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mardi 26 janvier 2021

Visite d'une Belle Abbaye

Certainement bien connue de Miriam, il y a au nord-est de Paris, une belle abbaye entourée des très beaux jardins. Une abbaye avec un long passé qui remonte à Saint-Louis au XIIIème siècle.

En ces temps de confinement, que diriez-vous d'une petite visite avec moi ?  Voici le plan.

Bon pas question pour moi de faire le guide: j'en suis incapable ! mais vous pourrez lire quelques panneaux, promis. Portez vos masques et allons-y: pour l'instant si le plan vous dit que vous êtes ici,  

Voilà pour les précisions; Entrons.

Le passage n° 5  n'a rien d'extraordinaire, de toute façon, pas de photo car il y a un contre-jour exaspérant dû aux deux entrées opposées. 

Il débouche sur le cloître


(Le bout de casquette blanche en bas à droite est celle de mon petit-fils, non je sais, rien à voir avec la visite, mais bon)


« Lieu de méditation, lieu de vie et de circulation... »


« Formé de quatre galeries de circulation, le cloître est l'espace central de l'abbaye. Il desservait autrefois les salles principales de l'abbaye: l'église, la salle du chapitre, le dortoir, le chauffoir, le réfectoire et la cuisine, et donnait accès à l'escalier qui conduisait au dortoir. Ses galeries voûtées abritaient également nombre d'activités domestiques et liturgiques, comme la lectio divina, un temps de lecture individuelle et de méditation prévu par la règle de saint Benoît et qui constituait un élément essentiel de la piété monastique. »

Allez, on part à gauche, à main droite admirez le joli jardin du cloître.


"Les jardins des cloîtres se composaient généralement de plantes médicinales, ou de plantes aromatiques ou encore de fleurs... Mais nous ignorons tout du jardin du cloître de l'abbaye de Royaumont au Moyen Âge." (https://www.royaumont.com/fr)

A main gauche, une entrée est fermée, mais une plaque nous explique:

LE CLOÎTRE
Clos mais ouvert sur le ciel, pratique et symbolique, le cloître est l'espace central de l'abbaye.

C'est en face de réfectoire des moines que se trouvait la fontaine qui alimentait l'abbaye en eau potable. Elle provenait d'une source captée sur les hauteurs de Viarmes et jaillissait par gravitation dans une ou plusieurs vasques.
Egalement appelée "lavabo", cette fontaine était protégée par un petit édifice hexagonal accolé à la galerie sud du cloître. Les moines s'y livraient aussi à leurs ablutions. Ce lavabo fut détruit par les aménagements industriels mais on en a retrouvé les fondations...




Il faut passer et plus loin, nous arrivons à une autre entrée : celle de la piéce n°13: les cuisines. (ne vous perdez pas, regardez le plan)

(Et en bas à droite un bout de mon petit-fils,
 pour info)

LA CUISINE DES MOINES

« La Règle de saint Benoît de l'abbaye, la cuisine présente une architecture simple et massive qui contraste avec l'élégance de l'ancien réfectoire des moines auquel elle est accolée.


Au nord, une porte donnait accès à la fontaine d'eau potable située dans le cloître, tandis qu'un guichet ouvert dans le mur mitoyen avec le réfectoire permettait aux religieux de prendre les plats.


Les moines assuraient le service de la cuisines, à tour de rôle, et pendant une semaine. L'organisation et le menu des repas étaient strictement encadrés par la Règle de saint Benoît. De Pâques à mi-septembre, les moines avaient droit à deux repas quotidiens mais, l'automne venu, devaient se contenter d'un seul.

Aux XIIè et XIIè siècles, ils se nourrissaient de pain noir, de légumes et de poisson auxquels pouvaient s'ajouter, selon les jours de l'année, du fromage, des œufs et du beurre. Le vin était toléré, quoique déconseillé par la Règle, mais la consommation de viande était proscrite, hormis pour les malades. Vieillard, enfants et adolescents étaient soumis à un régime moins strict. Au fil du temps, la Règle se relâcha et, à la fin du XVè, l'ensemble des moines bénéficiait d'une alimentation plus riche.   

