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mardi 16 septembre 2025

LE CHATEAU SUR LE CHAMP DE BATAILLE.

Visite du Domaine du Champ de Bataille, 1. 

Il y a des gens qui méritent notre entière admiration pour leur goût,  on pourrait objecter que c'est facile quand on a fait une école d'architecture intérieure comme Penninghen et bien non ça ne suffit pas, on peut avoir un don, une prédisposition à l'étude de la déco artistique mais tout le monde n'a pas la finesse, la faculté de "sortir du cadre" tout en gardant l'exactitude d'un contexte historique comme peut l'avoir Mr Jacques Garcia. Nous avions déjà, au lac de Côme, presque visité la villa Balbiano qu'il avait décoré, oui presque: n'ayant pu entrer, nous l'avions découverte sur le net (lien) .

Devenu propriétaire du Domaine du Champ de bataille en ruines (le château pas le champ de bataille car en fait qu'y t-il de plus en ruines qu'un champ de bataille, n'est-ce pas ?), Jacques Garcia a tout reconstruit ce qui était encore possible et puis il a réinventé le reste. Le bâtiment comme le parc sont ouverts au public depuis quelques années. Venez on va y faire un tour.

Attachez vos ceintures, ce château est à 2h de Paris en voiture par l'A13 vers la Normandie. 

Dés que l'on arrive, on sait déjà, rien qu'aux soins apportés au parking - surfaces gravillonnées couleurs blanc et or, bien ratissées sans aucun poil de mauvaise herbe accrochant le regard, séparations de bois et de haies bien taillées - Déjà, on devine que nous ne sommes pas dans n'importe quelle propriété. Celle-ci se veut irréprochable même dans l'accueil, une forme de respect rare à l'encontre de monsieur tout-le monde. Moi simple quidam, c'est ce que j''ai ressenti.

Et puis on arrive au château. Les premières pièces visitées sont les toilettes par les dames, mais ça ne vous intéresse peut-être pas sauf un détail certain, c'est propre. Voici le château:

 

Alors oui, je fus un peu déçu, m'attendant à une construction de belles pierres blanches, je ne sais pas si vous, comme moi, êtes restés un peu puérils mais ces briques rouges m'évoquent plus des bâtiments d'une grande manufacture plutôt que la demeure d'une grande famille nobiliaire. Mais cette impression mitigée va vite s'estomper, en attendant remarquez la porte majestueuse en forme d'arc de triomphe.

Je ne sais pas si Mr Garcia habite ici, les questions "people" ne m'intéressant guère, il me semble que ce château est utilisé essentiellement pour exposer ses collections. 

Quand on entre dans le vestibule au pied des escaliers majestueux, nous sommes accueillis par une charmante hôtesse habillée en costume d'époque,

Non non ce n'est pas elle l'hôtesse d'accueil 

parce qu'avant d'entrer dans les appartements, nous choisissons de visiter le rez-de-chaussée où une accumulation d'animaux, petit paradis pour les amateurs de taxidermie, a envahi les murs et les plafonds.


Aprés ce grand étalage d'histoire naturelle, tableau de chasse hétéroclite pour lequel je tique un peu mais bon, remettons-nous dans le contexte, cela reflète une époque révolue et on doit le prendre comme tel, on trouve aussi un immense bureau genre cabinet de curiosité avec une très belle bibliothèque. Vient ensuite une chapelle et également au fond les cuisines.

Repartons dans le vestibule et rejoignons l'hôtesse d'accueil pour entrer dans les appartements. 

Non non toujours pas elle l'hôtesse d'accueil 

Mais avant ne bougez pas ! Que je vous explique pourquoi ce nom de champ de bataille !

L'an 935 Une grande bataille se déroule ici. Elle voit s'affronter deux familles : l'une, qui règne sur le Cotentin, est menée par Guillaume Longue Epée, la seconde est celle de Bernard le Danois. Guillaume Longue épée l'emporte, offrant à la Normandie son indépendance, et à ce site un nom pittoresque.
(extrait du panneau explicatif "CHAMP DE BATAILLE EN 10 DATES" situé au rez-de-chaussée. Tout est en bas de l'article pour ceux qui ont la patience ou la passion)

Dans les magnifiques pièces (la plupart ont été restaurées entièrement) on peut admirer une multitude d'objets royaux ou ayant appartenu à des gens de la cour, des chaises de louis XV, la chaise roulante de Louis-Joseph-Xavier-François, fils aîné de Louis XVI et de Marie-Antoinette, un paravent de cette dernière pour ne citer que ceux-là.





