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mercredi 8 octobre 2025

NIKI DE SAINT PHALLE - DENONCIATIONS

 L'expo à coté de chez moi, vous n'y coupez pas, je vous la partage. L'hôtel de Caumont accueillait Niki de Saint Phalle.

L'exposition est appelée "Le bestiaire Magique"



De Saint Phalle m'a surpris dans la première salle, moi qui pensait y trouver ses gros éléments bien rebondis, ses grosses bonnes femmes très colorées aux détails gommés par la rondeurs des formes, j'étais face à des œuvres tourmentées, issues d'un travail minutieux, dont les formes globales aussi bien que les détails ont suscité en moi un sentiment d'horreur.

Extrait du panneau:

"Cette salle présente des œuvres de la fin des années 1950 et 1960, dans lesquelles l'artiste évoque des lieux imaginaires hantés de légendes féériques. Les héroïnes s'échappent des châteaux gardés par les monstres ou parfois apprivoisent les dragons. L'imagerie du Moyen Âge est omniprésente dans l'œuvre de Niki de Saint Phalle, qui est conquise par le monde obscur des récits populaires dans lequel la naissance des créatures monstrueuses constitue une rébellion contre l'ordre des choses établies. Les monstres et les dragons sont une source d'inspiration permanente pour l'artiste qui les considère comme une représentation de ses peurs."

J'ai un petit doute, entre le terme "légendes féériques" et celui de "représentation de ses peurs" j'en ressent comme une contradiction. Moi perso, j'aurais parlé de cauchemars et - mais peut-être me trompais-je - j'y verrais plus comme une dénonciation, exorcisation de son mal-être émanant du traumatisme vécu dans son enfance (lien clic !). Mais ça je ne l'ai pas lu dans l'expo (enfin je n'ai pas tout lu non plus...)
Voyez plutôt par vous même.



"Le Château du monstre et de la mariée
Vers 1956-1958
Huile et objets divers (ficelles, boutons, etc) sur toile
BÂLE, MUSÉE TINGUELY, DONATION CHRISTOPHE AEPPLI, UN ENGAGEMENT CULTUREL DE ROCHE

En décidant de devenir artiste, Niki de Saint Phalle a choisi un destin différent de celui qui l'aurait enfermée dans le rôle de mère et d'épouse. Elle déclare : << Est-ce que ce sont les châteaux de mon enfance qui m'ont inspirée les lieux imaginaires que je ferai plus tard, qui sembleraient sortir d'un conte de fées ? » Le titre Château du monstre et de la mariée évoque d'horribles créatures emprisonnées dans l'édifice et montre une jeune femme avec un voile de mariée tenu par une fillette hors de l'enceinte, libre. La princesse a vaincu le dragon et s'en va au loin."









Pink Nude with Dragon : Détail






"Pink Nude with Dragon 1958
Huile et objets divers (grains de café, perles, cailloux, fragments de porcelaine, couvercle) sur contreplaqué
HANOVRE, SPRENGEL MUSEUM HANNOVER

Pour Saint Phalle, les animaux sont le support de la pensée symbolique, comme ils l'étaient au Moyen Âge, et l'art est un moyen de les affronter Ici, un personnage féminin est au centre de la composition et tient en respect un dragon à la langue fourchue. Par sa taille, la femme domine le dragon et semble le tenir pacifiquement en laisse. L'artiste évoque pour cette ceuvre l'influence du tableau Saint Georges et le dragon (1507) de Vittore Carpaccio. D'autres récits font écho à cette scène, comme le conte de La Belle et la Bête, union improbable d'un monstre devenu gentil grâce à une jeune fille très courageuse et déterminée,


Monstre (dragon) 
1964
Collage, feutres et crayons de couleur sur papier
COLLECTION PARTICULIERE COURTESY GALERIE GEORGES, PHILIPPE ET NATHALIE VALLOIS.

"Les dragons de sa palette peuvent être verts (teinte que le Moyen Âge attribuait au diable lors des
croisades) ou rouges, comme celui présenté dans cette salle, couleur duale par excellence. Pour l'artiste, les véritables dragons sont intérieurs, comme geôliers d'une éclatante vertu expressive et dont la présence signifie la libération et l'émancipation de l'ombre."


