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mercredi 15 octobre 2025

NIKI DE SAINT PHALLE - LIBERATION

  Suite de l'expo à coté de chez moi, vous n'y coupez pas, je vous la partage. L'hôtel de Caumont accueillait Niki de Saint Phalle.

L'exposition est appelée "Le bestiaire Magique"

Après l'époque des années 50 - 60, où ses œuvres ne m'inspiraient pas la joie ni la bonne humeur (voir ici clic !), les années suivantes, amènent la forme caractéristique bien connue des nanas: des formes rondes et lisses, colorées et brillantes; à mon humble opinion, Niki de Saint Phalle se libère, Ces femmes aux postérieur imposants s'exposent sans aucune pudeur, elles s'imposent et imposent avec elles la conviction qu'elles sont à leur place: que les femmes sont enfin légitimées (ça se dit ça légitimées ? ) .

LES NANAS AU POUVOIR
C'est durant l'été 1964 que l'artiste crée ses premières Nanas. Elle puise alors sa force créatrice dans une conception de la femme comme porteuse de vie en harmonie avec la nature et le monde animal. Ces déesses mères de la fécondité découlent des séries des « Accouchements » et des « Mariées >> mais cette fois ci, la femme devient un personnage salvateur, lumineux et empli de joie. Les Nanas ont gagné leurs batailles et ont repris le pouvoir.
Niki de Saint Phalle rêve d'un monde qui ne soit pas seulement dominé par les hommes et invite à une communion entre tous les êtres vivants, sans séparation et sans hiérarchie. Le corps féminin se fait hybride et englobe la nature et ses habitants. Enlaçant un oiseau, allongée avec une queue de sirène ou chevauchant une licorne ou un dauphin, la femme devient le point d'équilibre entre tous les êtres.


Voici donc ci-dessous quelques beaux spécimens.



LICORNE
Déjà connue dans la Grèce antique, la licorne l'est surtout au Moyen Age qui voit la diffusion de son mythe comme animal bénéfique et salvateur. Dans les tapisseries et les enluminures médiévales, elle symbolise la pureté puisque, selon la légende, seule la présence d'une vierge permet de la capturer. Sa corne possède de précieuses propriétés thérapeutiques: elle offre un antidote à tout poison mortel. Dans l'œuvre de Saint Phalle qui représente une femme chevauchant une licorne, l'association avec la figure féminine va dans le sens de la force et de la prospérité plus que de la pureté comme dans l'iconographie médiévale originelle.


Au milieu de la salle, 
je m'arrête un instant, 
et regardant autour de moi je me dis que le ratio des visiteurs doit être de 1 homme pour 20 femmes, 
je ne me sens pas perdu car heureusement j'ai mon cousin avec moi, mais de peu. 
Les femmes, c'est plus sonore,
 c'est des "oh ! regarde !" soudain et des "ah ! elle est belle !" suivi de pleins d'acquiescements en écho 
ou bien des "moi j'aime bien celle-là !"  perçants, tous bien forts: 
il en résulte un bourdonnement plus haut que d'habitude. Mais sans intérêt. 
Par contre j'ai bien aimé cette exclamation: "Ces nanas, j'ai envie de les toucher" dit une femme juste à coté de moi, c'est ce que je pensais également: on a envie de faire un gros câlin à ces nanas ! de caresser cette surface si lisse si brillante, qui parait si douce, mais si un homme dit ça, ne va t on pas l'affubler - a minima - de pervers ? 

Je me garderais donc bien d'exprimer quoique ce soit à haute voix.
Et puis il y a l'œuvre là-bas qui me touche tout de même un peu:
Portrait de Marina, Arbre et Dragon, Éléphant et la dame et Le Repas du lion
1993 Résine polyester peinte, or ou argent, socle en miroir
NIKI CHARITABLE ART FOUNDATION

Une relation sereine et harmonieuse entre animaux et femmes est encore illustrée par les petites sculptures que Saint Phalle réalise en 1993: Portrait de Marina et Éléphant et la dame, deux saynètes où, aux côtés d'une figure féminine, veille un grand mammifère, rhinocéros ou éléphant, gardiens magiques à la fonction apotropaïque. Un sort inverse échoit aux deux hommes représentés dans les œuvres similaires que sont Le Repas du lion et Arbre et Dragon, déjà avalés ou destinés à être déchiquetés par des bêtes féroces et des monstres.

