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mercredi 15 octobre 2025

NIKI DE SAINT PHALLE - LIBERATION

  Suite de l'expo à coté de chez moi, vous n'y coupez pas, je vous la partage. L'hôtel de Caumont accueillait Niki de Saint Phalle.

L'exposition est appelée "Le bestiaire Magique"

Après l'époque des années 50 - 60, où ses œuvres ne m'inspiraient pas la joie ni la bonne humeur (voir ici clic !), les années suivantes, amènent la forme caractéristique bien connue des nanas: des formes rondes et lisses, colorées et brillantes; à mon humble opinion, Niki de Saint Phalle se libère, Ces femmes aux postérieur imposants s'exposent sans aucune pudeur, elles s'imposent et imposent avec elles la conviction qu'elles sont à leur place: que les femmes sont enfin légitimées (ça se dit ça légitimées ? ) .

LES NANAS AU POUVOIR
C'est durant l'été 1964 que l'artiste crée ses premières Nanas. Elle puise alors sa force créatrice dans une conception de la femme comme porteuse de vie en harmonie avec la nature et le monde animal. Ces déesses mères de la fécondité découlent des séries des « Accouchements » et des « Mariées >> mais cette fois ci, la femme devient un personnage salvateur, lumineux et empli de joie. Les Nanas ont gagné leurs batailles et ont repris le pouvoir.
Niki de Saint Phalle rêve d'un monde qui ne soit pas seulement dominé par les hommes et invite à une communion entre tous les êtres vivants, sans séparation et sans hiérarchie. Le corps féminin se fait hybride et englobe la nature et ses habitants. Enlaçant un oiseau, allongée avec une queue de sirène ou chevauchant une licorne ou un dauphin, la femme devient le point d'équilibre entre tous les êtres.


Voici donc ci-dessous quelques beaux spécimens.



LICORNE
Déjà connue dans la Grèce antique, la licorne l'est surtout au Moyen Age qui voit la diffusion de son mythe comme animal bénéfique et salvateur. Dans les tapisseries et les enluminures médiévales, elle symbolise la pureté puisque, selon la légende, seule la présence d'une vierge permet de la capturer. Sa corne possède de précieuses propriétés thérapeutiques: elle offre un antidote à tout poison mortel. Dans l'œuvre de Saint Phalle qui représente une femme chevauchant une licorne, l'association avec la figure féminine va dans le sens de la force et de la prospérité plus que de la pureté comme dans l'iconographie médiévale originelle.


Au milieu de la salle, 
je m'arrête un instant, 
et regardant autour de moi je me dis que le ratio des visiteurs doit être de 1 homme pour 20 femmes, 
je ne me sens pas perdu car heureusement j'ai mon cousin avec moi, mais de peu. 
Les femmes, c'est plus sonore,
 c'est des "oh ! regarde !" soudain et des "ah ! elle est belle !" suivi de pleins d'acquiescements en écho 
ou bien des "moi j'aime bien celle-là !"  perçants, tous bien forts: 
il en résulte un bourdonnement plus haut que d'habitude. Mais sans intérêt. 
Par contre j'ai bien aimé cette exclamation: "Ces nanas, j'ai envie de les toucher" dit une femme juste à coté de moi, c'est ce que je pensais également: on a envie de faire un gros câlin à ces nanas ! de caresser cette surface si lisse si brillante, qui parait si douce, mais si un homme dit ça, ne va t on pas l'affubler - a minima - de pervers ? 

Je me garderais donc bien d'exprimer quoique ce soit à haute voix.
Et puis il y a l'œuvre là-bas qui me touche tout de même un peu:
Portrait de Marina, Arbre et Dragon, Éléphant et la dame et Le Repas du lion
1993 Résine polyester peinte, or ou argent, socle en miroir
NIKI CHARITABLE ART FOUNDATION

Une relation sereine et harmonieuse entre animaux et femmes est encore illustrée par les petites sculptures que Saint Phalle réalise en 1993: Portrait de Marina et Éléphant et la dame, deux saynètes où, aux côtés d'une figure féminine, veille un grand mammifère, rhinocéros ou éléphant, gardiens magiques à la fonction apotropaïque. Un sort inverse échoit aux deux hommes représentés dans les œuvres similaires que sont Le Repas du lion et Arbre et Dragon, déjà avalés ou destinés à être déchiquetés par des bêtes féroces et des monstres.

J'apprend (vous aussi peut-être) le terme "fonction apotropaïque"  ce qui conjure le mauvais sort, vise à détourner le danger et les influences maléfiques.

Et je vois sur ces quatre statuettes que deux sont des femmes en harmonie avec deux gros animaux et que des deux autres, l'une, un homme est en passe de faire le repas d'un dragon et que l'autre, et bien il est déjà dans le ventre du lion, ne reste que chemise et cravate ! Le message est clair, émanant du traumatisme de sa jeunesse.

