LES MAINS NÉGATIVES Marguerite Duras, 1979
Un de ces matins derniers, Parvis de la Défense, un homme assis tend un gobelet vide. Cette solitude à l’aube naissante, m'a beaucoup rappelé Marguerite Duras:
Traversée de Paris dans une suite de travellings, de la République aux Champs Élysées, Voix off de Marguerite Duras et Son déchirant du violon.
Les mains négatives (1978) from BelofBradford on Vimeo.
Texte :
" On appelle mains négatives, les peintures de mains trouvées dans les grottes magdaléniennes de l’Europe Sub-Atlantique.
Le contour de ces mains - posées grandes ouvertes sur la pierre - était enduit de couleur. Le plus souvent de bleu, de noir.
Parfois de rouge. Aucune explication n’a été trouvée à cette pratique.
Devant l’océan sous la falaise
sur la paroi de granit
ces mains
ouvertes
Bleues
Et noires
Du bleu de l’eau
Du noir de la nuit
L’homme est venu seul dans la grotte
face à l’océan
Toutes les mains ont la même taille
il était seul
L’homme seul dans la grotte a regardé
dans le bruit
dans le bruit de la mer
l’immensité des choses
Et il a crié
Toi qui es nommée toi qui es douée d’identité je t’aime
Ces mains
du bleu de l’eau
du noir du ciel
Plates
Posées écartelées sur le granit gris
Pour que quelqu’un les ait vues
Je suis celui qui appelle
Je suis celui qui appelait qui criait il y a trente mille ans
Je t’aime
Je crie que je veux t’aimer, je t’aime
J’aimerai quiconque entendra que je crie
Sur la terre vide resteront ces mains sur la paroi de granit face au fracas de l’océan
Insoutenable
Personne n’entendra plus
Ne verra
Trente mille ans
Ces mains-là, noires
La réfraction de la lumière sur la mer fait frémir la paroi de pierre
Je suis quelqu’un je suis celui qui appelait qui criait dans cette lumière blanche
Le désir
le mot n’est pas encore inventé
Il a regardé l’immensité des choses dans le fracas des vagues, l’immensité de sa force
et puis il a crié
Au-dessus de lui les forêts d’Europe,
sans fin
Il se tient au centre de la pierre
des couloirs
des voies de pierre
de toutes parts
Toi qui est nommée toi qui es douée d’identité je t’aime d’un amour indéfini
Il fallait descendre la falaise
vaincre la peur
Le vent souffle du continent il repousse l’océan
Les vagues luttent contre le vent
Elles avancent
ralenties par sa force
et patiemment parviennent
à la paroi
Tout s’écrase
Je t’aime plus loin que toi
J’aimerai quiconque entendra que je crie que je t’aime
Trente mille ans
J’appelle
J’appelle celui qui me répondra
Je veux t’aimer je t’aime
Depuis trente mille ans je crie devant la mer le spectre blanc
Je suis celui qui criait qu’il t’aimait, toi "
Un de ces matins derniers, Parvis de la Défense, un homme assis tend un gobelet vide. Cette solitude à l’aube naissante, m'a beaucoup rappelé Marguerite Duras:
Traversée de Paris dans une suite de travellings, de la République aux Champs Élysées, Voix off de Marguerite Duras et Son déchirant du violon.
One of these mornings past, Parvis de la Défense, a man sitting behind a glass empty. This solitude at dawn, reminded me a lot Marguerite Duras: Through Paris in a series of shots, the Republic on the Champs Elysees, Voice of Marguerite Duras and violin's sad sound .
Les mains négatives (1978) from BelofBradford on Vimeo.
Texte :
" On appelle mains négatives, les peintures de mains trouvées dans les grottes magdaléniennes de l’Europe Sub-Atlantique.
Le contour de ces mains - posées grandes ouvertes sur la pierre - était enduit de couleur. Le plus souvent de bleu, de noir.
Parfois de rouge. Aucune explication n’a été trouvée à cette pratique.
Devant l’océan sous la falaise
sur la paroi de granit
ces mains
ouvertes
Bleues
Et noires
Du bleu de l’eau
Du noir de la nuit
L’homme est venu seul dans la grotte
face à l’océan
Toutes les mains ont la même taille
il était seul
L’homme seul dans la grotte a regardé
dans le bruit
dans le bruit de la mer
l’immensité des choses
Et il a crié
Toi qui es nommée toi qui es douée d’identité je t’aime
Ces mains
du bleu de l’eau
du noir du ciel
Plates
Posées écartelées sur le granit gris
Pour que quelqu’un les ait vues
Je suis celui qui appelle
Je suis celui qui appelait qui criait il y a trente mille ans
Je t’aime
Je crie que je veux t’aimer, je t’aime
J’aimerai quiconque entendra que je crie
Sur la terre vide resteront ces mains sur la paroi de granit face au fracas de l’océan
Insoutenable
Personne n’entendra plus
Ne verra
Trente mille ans
Ces mains-là, noires
La réfraction de la lumière sur la mer fait frémir la paroi de pierre
Je suis quelqu’un je suis celui qui appelait qui criait dans cette lumière blanche
Le désir
le mot n’est pas encore inventé
Il a regardé l’immensité des choses dans le fracas des vagues, l’immensité de sa force
et puis il a crié
Au-dessus de lui les forêts d’Europe,
sans fin
Il se tient au centre de la pierre
des couloirs
des voies de pierre
de toutes parts
Toi qui est nommée toi qui es douée d’identité je t’aime d’un amour indéfini
Il fallait descendre la falaise
vaincre la peur
Le vent souffle du continent il repousse l’océan
Les vagues luttent contre le vent
Elles avancent
ralenties par sa force
et patiemment parviennent
à la paroi
Tout s’écrase
Je t’aime plus loin que toi
J’aimerai quiconque entendra que je crie que je t’aime
Trente mille ans
J’appelle
J’appelle celui qui me répondra
Je veux t’aimer je t’aime
Depuis trente mille ans je crie devant la mer le spectre blanc
Je suis celui qui criait qu’il t’aimait, toi "