noir, avec des ornements de cuivre et de petits carreaux pour voir dedans. On croirait que ce sont des malles, des valises de sauvages achetées en quelque bazar par ceux qui partent pour le grand voyage, comme on aurait dit autrefois.







"Côté Enfants"

    Mais d'autres galeries s'ouvrent à droite et à gauche, prolongeant indéfiniment cet immense cimetière souterrain. Voici les femmes plus burlesques encore que les hommes, car on les a parées avec coquetterie. Les têtes vous regardent, serrées en des bonnets à dentelles et à rubans, d'une blancheur de neige autour de ces visages noirs, pourris, rongés par l'étrange travail de la terre. Les mains, pareilles à des racines d'arbres coupées, sortent des manches de la robe neuve, et les bas semblent vides qui enferment les os des jambes. Quelquefois le mort ne porte que des souliers, de grands, grands souliers pour ces pauvres pieds secs.
    Voici les jeunes filles, les hideuses jeunes filles, en leur parure blanche, portant autour du front une couronne de métal, symbole de l'innocence. On dirait des vieilles, très vieilles, tant elles grimacent. Elles ont seize ans, dix-huit ans, vingt ans. Quelle horreur !



    Mais nous arrivons dans une galerie pleine de petits cercueils de verre - ce sont les enfants. Les os, à peine durs, n'ont pas pu résister. Et on ne sait pas bien ce qu'on voit, tant ils sont déformés, écrasés et affreux, les misérables gamins. Mais les larmes vous montent aux yeux, car les mères les ont vêtus avec les petits costumes qu'ils portaient aux derniers jours de leur vie. Et elles viennent les revoir ainsi, leurs enfants !
    Souvent, à côté du cadavre, est suspendue une photographie, qui le montre tel qu'il était, et rien n'est plus saisissant, plus terrifiant que ce contraste, que ce rapprochement, que les idées éveillées en nous par cette comparaison.


    Nous traversons une galerie plus sombre, plus basse, qui semble réservée aux pauvres. Dans un coin noir, ils sont une vingtaine ensemble, suspendus sous une lucarne, qui leur jette l'air du dehors par grands souffles brusques. Ils sont vêtus d'une sorte de toile noire nouée aux pieds et au cou, et penchés les uns sur les autres. On dirait qu'ils grelottent, qu'ils veulent se sauver, qu'ils crient : « Au secours ! » On croirait l'équipage noyé de quelque navire, battu encore par le vent, enveloppé de la toile brune et goudronnée que les matelots portent dans les tempêtes, et toujours secoués par la terreur du dernier instant quand la mer les a saisis.
    Voici le quartier des prêtres. Une grande galerie d'honneur ! Au premier regard, ils semblent plus terribles à voir que les autres, couverts ainsi de leurs ornements sacrés, noirs, rouges et violets. Mais en les considérant l'un après l'autre, un rire nerveux et irrésistible vous saisit devant leurs attitudes bizarres et sinistrement comiques. En voici qui chantent ; en voilà qui prient. On leur a levé la tête et croisé les mains. Ils sont coiffés de la barrette de l'officiant qui, posée au sommet de leur front décharné, tantôt se penche sur l'oreille d'une façon badine, tantôt leur tombe jusqu'au nez. C'est le carnaval de la mort que rend plus burlesque la richesse dorée des costumes sacerdotaux.
    De temps en temps, parait-il, une tête roule à terre, les attaches du cou ayant été rongées par les souris. Des milliers de souris vivent dans ce charnier humain. On me montre un homme mort en 1882. Quelques mois auparavant gai et bien portant, il était venu choisir sa place, accompagné d'un ami :
    - Je serai là, disait-il, et il riait.
    L'ami revient seul maintenant et regarde pendant des heures entières le squelette immobile, debout à l'endroit indiqué.
    En certains jours de fête, les catacombes des Capucins sont ouvertes à la foule. Un ivrogne s'endormit une fois en ce lieu et se réveilla au milieu de la nuit, il appela, hurla, éperdu d'épouvante, courut de tous les côtés, cherchant à fuir. Mais personne ne l'entendit. On le trouva au matin, tellement cramponné aux barreaux de la grille d'entrée, qu'il fallut de longs efforts pour l'en détacher. Il était fou.
    Depuis ce jour, on a suspendu une grosse cloche près de la porte."