J'apprend (vous aussi peut-être) le terme "fonction apotropaïque"  ce qui conjure le mauvais sort, vise à détourner le danger et les influences maléfiques.

Et je vois sur ces quatre statuettes que deux sont des femmes en harmonie avec deux gros animaux et que des deux autres, l'une, un homme est en passe de faire le repas d'un dragon et que l'autre, et bien il est déjà dans le ventre du lion, ne reste que chemise et cravate ! Le message est clair, émanant du traumatisme de sa jeunesse.

Enfin. Passons. Voici un oiseau très imposant.

Oiseau Amoureux (La Nuit) 1990

L'exposition est appelée "Le bestiaire Magique", il faut tout de même que je vous en montre un peu:

Grand Chameau Vase en terre cuite.

L'art de Niki de Saint Phalle se manifeste tant dans les objets utilitaires (chameau-vase, pouf ou miroir serpent, lampe oiseau...), que dans de grandes sculptures. Elle ne s'embarrasse pas de la hiérarchie entre les arts, qui place souvent la peinture et la sculpture au sommet, et réalise de nombreux objets du quotidien, notamment pour financer et réaliser ses rêves de grandeur, comme le Jardin des Tarots débuté en 1979 à Capalbio, dans le sud de la Toscane.
L'attention accordée au bestiaire devient de plus en plus visible dans ses sculptures monumentales que l'artiste commence dès les années 1960 et qui prennent la forme d'animaux aux corps habitables. Cette << batisseuse de réves », comme elle aime s'autodéfinir, réalise de nombreux projets dans l'espace public comme un toboggan en forme de dragon à trois langues, Le Golem (1972), l'Arche de Noe (1994-2001) à Jérusalem, la sculpture The Sun God (1983) aux ailes déployées à San Diego, ou la fontaine Stravinsky à Paris (1983) peuplée d'oiseaux et d'autres créatures zoomorphes. Elle répond aussi à des commanditaires privés et réalise pour leurs enfants les aires de jeu Le Dragon (1973) en Belgique et Gila Monstre (1996-1997) à San Diego.
Les reliefs d'animaux présentés dans cette salle évoquent certaines de ces exubérantes pièces et constituent une sorte de recueil mental qui s'est constitué au fil du temps. Certains font partie de l'œuvre Remembering? (1997-1998) dédiée à Jean Tinguely, en souvenir de leur amour et de leur amitié.





Il a une tête bien sympathique ce serpent !

 A + !

Un bien meilleur article sur l'expo ici: 

Comme toujours l'écriture en italique et de cette couleur indique la retranscription d'un cartel, d'une explication donnée près de l'œuvre ou bien d'un extrait de livre d'un auteur mais certainement pas de moi.

mercredi 8 octobre 2025

NIKI DE SAINT PHALLE - DENONCIATIONS

 L'expo à coté de chez moi, vous n'y coupez pas, je vous la partage. L'hôtel de Caumont accueillait Niki de Saint Phalle.

L'exposition est appelée "Le bestiaire Magique"



De Saint Phalle m'a surpris dans la première salle, moi qui pensait y trouver ses gros éléments bien rebondis, ses grosses bonnes femmes très colorées aux détails gommés par la rondeurs des formes, j'étais face à des œuvres tourmentées, issues d'un travail minutieux, dont les formes globales aussi bien que les détails ont suscité en moi un sentiment d'horreur.

Extrait du panneau:

"Cette salle présente des œuvres de la fin des années 1950 et 1960, dans lesquelles l'artiste évoque des lieux imaginaires hantés de légendes féériques. Les héroïnes s'échappent des châteaux gardés par les monstres ou parfois apprivoisent les dragons. L'imagerie du Moyen Âge est omniprésente dans l'œuvre de Niki de Saint Phalle, qui est conquise par le monde obscur des récits populaires dans lequel la naissance des créatures monstrueuses constitue une rébellion contre l'ordre des choses établies. Les monstres et les dragons sont une source d'inspiration permanente pour l'artiste qui les considère comme une représentation de ses peurs."