Oui, mon petit-fils est juste là   î                     


Forge ou atelier d'impression entre 1793 et 1860,cuisine du noviciat entre 1864 et 1905 puis de l'hôpital auxiliaire entre 1914 et 1919, elle fut remaniée à plusieurs reprises depuis sa construction et a perdu sa cheminée dont l'emplacement initial reste inconnu. »












De la cuisine, nous passons au réfectoire des moines.


Le réfectoire est une vaste salle très lumineuse. (40,30 m sur 13,5 m nous dit Wiki), et ses colonnes hautes de 10 mètres sont monolithiques.

(oui toujours lui)












On peut y voir, chose étonnante pour un réfectoire, une chaire de lecteur, de très beaux vitraux,





ainsi qu' un superbe orgue.


Etonnant oui de trouver là, chaire, vitraux et orgues, il faut juste savoir que la salle fut utilisée comme chapelle après ces modifications en 1870. 

Aussi on peut y voir le tombeau du comte de Harcourt:



Voilà pour le réfectoire-chapelle-tombeau. Ressortons maintenant d'où nous sommes venus: par le cloître:


et avançons jusqu'à la prochaine salle : le réfectoire des convers.

Cette salle a été utilisé pour maintes fonctions. Vous trouverez toutes les infos sur les frères convers sur WIKI, ou bien lire ce panneau: 

sinon juste savoir que,

" Le rôle des convers étant de préparer les repas des moines et surtout d'exploiter les terres, bois, moulins et étangs de pêche, ils étaient indispensables à l'économie cistercienne et pouvaient accéder à des fonctions de responsabilité, mais ne pouvaient partager la vie des moines. Ils n'entraient à l'église que par l'extrémité de la nef alors que les moines accédaient eux directement au chœur de l'église par le bras du transept."

Maintenant allons de l'autre coté du cloître jusqu'à la sacristie, pour quelques objets :




Je sens que la visite vous fatigue, c'est vrai le billet devient un peu long : nous verrons quelques vues des extérieures avec la belle église abbatiale bientôt !
 à + !

mardi 19 janvier 2021

Une Cathédrale Particulière.

 Près de Palavas-Les-Flots, il faut visiter la cathédrale de Maguelone. Imposant monument de style roman niché au cœur d'un jardin arboré, d'ailleurs il est difficile maintenant de la photographier entière car les arbres cachent ses hauts murs. Mais remontons le temps et rapetissons les arbres ;) la voici:

« Document conservé aux Archives départementales de de l’Hérault, sous la cote [2 Fi CP 6863 8]. Palavas-les-Flots. (Hérault). Église de Maguelone. / A. Bardou, photographe, Montpellier ; édition du Khédive, tabacs de luxe, 14 place de la Comédie. Début XXème.

Elle fût pendant plus de mille ans l'un des plus hauts lieux de la chrétienté en Languedoc méditerranéen. 

Son histoire, Pierre Pinton la résume très bien dans son livre "Un Baiser de Villeneuve-lès-Maguelonne : de 1900 à 1980" je le cite:

« Nombre d'archéologues et d'écrivains retrouvent la traces des premiers habitants, au début de l'époque Néolithique....»

« ...Plus tard, nombreux envahisseurs se succèdent : commerçants d'Asie Mineure, Phéniciens, Grecs qui d'ailleurs avaient fait du site de Maguelone un comptoir important. Puis comme dans tout le Narbonnais, la trace très nette des Volces (Tectosages) se retrouve dans toute la région. Enfin ce sont les romains qui implantent alors leur civilisation ainsi que le grecs, tous rassemblés dans le même port commercial de Maguelonne.

C'est Clovis en 500 qui mit un terme à tous ces déferlements en repoussant les Wisigoths par-delà les Pyrénées. Ils ne conservèrent en Gaule que quelques évêchés: Nîmes, Maguelone, Lodève, Agde, Béziers, Carcassonne et Elne. Les sarazins cependant occupaient toujours l'île et avaient même un fameux port, nommé encore aujourd'hui port Sarazin.

Charles Martel en 732 par sa victoire sur les Sarazins, libère définitivement Maguelone de l'emprise étrangère mais ordonne pour cela la destruction du port et de la Cathédrale.»

Dans cet extrait, vous avez surement noté deux orthographes ; Maguelone et Maguelonne. L'origine des deux noms semble très ancienne et il est difficile de faire son choix. Le village à coté, Villeneuve, l'a fait et s'appelle Villeneuve-Lez-Maguelone (explication ici). Pierre Pinton lui, en employant les deux noms, n'a apparemment pas fait le choix (?)