Ainsi décrivait Mr De Maupassant, en 1886; le lieu n'a guère changé, certainement plus propre et mieux "rangé" mais tout aussi morbide et ... payant !

A + !



mercredi 20 novembre 2019

Plaza Mayor à Madrid

Un lieu qui m'a particulièrement surpris à madrid est la place Mayor.

Complètement ceinte de bâtiments à l'enduit rouge, elle a au centre, une statue equestre de Philippe III .

Mais là n'est pas l’intérêt. Enfin si peut-être pour ceux qui aime les chevaux...ou l'Histoire Espagnole.




Cliquez pour mieux voir

Un bâtiment de 4 étages, La Maison de la Boulangerie y fait tout son effet.

Inaugurée en 1619 elle était faite de bois à l'époque. Dans les premiers temps, cette bâtisse abritait la boulangerie principale de Madrid ainsi que la très puissante guilde des boulangers. Cette corporation était notamment en charge de fixer le prix du grain pour tout le pays.

Dans les années 1670, la Casa fut détruite, et la construction primitive, le sous-sol et le rez-de-chaussée et ses arcades ont été préservés. Tomás Román eut la charge de la reconstruire. Il demanda à des peintres de s'occuper de la décoration intérieure mais également des façades.

Mais les façades actuelles ne sont pas de cette époque. Les fresques présentes aujourd'hui sur la façade datent de 1992.




Les peintres de Carlos Franco se sont inspirés de personnages mythologiques liés à l'histoire de Madrid. 

Sur le premier étage on peut voir une Nymphe, un Faune de l'Eau, des enfants maintenant une jarrre,un Torero et  Bacchus et aussi des motifs paysagers et d'arbres fruitiers sur le haut des balcons.







Au deuxième étage, un Dieu aquatique, un ange qui laboure, Abundia (ange de la prospérité) tenant un arbousier et un ours cueillant le fruit, un Cupidon, un ermite et la déesse Cybèle. À cet étage, les balcons sont surmontés d'un singe et d'un poisson.                                                                                                                                                  
 

Le troisième étage il y a différentes cariatides qui symbolisent l'amour de la nuit, l'amour du savoir et l'amour de la vie et de ses opposés, la peur de la mort, la peur de l'ignorance et la peur de la nuit. Les balcons de cet étage sont décorés d'un motif ornithologique.
 


De chaque coté, les tours ont également de belles fresques: à voir ! A +!




mercredi 13 novembre 2019

Mon ventre vous parle, la Chocolateria San Gines.


 Et c'est bien mon ventre qui m'a conduit jusqu'à la Chocolaterie San Gines, on lui a tellement vanté le lieu !

Parce que sinon, moi, devant la queue pour entrer, j'aurais fait demi-tour: l'adresse est hyper connue, et la foule abonde.


Mais bon;  Après un  quart d’heure d'attente, arrive notre tour... de commander.

 

 Puis une petite attente encore car pas de place de libre, sinon debout. La police m'interpelle, excessivement agressive, pas de photo ! retirer les photos ! humm ça sent le délit de gourmandise ça ! bon je floute.
(ne pas choisir la salle du sous sol: on y transpire trop - et pire avec un chocolat chaud)


Enfin un serveur nous emmène dans la petite salle.
La Chocolaterie est considérée comme la plus ancienne de Madrid (1894), ouverte en 1890 comme auberge.
Comme le dit le site Es Madrid;  Ouverte jusqu'à des heures avancées de la nuit, elle attirait les bons vivants, noctambules, intellectuels et noceurs, ainsi que de nombreux artistes, acteurs de cinéma, comédiens, poètes et écrivains qui s’y rencontraient. 

Aujourd’hui, ouverte 24/24, elle ne désemplit pas.

Le décor est très joli et reste sobre, il devait y avoir une ambiance peut-être plus cosy, avant l'arrivée massive des touristes, mais là, maintenant, l’endroit est bruyant, trop.



De nombreuses photos en noir et blanc attestent de la venue de personnalités.


Quoiqu'il en soit le chocolat est délicieux et les churros pas moins.

Mais fallait-il perdre tant de temps pour ça ? il y a beaucoup de bons chocolats & churros à Madrid !
Ah ! mon ventre me perdra.