J'ai un petit doute, entre le terme "légendes féériques" et celui de "représentation de ses peurs" j'en ressent comme une contradiction. Moi perso, j'aurais parlé de cauchemars et - mais peut-être me trompais-je - j'y verrais plus comme une dénonciation, exorcisation de son mal-être émanant du traumatisme vécu dans son enfance (lien clic !). Mais ça je ne l'ai pas lu dans l'expo (enfin je n'ai pas tout lu non plus...)
Voyez plutôt par vous même.



"Le Château du monstre et de la mariée
Vers 1956-1958
Huile et objets divers (ficelles, boutons, etc) sur toile
BÂLE, MUSÉE TINGUELY, DONATION CHRISTOPHE AEPPLI, UN ENGAGEMENT CULTUREL DE ROCHE

En décidant de devenir artiste, Niki de Saint Phalle a choisi un destin différent de celui qui l'aurait enfermée dans le rôle de mère et d'épouse. Elle déclare : << Est-ce que ce sont les châteaux de mon enfance qui m'ont inspirée les lieux imaginaires que je ferai plus tard, qui sembleraient sortir d'un conte de fées ? » Le titre Château du monstre et de la mariée évoque d'horribles créatures emprisonnées dans l'édifice et montre une jeune femme avec un voile de mariée tenu par une fillette hors de l'enceinte, libre. La princesse a vaincu le dragon et s'en va au loin."









Pink Nude with Dragon : Détail






"Pink Nude with Dragon 1958
Huile et objets divers (grains de café, perles, cailloux, fragments de porcelaine, couvercle) sur contreplaqué
HANOVRE, SPRENGEL MUSEUM HANNOVER

Pour Saint Phalle, les animaux sont le support de la pensée symbolique, comme ils l'étaient au Moyen Âge, et l'art est un moyen de les affronter Ici, un personnage féminin est au centre de la composition et tient en respect un dragon à la langue fourchue. Par sa taille, la femme domine le dragon et semble le tenir pacifiquement en laisse. L'artiste évoque pour cette ceuvre l'influence du tableau Saint Georges et le dragon (1507) de Vittore Carpaccio. D'autres récits font écho à cette scène, comme le conte de La Belle et la Bête, union improbable d'un monstre devenu gentil grâce à une jeune fille très courageuse et déterminée,


Monstre (dragon) 
1964
Collage, feutres et crayons de couleur sur papier
COLLECTION PARTICULIERE COURTESY GALERIE GEORGES, PHILIPPE ET NATHALIE VALLOIS.

"Les dragons de sa palette peuvent être verts (teinte que le Moyen Âge attribuait au diable lors des
croisades) ou rouges, comme celui présenté dans cette salle, couleur duale par excellence. Pour l'artiste, les véritables dragons sont intérieurs, comme geôliers d'une éclatante vertu expressive et dont la présence signifie la libération et l'émancipation de l'ombre."


"Monstre crocodile ou Le Monstre

1964
Assemblage de jouets en plastique
SAINT-CYPRIEN,COLLECTION PARTICULIERE"







































CI-DESSOUS
Femme éclatée,ou L'Accouchement du taureau
TIR 1963
Assemblage d'objets, plâtre, peinture, objets divers, grillage sur panneau de bois
HANOVRE SPRENGEL MUSEUM HANNOVER
Cette pièce est un des rares exemples de représentations de femmes parturientes dans l'histoire de l'art. Elle appartient à la série des « Accouchements », des portraits de femmes grimaçantes, puissantes et terribles avec un corps démesuré, les jambes tronquées et une petite tête. Cette couvre semble faire référence à Pasiphaé, la déesse grecque qui accouche du Minotaure, une créature à tête bovine et corps humain. La sculpture, dont les articulations déchirées lui donnent un aspect monstrueux, est tirée à la carabine et sa surface laisse apparaître des éclats de peinture.


Ici, la dénonciation est évidente : quand elle dit "personne ne faisait attention à nous" c'est bien des hommes qu'elle parle.