"Monstre crocodile ou Le Monstre

1964
Assemblage de jouets en plastique
SAINT-CYPRIEN,COLLECTION PARTICULIERE"







































CI-DESSOUS
Femme éclatée,ou L'Accouchement du taureau
TIR 1963
Assemblage d'objets, plâtre, peinture, objets divers, grillage sur panneau de bois
HANOVRE SPRENGEL MUSEUM HANNOVER
Cette pièce est un des rares exemples de représentations de femmes parturientes dans l'histoire de l'art. Elle appartient à la série des « Accouchements », des portraits de femmes grimaçantes, puissantes et terribles avec un corps démesuré, les jambes tronquées et une petite tête. Cette couvre semble faire référence à Pasiphaé, la déesse grecque qui accouche du Minotaure, une créature à tête bovine et corps humain. La sculpture, dont les articulations déchirées lui donnent un aspect monstrueux, est tirée à la carabine et sa surface laisse apparaître des éclats de peinture.


Ici, la dénonciation est évidente : quand elle dit "personne ne faisait attention à nous" c'est bien des hommes qu'elle parle.

"La monstruosité dans l'œuvre de Niki de Saint Phalle peut prendre des formes bien diverses. Elle adopte l'apparence d'un dragon, d'un homme ou d'une femme, ou encore se niche dans l'intimité des émotions. Dès les tableaux-tirs des années 1960, qui vont lui apporter la reconnaissance internationale et lui permettre de rejoindre le groupe des Nouveaux Réalistes, l'artiste affronte ses tourments en faisant saigner les toiles, qui prennent parfois la forme de bêtes effrayantes ou d'humains, grâce à des assemblages d'objets divers recouverts de plâtre blanc. Naissent ainsi la série des <<< Mariées » et celle des « Accouchements >>, dénonçant la condition des femmes pendant des siècles, ainsi que plusieurs assemblages exprimant la violence de la société. Ayant grandi dans un milieu où la femme était cantonnée à un rôle d'épouse et de mère, Niki de Saint Phalle démontre que la laideur et la brutalité ne sont pas uniquement issues des créatures monstrueuses mais existent aussi et surtout dans le quotidien de la société patriarcale qu'elle dénonce. Les monstres peuvent prendre la forme de créatures inventées par l'homme comme Frankenstein (Be My Frankenstein, 1964), personnage de l'âge de la mécanisation et fruit d'un assemblage dù à des progrès scientifiques en conflit avec l'éthique."

Voilà pour cette première partie, et oui j'ai scindé l'article en deux car je voulais absolument y mettre les explications affichées entre les œuvres; si je mets tout, après c'est trop long ! J'espère que cette première partie sera donc plus digeste. 

À  + !

Comme toujours l'écriture en italique et de cette couleur indique la retranscription d'un cartel, d'une explication donnée près de l'œuvre ou bien d'un extrait de livre d'un auteur mais certainement pas de moi.

mercredi 1 octobre 2025

LA RETRAITE EN MARCHANT, EN BARJAQUANT. LES CROCODILES.


- Salut mon ami ! comment va ?

- Comme un charme ! Pas mal nulle part, même pas le dos ! Et toi Phil ?

- Bien bien. On a ramené les petits-enfants à Paris et nous revoilà tous les deux à récupérer l'énergie qu'on a essayer de fournir ah ah ! On n'a pas vu l'été passé ! On dort comme des marmottes !

- Oh ! Pétard ! vé celui là il va nous écraser ! OH ! C'EST PAS LA CANEBIERE ICI !

- Laisse tomber René, il est jeune... 

- Et le code de la route il connait pas ?

- Tiens en parlant de code de la route, je me suis pris deux pv.

- Deux !! Qu'est-ce tu as fait ?

- Tu vois au niveau de la gendarmerie, le céder-le-passage ? 

- Oui et ?

- Et bien maintenant c'est un stop. Et je l'ai grillé un jeudi et le lendemain, rebelote.

- Oh fan, t'as payé combien ?

- 2 fois 90

- Oh fan !

- Et 2 fois quatre points en moins sur le permis, encore une fois comme ça et je n'ai plus de permis ! Je pense que je vais passer un stage de rattrapage de points.