Le Salon d'Aurore et Céphale
Ce salon présente une atmosphere proche de celle que l'on rencontre sous Louis XV plaisir de la conversation et de la relation sociale,
C'est aussi l'introduction à la bibliothéque avec ce beau bureau ainsi que le cartonnier qui furent réalisé par André-Charles Boule aux alentours de 1720. Le bureau présente un décor de bronze à têtes de satyres et une marqueterie de cuivre sur fond à écaille de tortue...

Le Billard
La salle de billard est intégrée à l'appartement de compagnie puisqu'à cette époque, le jeu est lié à la vie de société comme l'étaient les soupers et les diners de ce temps.
Cette salle ferme l'enfilade et constitue une pièce de détente, tout en introduisant aux petits appartements. 
Au mur, une tenture de la manufacture de Bruxelles en basse lice, représente les mois avec les signes du zodiaque associés. Les cartons de cette tenture sont de David Teniers et de Van der Hecke. 
Le mobilier en acajou est de Georges Jacob, le grand menuisier du règne de Louis XVI.
Sur la cheminée et dans la pièce, une pendule à la Geoffrin et un ensemble de bronze néo-classique. Au-dessus, sur le miroir, remarquez le portrait de Louis XIV en tapisserie des Gobelins. 
Au centre un exceptionnel billard d'époque Louis XIV dont on sait qu'il était le jeu préféré du roi. Une très belle queue de billard exécutée par l'ébéniste Georges Jacob pour la famille royale est posée dessus.

Le panneau continue ainsi :

Enfin, je souhaite vous citer une phrase de Talleyrand: << qui n'a pas connu la fin du XVIII° siècle, n'a pas connu la douceur de vivre. >>
J'espère que c'est ce que vous garderez comme souvenir du Champ de Bataille. Votre parcours ainsi terminé, nous vous invitons à regagner maintenant le vestibule d'honneur, au rez-de-chaussée. Et si vous ne l'avez pas encore fait, promenez-vous dans le parc, conçu pour votre plaisir.
A bientôt.

Non nous ne l'avons pas encore découvert ce parc et je dois dire qu'il m'a complétement époustouflé; nous ne somme pas dans un des splendides jardins des villas du lac De Côme ou du Lac Majeur qui sont très soignés et possèdent des essences d'arbres rares, ce n'est pas comparable. Nous sommes dans tout autre chose, quelque chose non pas qui les égale mais qui, à mon opinion, les dépasse largement, nous sommes, j'allais dire comme mais je dirai mieux qu'à Versailles.

Ceci dit j'aurais peu à commenter, par contre, j'ai beaucoup de photos à vous partager et c'est pourquoi celles-ci feront l'objet d'un autre article:  A bientôt dans le parc.

A + !




Comme toujours l'écriture en italique et de cette couleur indique la retranscription d'un cartel, d'une explication donnée près de l'œuvre ou bien d'un extrait de livre d'un auteur mais certainement pas de moi.

CHAMP DE BATAILLE EN 10 DATES

935 Une grande bataille se déroule ici. Elle voit s'affronter deux familles : l'une, qui règne sur le Cotentin, est menée par Guillaume Longue Epée, la seconde est celle de Bernard le Danois. Guillaume Longue épée l'emporte, offrant à la Normandie son indépendance, et à ce site un nom pittoresque.

1651 Alexandre de Créqui, issu d'une très ancienne famille noble picarde ayant pris part aux croisades, s'engage aux côtés du Prince de Condé dans sa rébellion contre le pouvoir royal. Une fois la Fronde des Princes écrasée par le cardinal de Mazarin qui gouverne alors la France durant la minorité de Louis XIV, il est contraint à l'exil sur ses terres. Il décide alors de se faire construire un palais magnifique qui lui rappellerait les fastes de la Cour à l'emplacement même d'un rendez-vous de chasse hérité de sa mère. Il s'adresse au meilleur architecte de son temps Louis Le Vau et au meilleur jardinier, André Le Nôtre dont un dessin du jardin français nous est parvenu. Malheureusement, paria sans revenus, Créqui meurt ruiné. Son neveu, le marquis de Mailloc, hérite de ses dettes et de son patrimoine. A la mort de ce dernier, sa veuve hérite d'un domaine en mauvais état.