"La monstruosité dans l'œuvre de Niki de Saint Phalle peut prendre des formes bien diverses. Elle adopte l'apparence d'un dragon, d'un homme ou d'une femme, ou encore se niche dans l'intimité des émotions. Dès les tableaux-tirs des années 1960, qui vont lui apporter la reconnaissance internationale et lui permettre de rejoindre le groupe des Nouveaux Réalistes, l'artiste affronte ses tourments en faisant saigner les toiles, qui prennent parfois la forme de bêtes effrayantes ou d'humains, grâce à des assemblages d'objets divers recouverts de plâtre blanc. Naissent ainsi la série des <<< Mariées » et celle des « Accouchements >>, dénonçant la condition des femmes pendant des siècles, ainsi que plusieurs assemblages exprimant la violence de la société. Ayant grandi dans un milieu où la femme était cantonnée à un rôle d'épouse et de mère, Niki de Saint Phalle démontre que la laideur et la brutalité ne sont pas uniquement issues des créatures monstrueuses mais existent aussi et surtout dans le quotidien de la société patriarcale qu'elle dénonce. Les monstres peuvent prendre la forme de créatures inventées par l'homme comme Frankenstein (Be My Frankenstein, 1964), personnage de l'âge de la mécanisation et fruit d'un assemblage dù à des progrès scientifiques en conflit avec l'éthique."

Voilà pour cette première partie, et oui j'ai scindé l'article en deux car je voulais absolument y mettre les explications affichées entre les œuvres; si je mets tout, après c'est trop long ! J'espère que cette première partie sera donc plus digeste. 

À  + !

Comme toujours l'écriture en italique et de cette couleur indique la retranscription d'un cartel, d'une explication donnée près de l'œuvre ou bien d'un extrait de livre d'un auteur mais certainement pas de moi.

mercredi 22 janvier 2025

LES REGARDS DE MAC CURRY. TEMOIGNAGES.

 Les thèmes émergeant de l'expo REGARDS de Steve Mac Curry étaient l'Afghanistan et les pays d'Asie du sud, les enfants, les couleurs. Les portraits étaient sur-représentés (je ne m'en plains surtout pas) et ayant séparé ces portraits du reste, j'avais intitulé le précédent billet LES REGARDS DE MAC CURRY. PORTRAITS. (là). 



Pour ce présent billet, ce reste m'est apparu plutôt comme des témoignages visuels puissants. témoignages de rites, de vies, de malheur, de bonheur mais toujours réhaussés de couleurs fascinantes. Vous allez me dire, ok mais ces portraits étaient aussi des témoignages non ? et je ne vous répondrai, non je ne vous répondrai pas, débrouillez-vous tout seul.  Et puis témoignages parce que le monde doit savoir ce qui se passe. Sinon, qui va raconter l'Histoire. 

Oui qui va raconter l'Histoire ? Sans fake news ? X d'Elon Musk ? Meta de Zuckenberg ? Les sbires de Poutine  Etc. ?  Aïe aïe aïe le sujet m'accable.

Rajasthan, Inde 1983
J'ai photographié ce groupe de femmes blotties les unes contre les autres pendant une tempête de poussière dans le désert de Thar. Alors que nous roulions, le ciel est devenu menaçant. Nous avions du mal à respirer et à voir à travers le mur de poussière. Instinctivement j'ai voulu protéger mon appareil photo et puis, j'ai réalisé que c'était une occasion unique de photographier ce groupe de femmes enveloppées dans leur grand sari rouge orange.

Champs de pétrole d'Al Ahmadi, Koweit 1991
C'était pendant la Guerre du Golfe, j'étais en mission pour le National Geographic. Ce fut l'enquête la plus intéressante mais aussi la plus dure que j'ai menée. Je me souviens de beaucoup de choses terribles. Ici, alors que nous roulions dans le désert à une trentaine de mètres du feu, j'ai vu les chameaux arriver et j'ai immédiatement visualisé l'image. C'est une image d'apocalypse, tous les animaux se trouvaient dans des conditions désespérées.


Welligama, Sri Lanka 1995
Lors de mon voyage au Sri Lanka, sur la côte sud, j'ai vu ces hommes penchés sur des pileux au milieu de la mer avec die simples cannes en bois. Ils péchaient ainsi des heures durant,, um poisson apres l'autre. J'ai passé une journée entière avec eux, immergé jusqu'à la poitrine. J'ai capturé le moment où un pêcheur allait à son poteau tandis que les autres continuaient de pêcher, une composition géométrique intéressante.


Je ne vais pas enfiler les vues les unes après les autres, juste encore quatre. Ce qu'il faut comprendre est qu'il faut absolument y aller.

