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mercredi 7 février 2024

ET NON, LE CHATEAU D'AVIGNON N'EST PAS EN AVIGNON.

C'est en partant en balade en Camargue que, passant devant un grand panneau " Château d'Avignon" que mon épouse s'écria : "Dis moi tu ne serais pas encore trompé de route ?" Pour une fois que ce n'était pas vrai et que je n'étais pas obligé d'incriminer le GPS de la voiture pour sauver ma réputation, j'étais content.

On pourrait croire que le Château d'Avignon se situe dans la ville d'Avignon. Eh ben non. Il faut déjà savoir qu'Avignon abrite le Palais des papes où 9 papes ont résidé, se détournant de Rome. Palais d'ailleurs qui se targue d'être le plus grand palais gothique du monde. Donc des papes et pas de château.

Alors pourquoi donc le nomme t-on Château d'Avignon ?

En fait, au commencement de l'histoire (d'après wiki), et dans un coin de Camargue:
- Vers 1636 une tour de guet et plusieurs chapelles sont attachées à la famille Boismeaux.
- Le mas, dit « de Sommeyre » est bâti une vingtaine d’années plus tard.
- En 1720, Jeanne d’Arlatan se porte acquéreur de la propriété.
- Joseph François, Chevalier d’Avignon, d’Arlatan, son fils, hérite onze ans plus tard.

C'est ce Chevalier D'Avignon qui va investir dans les terres, va constituer le noyau initial du domaine et ériger le premier château. 

A partir de là, le château et son domaine va s'appeler Château d'Avignon et le restera !

Mais si le nom ne change plus, le bâtiment, lui, évoluera.
De 1811 à 1893, du Général Sextius Alexandre François, comte de Miollis (celui-là même qui en 1794, fut chargé par Napoléon d'occuper Rome et d'arrêter le Pape Pie VII, lequel faisait quelques difficultés à annuler son mariage avec Joséphine).
En passant par  le Vicomte Amour Albert de Bouillé, la société Liechtenstein Westphall et Cie, en 1846 et la société Merle et Compagnie (future société Péchiney), en 1865 le château mais surtout les terres agricoles vont grossir puis se morceler jusqu'à ce que le lot qui nous intéresse soit acquis par Louis Prat, issu d'une famille dont les Vermouth ont fait leur richesse (En 1911, Noilly Prat est cité comme ingrédient dans l’un des premiers Cocktails Martini)

Et c'est lui qui va transformer le bâtiment.

Le bâtiment, certes, mais aussi tout un ensemble technique, issu pour beaucoup des technologies primées aux expositions universelles de 1878, 1889 et 1900. Vous allez voir.

Ouaip ! j'ai voulu faire du style avec Paint mais bon je ne maitrise pas, non ?

Mais avant d'entrer, il faut absolument visiter les environs. En Camargue, nous sommes dans le delta du Rhône là où le fleuve rencontre la Méditerranée. L'irrigation, par les bras du Rhône et les canaux est pratiquée depuis le XIIème siècle, de plus en 1863, les vignes sont attaquées par le phylloxera: c'est début d'un drame économique sur la viticulture française. En 1870, on découvre qu’en conjuguant la présence de sable dans le sol et l’immersion de pieds de vigne pendant six semaines. on éradique la maladie. d'où l'importance de l'eau ! 

Louis Prat transforme et aménage radicalement et surtout d'une façon très moderne pour l'époque le domaine. Pas loin du château qui est voisin de Petit Rhône, il y a donc le départ d'un système d'irrigation par sa station des eaux.




La station des eaux est une composante importante pour l'irrigation d'abord, mais aussi pour l'eau à usage domestique. La station "l'usine" est équipée d'une innovation de l'exposition universelle : la pompe Dumont, (lien)utilisant la vapeur elle débite 700 l/sec, elle est tellement solide qu'elle fonctionne encore de nos jours, couplée, bien sûr maintenant, avec un moteur électrique. 



En parlant d'électricité justement, il était relié à l'époque une dynamo donnant le courant dans tout le château ! 



Aussi, la chaufferie produisait l'eau chaude qui était distribuée également dans toutes les pièces d'eau, cuisines, salles de bains, etc.

Concernant l'eau à usage domestique, connaît des étapes de filtrages successifs mises en œuvre tour à tour dans des bassins de décantations, dans le château d’eau,

dans des cuves à eau situées dans la tour du château et, en bout de chaîne, dans un système à bougie filtrante de Chamberland (dit « filtre Pasteur ») permettant une consommation de boisson.    L’organisation de ce circuit de l’eau s’appuie sur la mise en place d’une infrastructure technique vaste et complexe dont nombre d’éléments sont toujours existants, voire fonctionnels à ce jour.
Pas encore de lave-linge en 1900, mais un très beau lavoir.

Entrons. A l'intérieur, les boiseries, les huisseries sont très homogènes et assez impressionnantes  mais ce qui m'a frappé c'est l'innovation dans chaque pièce.
L'hygiène est le mot-phare en cette fin du 19éme. Pour Mr Prat aussi. Tous les sols du rez-de-chaussée seront en carrelage pour un meilleur nettoyage. Et d'ailleurs, toutes les pièces d'eau seront carrelées. Beaucoup de salles de bains avec eau chaude et froide.