- Oh fan ça va te coûter encore bonbon, la prochaine fois dis plutôt que c'est ta femme qui conduisait... Je fais comme ça avec Catoun

- C'est une solution. Mais si elle a un pv elle aussi ?

- Catoun ? noonn ! A chaque stop, elle s'arrête 3 secondes et pour me faire bisquer, elle compte comme ceci: 
un-cro-co-di-le-
deux-cro-co-di-les-
trois-cro-co-di-les.
Ce qui fait exactement 3 secondes.




mercredi 24 septembre 2025

LES JARDINS SUR LE CHAMP DE BATAILLE

 Visite du Domaine du Champ de Bataille, 2.

Pour ceux qui ont raté le coche du premier billet sur ce domaine privé de Jacques Garcia et son château, peuvent le lire ici.

En attendant nous allons prendre un café là. Joli salon de thé, le mobilier est superbe.


Pendant moult décennies, le parc, comme le château, fut plus ou moins entretenu notamment grâce à la noblesse d'Harcourt, et lorsque Mr Garcia les rachète, le propriétaire précédent avait créé un golf sur ces hectares. Bref, il fallait tout ou presque recréer dans cet immense parc. Grâce aussi à des plans originaux de Le Nôtre, Jacques Garcia fait renaitre les jardins à la française, grâce à un "scan aérien" il retrouve l'emplacement original du grand bassin circulaire: il reste fidèle à l'Histoire.

Et puis il y a tout le reste ! Comme je vous le disais dans le billet précédent, je ne vais pas faire de bla bla, juste rajouter des extraits des panneaux présentant les thèmes, voici les photos.

Lorsque vous êtes sur la terrasse du château face aux jardins, vous avez à main droite le bosquet de l'éden qui évoque le paradis dessiné par Le Nôtre, ou l'on peut voir le fameux pommier avec sa belle pomme, et une représentation d'Adam et d'Eve.
Et elle est où est la pomme ?
Et à main droite le bosquet de l'Erèbe 
l'Erèbe c'est le fils de Chaos, l'Enfer avant l'Eden.
On entre dans un sous-bois sombre et pas accueillant du tout ! Arbres tortueux évoquant la souffrance de l'enfer,  Citronniers épineux comme ceux qui auraient servi à confectionner la couronne d'épines du christ, aux pieds desquels le sol est recouvert d'ardoises où l'on ne peut marcher que maladroitement: signe peu rassurant d'instabilité, brrrr!

L'allée des Criosphinx. Buis taillés en topiaires étonnantes, représentant des criosphinx - chapeau les jardiniers - nous sommes en Egypte !

"Criosphinx sont taillés en topiaire, un exercice extrêmement complexe qui nécessite plusieurs tailles par an. Au bout de l'allée, vous trouverez deux grands obélisques, ainsi que deux sculptures évoquant l'Égypte ancienne présentes dans ce jardin.
Au centre, je vous invite à pénétrer dans le jardin de Diane et d'Apollon. Ces deux jardins sont fidèles au dessin de Le Nôtre pour le Champ de Bataille. Diane et Apollon sont nés de leur mère, Latone, que l'on retrouve grâce à cette sculpture centrale datant du XVIIe siècle."

Ah désolé, je n'ai pas photographié ni Diane ni Apollon :/

Passons aux Serres.

Une serre sert aux orchidées
 (quelques 900 specimens différents) 

et une serre sert aux fougères. 
(Luxuriance !)

Plus loin à travers les verres de la serre, un salon est utilisé par les amateurs et collectionneurs, les grands jardiniers d'Europe qui se réunissent "pour toutes les novations nécessaires pour les jardins de demain". 
Hélas la serre centrale est fermée où l'on aurait pu voir des grands vases de Massier, une sculpture de Gustave Doré: La Parque et l’Amour. Et beaucoup d'autres choses...
Plus loin de 1000 objets du céramiste Massier à fond bleu puis vert, etc. sont rassemblés dans l'autre aile de la serre. 



Jardin de Leda

Plus loin encore, bordé d'un talus de vignes et de pommiers, le petit temple de Leda dont l'intérieur est incrusté de pierres semi précieuses, est constitué d'éléments antiques;  pierres romaines, pierres noires en charbon recuit, et domine un canal de près de cent mètres.