Village de Geremiyaka, Papouasie-Nouvelle-Guinée 2017
Les membres de ces tribus, avec leurs masques d'argile et leurs vêtements de bambou, émergent de la fumée, qui symbolise les cieux descendant sur la terre.

Kyoto, Japon. 2007

Katmandou, Népal. 2013

Et voici la dernière, splendide à voir ainsi, époustouflante lorsque vous étes là dans la pénombre devant elle, et pourtant ce n'est que le témoignage d'un festival (Holi Festival, Rajasthan, India, 1996). Rien que ça. Et tout ça.


A + !

mercredi 15 janvier 2025

LES REGARDS DE MAC CURRY. PORTRAITS.

Après les questionnements déclenchés par "Regards Improbables" de l'IMPGT (là), ces regards de Mac Curry dans un registre tout à fait différent, ont provoqué en moi, une admiration incroyable.

La dernière expo à l'hôtel de Caumont à Aix-en-Provence est "REGARDS" de Steve Mac Curry. Si vous ne connaissez pas son nom, vous connaissez surement cette photo.
C'est le Regard qui a fait connaitre Mac Curry du grand public. Mais c'est l'arbre qui cache la forêt ! Le photographe nous a donné beaucoup de très beaux portraits.

En voici quelques uns marquants.

Sur la photo de cette jeune fille ci-dessous, on voit bien la technique utilisée pour "marquer" le regard: la mise au point est très finement concentré sur les yeux avec une très mince profondeur de champ (à moins que ce ne soit tout simplement une retouche de léger floutage du reste).
Kandahar, Afghanistan
1990
Cette jeune fille vivait dans un orphelinat à Kandahar en Afghanistan. De nombreux enfants se mettent du khôl autour des yeux pour tenter d'éviter les infections.


Peshawar, Pakistan
2002
Lorsque j'ai pris ce portrait, cette jeune réfugiée de 10 ans, vivant à Peshawar au Pakistan, n'avait jamais vu son pays d'origine, l'Afghanistan.

Portraits avec animaux. De 
gauche à droite.
Los Angeles, Californie, Etas-Unis. 1991
Gujarat, Inde. 2009
Taschkent, Ouzbékistan. 2005

Srinagar, Cachemire
1995
J'aime photographier les nomades car ils ont des traditions qui tendent à disparaitre du fait de leur urbanisation forcée. J'étais coincé dans un embouteillage, au milieu des animaux, dans une confusion totale et j'ai voulu le prendre en photo. Il en a été très honoré, il a sorti ses animaux de la route et m'a autorisé à prendre des photos de lui. Les hommes du Cachemire ont l'habitude de se teindre les cheveux ou la barbe au henné.
Baloutchistan, Pakistan 1981
J'ai réalisé ce portrait dans le cadre d'un travail sur les camps, près de la frontière entre Pakistan et Afghanistan. Cet homme venait juste d'être opéré de la cataracte. Peu après ce cliché, j'ai été arrêté par la police pakistanaise alors que j'essayais de passer en Afghanistan par un territoire interdit. J'ai été relâché au bout de 5 jours et j'ai pu reprendre mon travail.

Steve Mac Curry raconte comment il est devenu un reporter international reconnu: En parcourant le Pakistan près de la frontière Afghane, il discutait avec des afghans venus acheter; Ils lui dirent que s'il était un photographe il devrait aller voir se qui se passe de l'autre coté: les combats post-révolutionnaires continuent.
Il y va donc avec eux et rapporte des images qu'il essaie de vendre aux journaux américains, ceux-ci feront la fine bouche, certains achéteront mais ne diffuseront pas. 
Et puis d'un coup, en décembre 1979, l'URSS envahit l'Afghanistan: tous les journaux sont sur le coup mais n'ont pas d'images: ce sont les clichés de Mac Curry que l'on va voir à la une de ces journaux alors qu'ils datent d'avant la venue des russes mais ça ils ne le diront pas...
La renommée de photographe internationale de Steve Mac Curry était faite.

Loikaw, Birmanie
(actuelle Myanmar)
1994


Porbandar, Inde 1983
Je me trouvais à Porbandar, pendant la mousson. La situation était dramatique mais en Inde les gens ont une attitude incroyable face aux aléas de la vie. Ce pauvre tailleur avait sauvé son seul bien, sa vieille machine à coudre. Quelqu'un lui a montré que j'étais en train de le photographier et il s'est mis à rire. La publication de la photo dans le National Geographic, m'a permis de le retrouver et de lui acheter une machine à coudre neuve. J'étais très heureux d'avoir pu l'aider.