Enfin. Passons. Voici un oiseau très imposant.

Oiseau Amoureux (La Nuit) 1990

L'exposition est appelée "Le bestiaire Magique", il faut tout de même que je vous en montre un peu:

Grand Chameau Vase en terre cuite.

L'art de Niki de Saint Phalle se manifeste tant dans les objets utilitaires (chameau-vase, pouf ou miroir serpent, lampe oiseau...), que dans de grandes sculptures. Elle ne s'embarrasse pas de la hiérarchie entre les arts, qui place souvent la peinture et la sculpture au sommet, et réalise de nombreux objets du quotidien, notamment pour financer et réaliser ses rêves de grandeur, comme le Jardin des Tarots débuté en 1979 à Capalbio, dans le sud de la Toscane.
L'attention accordée au bestiaire devient de plus en plus visible dans ses sculptures monumentales que l'artiste commence dès les années 1960 et qui prennent la forme d'animaux aux corps habitables. Cette << batisseuse de réves », comme elle aime s'autodéfinir, réalise de nombreux projets dans l'espace public comme un toboggan en forme de dragon à trois langues, Le Golem (1972), l'Arche de Noe (1994-2001) à Jérusalem, la sculpture The Sun God (1983) aux ailes déployées à San Diego, ou la fontaine Stravinsky à Paris (1983) peuplée d'oiseaux et d'autres créatures zoomorphes. Elle répond aussi à des commanditaires privés et réalise pour leurs enfants les aires de jeu Le Dragon (1973) en Belgique et Gila Monstre (1996-1997) à San Diego.
Les reliefs d'animaux présentés dans cette salle évoquent certaines de ces exubérantes pièces et constituent une sorte de recueil mental qui s'est constitué au fil du temps. Certains font partie de l'œuvre Remembering? (1997-1998) dédiée à Jean Tinguely, en souvenir de leur amour et de leur amitié.





Il a une tête bien sympathique ce serpent !

 A + !

Un bien meilleur article sur l'expo ici: 

Comme toujours l'écriture en italique et de cette couleur indique la retranscription d'un cartel, d'une explication donnée près de l'œuvre ou bien d'un extrait de livre d'un auteur mais certainement pas de moi.

mercredi 8 octobre 2025

NIKI DE SAINT PHALLE - DENONCIATIONS

 L'expo à coté de chez moi, vous n'y coupez pas, je vous la partage. L'hôtel de Caumont accueillait Niki de Saint Phalle.

L'exposition est appelée "Le bestiaire Magique"



De Saint Phalle m'a surpris dans la première salle, moi qui pensait y trouver ses gros éléments bien rebondis, ses grosses bonnes femmes très colorées aux détails gommés par la rondeurs des formes, j'étais face à des œuvres tourmentées, issues d'un travail minutieux, dont les formes globales aussi bien que les détails ont suscité en moi un sentiment d'horreur.

Extrait du panneau:

"Cette salle présente des œuvres de la fin des années 1950 et 1960, dans lesquelles l'artiste évoque des lieux imaginaires hantés de légendes féériques. Les héroïnes s'échappent des châteaux gardés par les monstres ou parfois apprivoisent les dragons. L'imagerie du Moyen Âge est omniprésente dans l'œuvre de Niki de Saint Phalle, qui est conquise par le monde obscur des récits populaires dans lequel la naissance des créatures monstrueuses constitue une rébellion contre l'ordre des choses établies. Les monstres et les dragons sont une source d'inspiration permanente pour l'artiste qui les considère comme une représentation de ses peurs."

J'ai un petit doute, entre le terme "légendes féériques" et celui de "représentation de ses peurs" j'en ressent comme une contradiction. Moi perso, j'aurais parlé de cauchemars et - mais peut-être me trompais-je - j'y verrais plus comme une dénonciation, exorcisation de son mal-être émanant du traumatisme vécu dans son enfance (lien clic !). Mais ça je ne l'ai pas lu dans l'expo (enfin je n'ai pas tout lu non plus...)
Voyez plutôt par vous même.



"Le Château du monstre et de la mariée
Vers 1956-1958
Huile et objets divers (ficelles, boutons, etc) sur toile
BÂLE, MUSÉE TINGUELY, DONATION CHRISTOPHE AEPPLI, UN ENGAGEMENT CULTUREL DE ROCHE

En décidant de devenir artiste, Niki de Saint Phalle a choisi un destin différent de celui qui l'aurait enfermée dans le rôle de mère et d'épouse. Elle déclare : << Est-ce que ce sont les châteaux de mon enfance qui m'ont inspirée les lieux imaginaires que je ferai plus tard, qui sembleraient sortir d'un conte de fées ? » Le titre Château du monstre et de la mariée évoque d'horribles créatures emprisonnées dans l'édifice et montre une jeune femme avec un voile de mariée tenu par une fillette hors de l'enceinte, libre. La princesse a vaincu le dragon et s'en va au loin."