A + !

mercredi 6 novembre 2019

D’un seul coup d’œil et aussi loin que perce le regard des anges

Les statues dans Madrid ont une place importante, elles sont nombreuses et beaucoup sont étonnantes.
Je ne vous montrerais pas les plus connues, que vous pourrez les trouvez là,https://www.esmadrid.com/fr/statues-madrid
Buste devant le CSIC (Casa de papel pour les fans)

 
Femme au miroir, Botero
Buste devant le CSIC (Casa de papel pour les fans)

mais je m’attarderais sur celle que je ne voulais absolument pas rater: L'Ange Déchu.
Mes photos ne sont pas très bonnes et les détails sont mieux visibles si on clique dessus.

Au centre d'une fontaine située dans le parc du Retiro, cette sculpture représente l'Ange Déchu au moment de son expulsion du Paradis.

C'est une œuvre de Ricardo Bellver.

D'après Wiki, alors qu'il était un pensionné de 3e année à Rome, il la créa en plâtre en 1877 inspiré par des vers de Paradise Lost of John Milton (Chant I). Il le soumit à l'édition de 1877 des Exposiciones Nacionales de Bellas Artes où il reçut le premier prix.  L'État a acquis l'œuvre et l'a présentée à l'exposition universelle de 1878. Comme seules les œuvres en marbre et en bronze ont été acceptées, la statue a été coulée en bronze à cette occasion et le plâtre original détruit. 


El paraíso perdido – Paradise Lost
Le Paradis perdu
John Milton
Chant I
« D’un seul coup d’œil et aussi loin que perce le regard des anges, il voit le lieu triste dévasté et désert : ce donjon horrible, arrondi de toutes parts, comme une grande fournaise flamboyait. De ces flammes point de lumière ! mais des ténèbres visibles servent seulement à découvrir des vues de malheur ; régions de chagrin, obscurité plaintive, où la paix, où le repos, ne peuvent jamais habiter, l’espérance jamais venir, elle qui vient à tous ! mais là des supplices sans fin, là un déluge de feu, nourri d’un soufre qui brûle sans se consumer.
Tel est le lieu que l’éternelle justice prépara pour ces rebelles ; ici elle ordonna leur prison dans les ténèbres extérieures ; elle leur fit cette part trois fois aussi éloignée de Dieu et de la lumière du ciel, que le centre de la création l’est du pôle le plus élevé. Oh ! combien cette demeure ressemble peu à celle d’où ils tombèrent !
Là bientôt l’archange discerne les compagnons de sa chute, ensevelis dans les flots et les tourbillons d’une tempête de feu. L’un d’eux se vautrait parmi les flammes à ses côtés, le premier en pouvoir après lui et le plus proche en crime : longtemps après connu en Palestine, il fut appelé Béelzébuth. Le grand ennemi (pour cela nommé Satan dans le ciel), rompant par ces fières paroles l’horrible silence, commence ainsi :
« Si tu es celui… Mais combien déchu, combien différent de celui qui, revêtu d’un éclat transcendant parmi les heureux du royaume de la lumière, surpassait en splendeur des myriades de brillants esprits !… Si tu es celui qu’une mutuelle ligue, qu’une seule pensée, qu’un même conseil, qu’une semblable espérance, qu’un péril égal dans une entreprise glorieuse, unirent jadis avec moi et qu’un malheur égal unit à présent dans une égale ruine, tu vois de quelle hauteur, dans quel abîme, nous sommes tombés ! tant il se montra le plus puissant avec son tonnerre ! Mais qui jusqu’alors avait connu l’effet de ces armes terribles ! Toutefois, malgré ces foudres, malgré tout ce que le vainqueur dans sa rage peut encore m’infliger, je ne me repens point, je ne change point : rien (quoique changé dans mon éclat extérieur) ne changera cet esprit fixe, ce haut dédain né de la conscience du mérite offensé, cet esprit qui me porta à m’élever contre le plus Puissant, entraînant dans ce conflit furieux la force innombrable d’esprits armés qui osèrent mépriser sa domination : ils me préférèrent à lui, opposant à son pouvoir suprême un pouvoir contraire ; et dans une bataille indécise, au milieu des plaines du ciel, ils ébranlèrent son trône… »
John Milton
1608 – 1674
Le Paradis perdu
Traduction par François-René de Chateaubriand.
 Renault et Cie, 1861
pp. 1-21
Rares sont les représentation de Lucifer et donc celle-ci, je ne voulais pas la rater.

Fontaines à la base.



























Ah oui tiens une grenouille !


A + !