Un dernier portrait. Celui-ci m'a paru plutôt banal, une jeune femme acoudée à sa cloture, quoi de plus banal. Le tableau est trés grand, ce n'est qu'en prenant de recul que je le vis vraiment: je n'avais pas vu l'eau.

Java, Indonésie 1983
Pour photographier cette jeune fille, j'ai dû m'immerger. Elle se tient debout dans une eau qui est couverte de lentilles d'eau pendant la mousson. Son attitude sereine contraste fortement avec la difficulté de maintenir les rudiments de la vie quotidienne pendant la saison des pluies.





Il y a également un petit film qui raconte comment il a photographié et se qu'elle est devenue par la suite. Mais je ne vais pas tout divulgacher tout de même !









Et voilà quelques fabuleux portraits de Steve Mac Curry. Il n'a pas fait que ça mais le reste me semble moins représenté. Il n'en reste pas moins que je vous retrouve avec lui au prochain billet.
 A + !


Comme d'habitude, les textes en rouge pâle et en italiques sont ceux que j'ai pu lire dans l'expo.

mercredi 9 octobre 2024

BONNARD JAPONARD.

 Pour notre sortie mensuelle cousinale, après un excellent resto, nous somme retourné à l'hôtel de Caumont à Aix en Provence pour l'expo "Bonnard et le Japon"

Je ne suis pas particulièrement fan de Bonnard, et j'avais donc envie qu'il me séduise. Ce thème du Japonisme m'attirait donc bien. 

Les exposants supposent que le regardeur entrant dans l'expo a de quelques notions de l'histoire de l'art. Il faut donc souligner que Bonnard, comme d'autres artistes tels que  Whistler, Manet, Monet qui peint Camille en Japonaise, Degas, van Gogh, Tissot et sa "Japonaise au bain a succombé à ce grand vent d'exotisme qu'est le japonisme.

Mais le Japonisme qu'est-ce que c'est ?

La BNF en parle ainsi :"Le japonisme fut une mode, un engouement même, pour tout ce qui venait du Japon, en imitait le style, la manière. Mais une mode singulière qui dura près d'un demi-siècle, gagna tous les pays occidentaux depuis l’Angleterre et  la France, et dont les manifestations furent des plus contrastées. S’il produisit, en effet, ce qu'on appela tout de suite des japoniaiseries du plus mauvais goût, il est pourtant indéniable qu’il participa aussi, et de très près, à cette véritable révolution du regard que connut l'Europe entre les années 1860 et le début du XXe siècle."

Voilà. 

On peut entrer en comprenant pleinement pourquoi le Japon avec Bonnard et inversement !

Introduction murale:

A une époque où il cherche à s'émanciper de la pratique enseignée à l'École des beaux- arts, Bonnard considère les estampes japonaises comme un modèle essentiel pour son engagement sur la voie de la modernité. Il s'inspire de leurs dessins, libres de leurs couleurs vives et de leurs perspectives sans


profondeur pour créer des œuvres dans un style simplifié, dynamique et plein de gaieté.

En 1888, avec Paul Sérusier, Édouard Vuillard, Maurice Denis et Paul-Élie Ranson, il forme le premier noyau du groupe des Nabis, un mot dérivé de Neviim, « prophètes » en hébreu. Les Nabis contribuent à inventer un nouveau langage plastique stylisé avec une juxtaposition de plans colorés. Pierre Bonnard, surnommé le « Nabi très Japonard » par le critique d'art Félix Fénéon, est fasciné par la puissance des couleurs posées en aplats, sans relief ni ombre, des estampes japonaises. Il se met dès lors à utiliser des taches colorées avec des voisinages chromatiques audacieux. laissant passer une lumière venue du motif lui-même, et non plus d'une source extérieure.

En outre, l'art de l'estampe affranchit Bonnard des recettes de la perspective linéaire occidentale, basée sur l'illusion de la profondeur, et lui enseigne une nouvelle façon de représenter l'espace. Influencé également par le style calligraphique et ses lignes fluides en arabesque, Bonnard emprunte aux japonais une stylisation décorative qui sera l'une des grandes caractéristiques de sa peinture.