Pink Nude with Dragon : Détail






"Pink Nude with Dragon 1958
Huile et objets divers (grains de café, perles, cailloux, fragments de porcelaine, couvercle) sur contreplaqué
HANOVRE, SPRENGEL MUSEUM HANNOVER

Pour Saint Phalle, les animaux sont le support de la pensée symbolique, comme ils l'étaient au Moyen Âge, et l'art est un moyen de les affronter Ici, un personnage féminin est au centre de la composition et tient en respect un dragon à la langue fourchue. Par sa taille, la femme domine le dragon et semble le tenir pacifiquement en laisse. L'artiste évoque pour cette ceuvre l'influence du tableau Saint Georges et le dragon (1507) de Vittore Carpaccio. D'autres récits font écho à cette scène, comme le conte de La Belle et la Bête, union improbable d'un monstre devenu gentil grâce à une jeune fille très courageuse et déterminée,


Monstre (dragon) 
1964
Collage, feutres et crayons de couleur sur papier
COLLECTION PARTICULIERE COURTESY GALERIE GEORGES, PHILIPPE ET NATHALIE VALLOIS.

"Les dragons de sa palette peuvent être verts (teinte que le Moyen Âge attribuait au diable lors des
croisades) ou rouges, comme celui présenté dans cette salle, couleur duale par excellence. Pour l'artiste, les véritables dragons sont intérieurs, comme geôliers d'une éclatante vertu expressive et dont la présence signifie la libération et l'émancipation de l'ombre."


"Monstre crocodile ou Le Monstre

1964
Assemblage de jouets en plastique
SAINT-CYPRIEN,COLLECTION PARTICULIERE"







































CI-DESSOUS
Femme éclatée,ou L'Accouchement du taureau
TIR 1963
Assemblage d'objets, plâtre, peinture, objets divers, grillage sur panneau de bois
HANOVRE SPRENGEL MUSEUM HANNOVER
Cette pièce est un des rares exemples de représentations de femmes parturientes dans l'histoire de l'art. Elle appartient à la série des « Accouchements », des portraits de femmes grimaçantes, puissantes et terribles avec un corps démesuré, les jambes tronquées et une petite tête. Cette couvre semble faire référence à Pasiphaé, la déesse grecque qui accouche du Minotaure, une créature à tête bovine et corps humain. La sculpture, dont les articulations déchirées lui donnent un aspect monstrueux, est tirée à la carabine et sa surface laisse apparaître des éclats de peinture.


Ici, la dénonciation est évidente : quand elle dit "personne ne faisait attention à nous" c'est bien des hommes qu'elle parle.

"La monstruosité dans l'œuvre de Niki de Saint Phalle peut prendre des formes bien diverses. Elle adopte l'apparence d'un dragon, d'un homme ou d'une femme, ou encore se niche dans l'intimité des émotions. Dès les tableaux-tirs des années 1960, qui vont lui apporter la reconnaissance internationale et lui permettre de rejoindre le groupe des Nouveaux Réalistes, l'artiste affronte ses tourments en faisant saigner les toiles, qui prennent parfois la forme de bêtes effrayantes ou d'humains, grâce à des assemblages d'objets divers recouverts de plâtre blanc. Naissent ainsi la série des <<< Mariées » et celle des « Accouchements >>, dénonçant la condition des femmes pendant des siècles, ainsi que plusieurs assemblages exprimant la violence de la société. Ayant grandi dans un milieu où la femme était cantonnée à un rôle d'épouse et de mère, Niki de Saint Phalle démontre que la laideur et la brutalité ne sont pas uniquement issues des créatures monstrueuses mais existent aussi et surtout dans le quotidien de la société patriarcale qu'elle dénonce. Les monstres peuvent prendre la forme de créatures inventées par l'homme comme Frankenstein (Be My Frankenstein, 1964), personnage de l'âge de la mécanisation et fruit d'un assemblage dù à des progrès scientifiques en conflit avec l'éthique."

Voilà pour cette première partie, et oui j'ai scindé l'article en deux car je voulais absolument y mettre les explications affichées entre les œuvres; si je mets tout, après c'est trop long ! J'espère que cette première partie sera donc plus digeste. 

À  + !

Comme toujours l'écriture en italique et de cette couleur indique la retranscription d'un cartel, d'une explication donnée près de l'œuvre ou bien d'un extrait de livre d'un auteur mais certainement pas de moi.