La cuisine.
On peut y voir un fourneau Fascio (primé lui aussi à l'exposition universelle de 1889) qui, en plus de la cuisson, permettait le maintien en chaleur d’une table chauffante, d’étuves, l’alimentation motrice par « mouvement à fumée » d’un tournebroche et la production complémentaire d’eau chaude.

une armoire réfrigérante, un lave-main, une caisse à eau.

Les salles de bains. Deux baignoires (une en porcelaine d'époque et une autre ajoutée plus tard en fonte) sont à doubles enveloppes, celles-ci remplies  d'eau très chaude, permettent de garder l'eau chaude du bain plus longtemps.

Le chauffage central est déjà assuré par des radiateurs pour la plupart invisibles insérés dans les boiseries ou de tuyaux dissimulés derrière les plinthes. Quelque fois visibles apparemment suite à des travaux.




Pour le confort les chambres (12) certaines ont des cheminées et quelque fois leur cabinet de toilette.



Le guide avait beaucoup de petites histoires à nous raconter; il nous a précisé qu'il a la chance de pouvoir consulter les archives du château, un matériau très volumineux, bien conservées par les différents propriétaires.

Il y avait également de magnifiques toilettes !






Et pour finir, (et j'en ai passé des pièces sans vous les montrer !) voici la cave à vins, 2 pièces, une pour stocker les bouteilles de  vin en caisse et la seconde juste les bouteilles; plusieurs milliers peuvent être rangées. Remarquable est le sol carrelé avec l'évacuation des eaux intégrée.


Je n'ai pas, à part wiki, trouvé des informations disponibles sur le passé de ce domaine, sauf peut-être, un site relatant l'histoire du Mas De La Cure, qui faisait partie du même domaine et qui bénéficia des progrès en parallèle, comme l'approvisionnement en eau douce par un château d'eau, alimenté par celui du Château d'Avignon. (Lien)


A + !



5 commentaires:

  1. Un tour très intéressant, merci cher Philff. Et oui... j'ai compris que le chàteau d'Avignon n'est pas en Avignon ;-))
    C'est bizarre, mais pas mal de ces photos m'ont fait penser à des choses qui sont tout près de moi, la ressemblance étant vraiment frappante : par exemple aux cuisines et salles de bains du chàteau de Miramare (celui de Maximilien de Habsbourg), à la "Centrale Idrodinamica" qu'a été restaurée dans notre vieux port, et à un "ex-Lavatoio" qui dans un quartier populaire a été transformé en musée des blanchisseuses. L'époque favorise évidemment la ressemblance...
    Pour finir, une petite question : c'est nouveau ou c'est moi qui ne m'en aperçois que maintenant, ce petit ami très sympa qui se balade autour du B de ton blog? Et comme je suis nulle en insectes... c'est quoi, je veux dire, c'est qui ? S'il n'a pas déjà un prénom on pourrait bien lui en donner un, qu'est-ce que tu en penses... on lance un concours? ;-))
    Gros bisous,
    siu

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    1. Je pense que le château de Miramar ne joue pas dans la même catégorie ! mon petit château d'Avignon n'est en fait qu'une belle batisse remplie d'innovations grâce son riche propriétaire, mais ça reste une batisse.Tandis que Miramar c'est un vrai château ! que je n'ai jamais hélas jamais visité malgré les "appels" des pancartes que je pouvais voir sur l'autoroute vers la Slovénie. Mais qui sait peut-être un jour ? Comme tu le dis chaque époque amène un peu partout les même installations.
      Ah ! Tu as remarqué cette petite bestiole ;) Je ne suis pas assez calé pour la faire se promener partout sur le blog comme je l'aurais voulu dommage. Moi-même je ne sais pas ce que c'est, pas une fourmi et pas une araignée non plus: j'attend le verdict d'une spécialiste en sciences naturelles... Cette petite trotteuse n'a pas encore de nom et je n'ai pas eu l'inspiration: on peu lancer un concours ! Qui a une idée ? Merci d'être passée Siu ! A bientôt ! (tiens "Siu" c'est un joli prénom...) ;)

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    2. En effet, pour ce qui concerne Miramare ma comparaison ne concernait que cuisines et salles de bains... Au passage, je me permets un petit conseil : si un jour tu viendrais le visiter prends tout le temps pour te balader aussi dans le "Parco di Miramare", assez vaste et très beau gràce aussi à la passion qu'avait Maximilien pour les arbres, y compris les plus exotiques.
      Quant à ta besiole qui se promène infatigable... rien contre la possibilité qu'elle s'appelle Siu, mème si par rapport à elle je suis bien plus paresseuse (fort probable en revanche qu'on se ressemble dans l'étendue de nos facultés mentales ;-)). Et sinon, que sais-je... trottine, tro-tro, trottinette... quelque chose comme ça, car il faut bien rendre honneur à son infatigabilité !

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  2. Nous aurions presque pu nous croiser. Ce matin visite au Sali de Giraud et un peu de Birding pluie l'après midi sur Vaccares si j avais connu ce château nous aurions pu nous y abriter mais je ne te lus que de retour à Marseille

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    1. Effectivement nous nous sommes croisés ! Le château d'Avignon est très  souvent ouvert, il faudra repasser ;)) Nous avons aussi été voir les oiseaux dans la réserve de Camargue: belle promenade guidée à faire également. A + !

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