L'OMNIBUS Vers 1895 Huile sur toile
COLLECTION PARTICULIÈRE

La silhouette désarticulée de cette passante à la taille de guêpe semble entrainée par la rotation de l'énorme roue d'un véhicule placé derrière elle. Ce motif vu en gros plan représente, à la manière d'une métonymie, un omnibus hippomobile alors en service à Paris pour transporter les citadins. Ici le mouvement est au cœur de la représentation avec un effet d'instantanéité renforcé par la répétition des rayons de la roue. Le contraste entre la puissance de celle-ci et la fragilité de la jeune femme est renforcé par l'opposition entre le brun et le jaune, couleurs des omnibus du quartier des Batignolles où Bonnard avait son atelier.

Le visiteur déambule entre tableaux de Bonnard et Estampes de Utagawa Hiroshige. Les cartels à coté de chaque tableaux vont secourir mon petit cerveau pour comprendre ce qu'il y a de japonais dans Bonnard.

Utagawa Hiroshige
AMIS DE QUATRE SAISONS.
LE JARDIN D'HIVER
Vers 1849-50
Xylogravure polychrome
COLLECTION GEORGES LESKOWICZ

FEMMES AU JARDIN
FEMME À LA ROBE A POIS BLANCS FEMME ASSISE AU CHAT: FEMME À LA PELERINE! FEMME À LA ROBE QUADRILLÉE
1890-1891
Détrempé à la colle sur toile, panneaux décoratifs PARIS, MUSÉE D'ORSAY

En mars 1891 l'artiste fait des débuts remarqués au Salon des indépendants avec ce chef-d'œuvre de jeunesse qui était à l'origine conçu comme un paravent. Bonnard accroche finalement chaque panneau séparément car, comme il l'indique dans une lettre à sa mère : " ils vont bien mieux contre un mur. C'était trop tableau pour un paravent ".

Le caractère élancé des silhouettes est accentué par les lignes en arabesque et par le format allongé inspiré des kakémonos japonais. Le thème de la femme entourée de végétation, recurrent dans les estampes japonaises, est ici stylisé à l'extrême dans un espace sans profondeur. Ces panneaux peuvent être regardés comme un ensemble ou chaque composition se répond ou bien s'oppose, mais ils peuvent aussi bien se regarder de manière séparée. Les femmes au jardin ont parfois été interprétées comme une représentation des saisons de l'année à l'exclusion de l'hiver.



Hokusai Katsushika
SOUS LA VAGUE AU LARGE DE KANAGAWA
Série "Les trente-six vues du Mont Fuji"
Vers 1830
COLLECTION GEORGES LESKOWICZ
Fac-similé

FRANCE-CHAMPAGNE
1891
Affiche lithographiée en trois couleurs sur vélin LE CANNET, MUSÉE BONNARD

Dans cette affiche éditée en 1891, Bonnard réalise de nombreux emprunts aux graveurs de l'ukiyo-e pour dessiner sa buveuse de champagne. La mousse abondante qui s'échappe de sa coupe est traitée à la manière de l'écume de La Grande Vague, chef d'œuvre de Hokusai. En effet, pour évoquer les bulles en expansion autour de la jeune femme, Bonnard laisse en réserve le blanc de la feuille de papier comme l'avait fait le grand maître Katsushika Hokusai (1760-1849) pour évoquer le bouillonnement de cette vague monumentale de tsunami.




CINÉTISME
BOULEVARD DE CLICHY 1911
Huile sur toile
Collection Raphaël Schmit
"Comme les artistes japonais, Bonnard utilise toutes sortes de subterfuges pour traduire le mouvement et le déplacement dans l'espace. Sa manière de saisir la marche des passants dans les rues, ou le pas des 
patineurs sur la glace, repose sur la décomposition du mouvement.
Il utilise non seulement des gros plans, mais joue également de l'enchaînement des vides et des pleins et de l'absence de plan médian, qui nécessite dès lors que l'œil du spectateur reconstitue la narration. Le procédé du motif coupé au bord de la toile ou de la feuille quand il s'agit d'une gravure, largement utilisé dans les estampes, est par ailleurs très apprécié de Bonnard car il suggère un mouvement qui s'étend hors-champ.
Les cadrages insolites peuvent être également rapprochés d'instantanés photographiques, une technique pratiquée par l'artiste avec son appareil Pocket Kodak. Bonnard, en tant que contemporain de la naissance du cinématographe, est fasciné par l'image en mouvement et fera de sa représentation un élément essentiel de son art."