Son fronton présente un  portail sur le tympan duquel figure une superbe scène biblique représentant le Christ sur un trône entouré d'un âne, d'un aigle, d'un lion et d'un bœuf. De chaque côté de la porte siègent les Saints Patrons de la cathédrale : 

Saint-Pierre et Saint-Paul.





















Un témoignage ancien est gravé à gauche en entrant:

«MAGUELON – LE SITE

«Maguelon, beau lieu, austère, paisible, une petite île dont les pentes douces descendent vers les flots


bleus, au delà des montagnes, dont les lignes se perdent dans la brume . Désert dominé par le Géant ? La cathédrale et par la croix. - Cette Basilique canoniale, par ces formes sévères s'harmonise avec de paysage cette solitude, cet horizon, cette grandeur.

C'est un de ces lieux qui ont une âme et que doivent chercher les âmes placées dans certaines conditions morales. Là, on doit contempler, prier, pleurer. C'est un lieu consacré par les grands souvenirs, saisissant par ce qui est mort et pat ce qui survit, une ruine et une croix, au milieu de quelques pins voilà ce qu'il reste de la ville romaine refuge des Sarrasins au VII siècle, détruite par Charles Martel, rebâtie au Xie et devenue ville épiscopale et papale, berceau de Montpellier et capitale ecclésiastique de pays.

Mr Dupanloup, évêque d'Orléans

Journal intime 17 Février 1873.


Son histoire est gravée également à droite en entrant.


«MAGUELONE HISTOIRE »

« Cité romaine et port de mer, au II siècle , un des plus anciens évêchés de la Gaule ville de Septimanie et station Sarrasine ruinée par Charles Martel en 737

1037. Retour des évêques. Ils rebâtissent la cathédrale St Pierre.

27 Avril 1085. Le Comte de Maguelone, petit neveu de St Benoît d'Aniane fait hommage de sa seigneurie à Grégoire VII

29 Juin 1096. Urbain II bénit l'île et en proclame l’Église le première après celle de Rome.

Foyer incomparable de charité refuge et asile des grands papes, Urbain II , Gélae II, Calixte II, Innocent II, Alexandre III qui consacre même le maître autel le 17 Avril 1163, Maguelone en tant que fief pontifical, préserve le territoire de Montpellier de toute guerre et du servage.

9 Février 1157, Louis VII y préside le Chapitre dont Adrien IV, ancien chapelain à Melgueil, confirmé le 15 Avril 1155 les privilèges. Erection en l'honneur de ce pape de la tour St Pancrace.

Avril 1533. François Ier vient dans l'île voir son ami l'évêque Pellicier.

27 Mars 1536. Transfert de l'évêché à Montpellier.

16 Janvier 1632. Les catholiques, les protestants ; les troupes de Duc de Montmorency ayant occupé Maguelone, Louis XIII en ordonne la démolition

12 Janvier 1708. Aliénation des pierres pour la construction du Canal.

3 Mars 1791. Vente de Maguelon comme Bien National. Revente en 1833.1836.1852.»

(En citant Louis XIII, vous pensez bien que c'est plutôt Richelieu qui ordonnera le démantèlement visant les protestants.)




Il ne restera plus alors sur l'île que la cathédrale "dénudée" et une modeste maison permettant au prêtre d'assurer son service divin. La famille Fabrègues rachètera l'île en 1852 et fera restaurer en partie la cathédrale mais sans les fortifications.




L'édifice est maintenant vide et n'accueille plus de fidèles pour les messes. Lorsqu'on y entre on plonge de suite dans son atmosphère de moyen-âge, hors du temps.





















Le sol du transept est tapissé de tombes, pour la plupart anonymes. 












On y découvre également quatre remarquables gisants d'évêques, en marbre blanc.




















































Un escalier de pierre mène à l'étage où une pierre tombale dédiée à l'évêque Jean de Montlaur sert d'autel, et d'où l'on a une vue superbe sur l'intérieur de la cathédrale.






Une cathédrale parmi tant d'autres me direz-vous, oui mais sa particularité c'est qu'elle se trouve sur une toute petite île :  


Une petite route, fin cordon littoral entre la mer méditerranée et étangs salés, nous amène sur cette petite île, un peu coupée du monde, c'est là que se dresse la cathédrale de Maguelone.