 

Marchons plus loin encore


Derrière, après un magnifique sous-bois qui je devine qu'à l'automne, doit éclater de couleurs dorées,

 nous arrivons aux Tuileries ! 

Les Tuileries
Vous arrivez maintenant devant une colonnade de pierres évoquant un temple en ruines de l'époque romaine. Enfin, vous entrez dans un grand temple végétal avec des contreforts végétaux et une façade spectaculaire. Il s'agit du départ du grand escalier du Palais des Tuileries, démonté après l'incendie de 1871 et replacé dans une propriété située non loin de Paris en 1883. Un siècle plus tard, après la tempête de 1999 qui avait détruit cet ensemble, je l'ai racheté et réinstallé à Champ de Bataille.

Ce n'est pas tellement visible, sur la colonne on peut lire "TUILERIES 1871"

Retournons un peu sur nos pas pour contempler le Théâtre Antique, un magnifique théâtre de verdure et d'eau.

Retour au centre du parc pour les "Marches de la Vie"


Les Marches
Nous voici face à la cascade où je vous invite à monter ces fameuses marches de la conscience qui vous permettront d'atteindre le premier niveau. Là, vous pourrez admirer un ensemble de masques en plomb doré. Tous ces plombs sont des répliques, tout comme à la grande cascade de Saint-Cloud. J'ai moulé les plombs sur les originaux que nous avons ramenés dans le musée. 
Au deuxième niveau, après avoir découvert les marches cachées, vous vous retrouverez face au grand canal. C'est de là que vous aurez la meilleure vue et perspective sur l'ensemble du jardin, et surtout, quelque chose que je crois être unique en Europe : l'enfilade des cubes d'ifs de chaque côté, suivie des deux grands rideaux de charmilles également formés de cubes. Cet ensemble a nécessité trente ans pour arriver à maturité. Mon intention en créant cela était de réaliser un jardin profondément contemporain. Bien que le départ du dessin de Le Nôtre ait été une source historique, pour le reste, comme pour tout d'ailleurs, seule l'imagination compte. Cela reflète ma démarche dans toute ma vie : partir de l'Histoire pour créer l'Histoire.


De l'autre coté du grand canal (en bas sur le plan) 



L'autre "versant " du parc est constitué d'un jardin dit "anglo-indien" dont la magnificence n'a rien à redouter de l'autre coté déjà si sublime.

Cela commence par la Grotte de Cybèle.

La Grotte, vue du château, est quasiment cachée par une végétation qui la recouvre, faite de Sumacs de Virginie.






De près, on la découvre derrière cette série de colonnes. Le matériau est de la pierre volcanique apportée du Puy de Dôme.



L'intérieur a vocation à être un théâtre Elisabéthain (une scéne centrale et le public autour) 


Deux cascades se mettent à couler 1 heure par jour. Hélas nous n'étions pas là au bon moment !

(pas pris l'intérieur, désolé !)

Passée la magnifique roseraie,

nous terminons par le Palais Moghol. Celui-ci est fermé au public. Jacques Garcia raconte que, passionné par l'Inde, il y a plus d'une vingtaine d'années, eut lieu de terribles tremblements de terre là-bas et nombre de bâtiments du XVIe et XVIIe siècles n'étaient plus que ruines. Mr Garcia a pu à cette occasion acquérir des trésors architecturaux qu'il fit transporter dans 50 containers: Bois, Pierres, Marbres, Boiseries. Il fallut 10 ans pour le transport et 10 de plus pour la construction de ce Palais à l'évocation Moghol. Interdit au public mais loué pour contribuer aux dépenses d'entretien du domaine, Il est cependant possible de le visiter lors des journées du patrimoine.

Sur le coté un grand plan d'eau ou cygnes noirs et oies pataugent ensemble invitent à la méditation.

Si le temps n'était pas normand, on pourrait se croire à Udaipur.


À  + !

Comme toujours l'écriture en italique et de cette couleur indique la retranscription d'un cartel, d'une explication donnée près de l'œuvre ou bien d'un extrait de livre d'un auteur mais certainement pas de moi.