Utagawa Hiroshige
LA COLLINE KINOKUNIZAKA ET L'ÉTANG TAMEIKE A AKASAKA
AVEC UNE VUE LOINTAINE
série "Cent vues célèbres d'Edo" Vers 1857
Xylogravure polychrome
COLLECTION GEORGES LESKOWICZ


1/ POISSONS DANS UN BASSIN OU LE BASSIN D'AGENOR
Vers 1943
Huile sur toile
COLLECTION PARTICULIERE

2/ NU À LA LUMIÈRE
1908
Huile sur toile
MAN MUSÉE D'ART ET D'HISTOIRE VILLE DE GENÈVE LEGS VASSILY PHOTIADES, 1977

3/ FLEURS SUR UN TAPIS ROUGE
AU CANNET
1928
Huile sur toile
LYON, MUSÉE DES BEAUX-ARTS, LEGS JACQUELINE DELUBAC, 1997

4/ NU CONTRE LA BAIGNOIRE
vers 1930
Aquarelle sur traits de crayon COLLECTION PARTICULIÈRE


TERRASSE DANS LE MIDI
Vers 1925
Huile sur toile
GRENGELL FONDATION GLEN



Celle-ci m'a bien plu:

CONVERSATION PROVENÇALE
1911, retravaillé en 1927
Huile sur toile
PRAGUE NATIONAL GALLERY
"Les deux personnages au premier plan servent de faire-valoir à un décor méditerranéen vu des hauteurs de Grasse. A gauche se tient le peintre Josef Pankiewicz (1866-1940), un artiste d'origine polonaise que Bonnard a rencontré en 1908. Derrière une table de style chinois en laque rouge, se trouve une jeune femme blonde, Marthe probablement, à demi étendue sur le sol. Le duo mystérieux ne se regarde pas et tourne le dos à la vue sur la mer. Ici la juxtaposition entre la terre et l'eau est composée à la manière japonaise à l'aide d'un étagement de plans sous la forme de bandes horizontales colorées. En regardant longuement les œuvres de Bonnard, des surprises se révèlent comme les petits chats à la gauche de la scène."

Celle-là aussi d'ailleurs :


BAIGNEURS À LA FIN DU JOUR
Vers 1945
Huile sur toile
LE CANNET, MUSÉE BONNARD
"Ce tableau célèbre le plaisir de l'eau après une chaude journée d'été. La composition s'organise en bandes horizontales de couleurs fondues ou contrastées où la mer occupe la majeure partie de la toile. Eclairés par les derniers feux du couchant, les baigneurs sont réduits à des taches lumineuses jaune et rouge orangé. Dans le cercle chromatique, ces teintes s'opposent au bleu outremer et au vert émeraude. Placées côte à côte, elles se renforcent mutuellement donnant une luminosité intense à cette composition qui a appartenu au célebre critique et éditeur d'ouvrages d'art Téríade."



Et le dernier, mon préféré:


L'AMANDIER EN FLEURS
vers 1930
Huile sur toile
LE CANNET, MUSEE BONNARD, DON DE LA FONDATION MEYER

"Bonnard confie que l'amandier de son jardin, qui est le premier arbre à fleurir à la sortie de l'hiver, lui donne << la force de le peindre chaque année ». Planté au fond du jardin du Cannet, où il se trouve encore aujourd'hui, l'amandier en fleurs est la sentinelle du retour du printemps. La mousse blanche des fleurs, qui occupe toute la hauteur du tableau témoigne de la vitalité de la nature. L'arbre se détache sur un ciel d'azur, où l'air circule entre les branches, apportant un sentiment de paix et d'harmonie. En 1930, l'année de l'exécution de cette toile, la peinture de Bonnard atteint sa plénitude."


Et voilà, terminé le billet ! J'espère qu'il n'a pas été trop long, mais surtout que l'expo a pu vous expliquer cette facette japonisante de Bonnard, et que celui-ci a su, comme moi, vous séduire par ses couleurs.

à + !