Pour la balade on se gare au pied de l'île face à la mer et on monte à pied jusqu'à la cathédrale.

A+!




mardi 12 janvier 2021

Quand on vient du Nord et qu'on a dépassé Valence, mes oliviers.

 «Quand on vient du Nord et qu'on a dépassé Valence, on voit dans l'horizon du Sud un ciel vert, qui est justement la réverbération du soleil sur la Provence. »

A faire le roi en visitant les châteaux et me pavaner à vous montrer leurs photos, du coup j'ai oublié l'année dernière de parler des oliviers comme je le fais (devrait le faire) chaque année. 


Remarquez ce n'est pas l'abondance qui aurait pu m'y faire penser ! Avec une récolte de 100 kgs seulement nous n'avons que 16 litres d'huile !



Pas besoin d'un coup de main de la part des amis cette année, et c'est bien dommage car ce sont toujours de belles journées de partage.




D'un autre coté, c'était prévu car nous avions taillé très sévèrement, mais on espère toujours...en bons provençaux;... que ses oliviers ont une vitalité hors du commun... 










Ça m'a fait penser à Jean Giono et j'ai relu des textes de cet « écrivain français né en Provence » comme il le dit lui-même et non un écrivain provençal. Textes relus donc, choisis, quelques extraits.  «Quand on vient du Nord et qu'on a dépassé Valence, » est la transcription d'un texte de Giono radiodiffusé en 1961.


« ...J'étais en train de penser que j'avais négligé l'olive, mais je l'avais laissé de coté pour en parler d'une façon plus abondante : la Haute Provence, dans sa partie méridionale, c'est à dire dans celle qui va jusqu'à 800 mètres d'altitude, était couverte, je dis bien « était couverte de verger d'oliviers ; c'était un petit olivier court qu'on taillait d'ailleurs bas, de façon qu'il reste à portée de la main,... »

C'est de cette façon aussi, pour la plupart, que l'on taille ici les oliviers. En fait, les petits récoltants ont gardé cette méthode de taille très pratique ce qui n'est pas sans conséquence comme va nous l'expliquer Jean Giono.


«
...et  ça avait de l'importance , car la civilisation de l'huile en Haute-Provence n'était pas la civilisation de l'huile telle qu'elle est en Tunisie, telle qu'elle est en Grèce, ou même sur la Côte d'Azur. Sur la Côte d'Azur, en Grèce et en Tunisie , on a l'habitude de voir des oliviers très hauts, de très grands arbres qu'on laisse pousser en longueur , qui atteignent parfois 9,10 mètres et même 15 mètres de hauteur. Des oliviers de cette sortent exigent absolument la gaule pour les ramasser. C'est ici que justement se trouve une différence avec l'huile que nous faisons. Ces olives doivent être gaulées au moment ou les olives commencent déjà un tout petit peu à pourrir sur l'arbre. On fait par conséquent de l'huile avec des olives extra-mûres... »

Avant de continuer l'explication sur la différence, j'aimerais tout de même préciser à Siu qui, je pense doit s'exclamer : "E allora l'Italia?" (et là je résume car elle-même m'a avouer être particulièrement diserte mais ne le dites à personne) que non ce n'est pas un oubli, que j'ai retranscris exactement le texte mais que surement oh oui très surement en ce qui concerne l'huile d'olive, l'Italie est déjà en 1961 de toute façon "hors compétition" vu le haut niveau de qualité ! Et, plus sérieusement, depuis l'antiquité il y a mille façon de faire l'huile en Italie, Giono ne s'y est pas frotté. 


Suite de l'explication sur la différence:

«...Tandis que chez nous, en Haute-Provence, où les oliviers étaient restés courts de taille, on cueillait les olives à la main une à une. Nous avons alors des olives qui sont moins mûres que celles qui ont été gaulées. Nous faisons une huile qui est un peu moins forte de goût, mais qui a une plus belle saveur, qui est d'ailleurs cette huile verte , que généralement les amateurs d'huile d'olives recherchent... »

Voilà qui est bien dit !! mon huile a une plus belle saveur que toutes les autres ! Ah ! que j'aime lire Giono !

à + !