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mercredi 2 octobre 2024

UN LIEVRE DANS LA BIBLIOTHEQUE DE MON FILS.

 Scrutant la bibliothèque dans l'entrée chez mon fils, je lui parle de mes derniers livres lus, trouvés plaisants mais sans plus, (le dernier de Joël Dicker et celui de Sylvain Tesson) et donc pas certain qu'il m'en subsiste quelques réminiscences d'ici quelques temps.

Il me dit alors eh bien tiens, il y en a un que tu devrais lire car moi, il m'a particulièrement plu: Le Lièvre aux Yeux d'Ambre.
 Le Lièvre aux Yeux d'Ambre de Edmund De Waal est paru en France il y a un petit moment déjà: en 2015  et, peut-être cela va vous parler, était paru auparavant en 2011 sous le titre "La mémoire retrouvée".

Et en effet, celui-ci m'a passionné. Alors. Je ne suis pas un littéraire, mais rien de mieux s'avère à mes yeux que de transmettre ce discret plaisir du partage entre mon fils et moi à mon entourage et dans ce petit blog.

L'auteur, Edmund De Waal, descendant de la famille Ephrussi, les Ephrussi d’Odessa vous connaissez ?  Qui ont fait immensément fortune dans le blé ukrainien et qui au XIXe siècle ont déménagé en Europe de l'ouest, investissant dans la banque et établissant des antennes à Vienne et à Paris. Rappelez-vous mon billet sur la baronne Charlotte Béatrice Ephrussi de Rothschild, mariée à Maurice Ephrussi. (lien) 


Empruntée à Wiki
  • Les netsuke sont de petites sculptures japonaises, originaires du 17ème siècle, initialement utilisées comme fermoirs pour les inrō, des boîtes portées avec le kimono.
  • Ils sont souvent ornés de motifs représentant des animaux du zodiaque, des créatures du folklore japonais, et d'autres thèmes culturels, devenant ainsi des objets d'art raffinés.
  • Bien que leur usage ait diminué avec la fin du port quotidien du kimono, les netsuke sont aujourd'hui très recherchés par les collectionneurs et admirés pour leur artisanat exceptionnel. (I.A.Qwant)

De Waal raconte à l'occasion de l'héritage de 264 netsuke leur parcours à travers le monde mais aussi à travers l'Histoire car nous allons remonter jusqu'au temps de leur acquisition par Charles Ephrussi, fascinant personnage.

De celui-ci grand collectionneur et contemporain de l'époque du japonisme dans cette fin du XIXe, l'auteur va dresser un formidable portrait et témoigner du fait qu'il fut le modèle de Swann de Proust.

Proustien avant l'heure ?
Je ne pense pas. Mais par l'intermédiaire de Charles, nous allons suivre, de loin certes, les débuts de Proust dans la société de l'art:

"Proust, nouvellement introduit dans son cercle, a pris l'habitude de lui rendre visite, grisé à la fois par sa conversation spirituelle, la mise en scène de ses trésors et sa place éminente dans la société. Charles connaît suffisamment le jeune homme avide de mondanités pour lui conseiller de ne pas s'attarder à un dîner après minuit, car ses hôtes sont morts de fatigues."

Ou encore :

"A l'instar de Laforgue, Proust lui soumet ses premiers écrits sur l'art , et reçoit de sévères critiques avant de se faire engager. Proust se lance dans une étude sur Ruskin. La préface de sa traduction de la bible d'Amiens est dédiée à "Charles Ephrussi, toujours aussi bon avec moi" "


Enquête passionnante.
De Waal va, par des allers et retours entre passé et présent, nous emmener dans son enquête passionnante du parcours de ces netsuke et nous confier ses découvertes, ses doutes mais aussi ses appréhensions sur ce qu'a vécu sa famille et la façon dont elle traversa 
l'Histoire,
l'antisémitisme,
les guerres, 
et décrit avec force détails la vie de quelques personnalités tel, donc, son grand oncle Charles. 

L'Histoire puisque nous allons voir défiler les grands évènements vécu par sa famille depuis le XIXe.

C'est à la fin du XIXe qu'apparait cette singulière attirance pour le Japon, ce qu'on a appelé "le japonisme" : le monde parisien se jette sur les "japonaiseries" importées à tout va, les Rothschild, les Camondo, les Goncourt, Fantin-Latour, Whistler, Manet, Monet qui peint Camille en Japonaise, Degas, van Gogh, Tissot et sa "Japonaise au bain"  pour ne citer que ceux-ci et Odette de Crécy qui reçoit Swann en kimono dont De Waal reprend la scène :

"En arrière-plan, les éventails éparpillés sur le mur font penser à un feu d'artifice de Whistler. Une espèce de morceau de bravoure pour le peintre, comparable au passage de "Du coté de chez Swann" où la demi-mondaine Odette de Crécy reçoit Charles Swann en kimono, dans un salon décoré de coussins en soie, de paravents japonais et de lanternes, et où flotte le lourd parfum des chrysanthèmes, exemple parfait de japonisme olfactif."

Charles Ephrussi bien sûr est de la partie; il acquiert une collection de 264 netsuke. 

L'antésémitisme :  les Ephrussi sont juifs et ne seront pas épargnés, les juifs commencent à être dénigrés dès les années 1880. Des scandales apparaissent impliquant des affairistes d’origine juive, les Goncourt jugent que les salons sont " infestés de Juifs et de Juives " et puis arrive l'affaire Dreyfus en 1894. 

L'engouement pour le japonisme perd de sa vigueur et Charles offre sa collection à son cousin Viktor qui réside à Vienne. Nous la suivrons donc en Autriche.

La guerre. De Waal raconte. La montée du nazisme, la guerre 1914, les juifs dépossédés, déportés, De Waal raconte.

Ce n'est que le début. A vous de lire. Je m'arrête là, je ne voudrais pas divulgâcher cette passionnante histoire du périple des ces netsuke.


Merci Juju.
A + !


Si vous voulez en savoir plus sans lire le livre :