1754 A la mort de de la marquise de Mailloc, née d'Harcourt, son neveu le duc de Beuvron, membre du gouvernement de Normandie, hérite du domaine. Au contraire de son oncle, il fait du Champ de Bataille sa résidence principale, bien décidé à montrer sa puissance et son pouvoir. Il entreprend alors d'énormes travaux pour rétablir les fastes d'antan. Les décors du salon Louis XVI illustrent assez bien le goût raffiné du duc pour sa demeure. La Révolution viendra interrompre cette tâche gigantesque, qui reste alors inachevée.

1795 Si le duc de Beuvron n'émigre pas (il part s'installer à Amiens), son château est toutefois séquestré et pillé.

1802 Après les troubles révolutionnaires, l'avènement du Consulat puis bientôt de l'Empire, amène un retour au calme. Les héritiers du duc de Beuvron se séparent alors du domaine et durant tout le 19ème siècle, plusieurs propriétaires vont se succéder, et parmi eux Antoine Prieur, spéculateur qui vendra le domaine par petits bouts, si bien qu'en 1900, le grand domaine se réduit pour l'essentiel au château.

1903 Cette année marque le retour des descendants du duc d'Harcourt dans l'histoire du château. Ils le restaurent en partie mais décident de s'en séparer en 1936 au profit d'une autre demeure.

1936 Le rachat du château par la municipalité du Neubourg, lui confère une toute nouvelle destination puisqu'il est transformé en hospice. A la toute fin de la seconde guerre mondiale, il devient même un camp de prisonniers et une prison pour femmes. Ces différents usages sont très néfastes pour le château dont les pièces et les décors sont endommagés.

1947 Pour la troisième fois de son histoire, les descendants d'Alexandre de Créqui se rendent propriétaires une nouvelle fois du domaine. Ils entreprennent alors une restauration des façades et des toitures afin de le maintenir << hors d'eau ». Dix ans plus tard en 1957, le château ouvre ses portes à la visite et accueille ainsi et pour la première fois du public. Le jeune Jacques Garcia fera partie de celui-ci. 1982 Le château est revendu une nouvelle fois. Le propriétaire transforme une partie du parc en golf.

1992 Cette année-là marque la renaissance du domaine du Champ de Bataille avec son rachat par le décorateur Jacques Garcia. Après 28 ans de travaux - les plus importants réalisés en France pour un domaine privé depuis le début du 20ème siècle - le château présente un faste digne des rois de France. Si l'essentiel de la restauration et de la création du parc est aujourd'hui réalisé, ce début du 21ème siècle reste pour lui l'occasion de continuer l'embellissement de ce site exceptionnel.

14 commentaires:

  1. Mais tu n'étais pas loin de chez moi ! je le connais bien ce château, je l'ai même visité du temps de ses anciens propriétaires et déploré ensuite qu'il soit laissé à l'abandon. Je n'y vais pas souvent, tu n'as pas dit que l'entrée était chère ! et j'avoue que ce n'est pas trop mon style (le château). Par contre, ce que Jacques Garcia a fait dans le parc est plutôt époustouflant. Il vient régulièrement au château où il invite ses riches copains parisiens et autres. Je l'ai aperçu plusieurs fois au cours de visites. Côté pratique, pour ceux qui pourraient venir sur les journées de patrimoine, il y a un tarif d'entrée unique de 20 euros et l'ouverture exceptionnelle du jardin indien (partie privée habituellement). Je t'assure que ça vaut le coup d'oeil ! voilà tu sais tout.

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    1. Bonjour Aifelle ! Tu habites donc une très jolie région ! La chance que tu as de pouvoir facilement aller te perdre dans ces jardins ! Mais c'est vrai nous avons payé 25 € l'entrée, ce n'est pas donné, en plus Jacques Garcia n'était pas visible ce jour-là nous n'avons pas pu prendre le thé avec lui ;)) mais comme tu dis, il vient souvent car mon fils l'a vu à sa dernière visite (de loin, de loin)
      Pour les 42e Journées européennes du patrimoine les 20 et 21 septembre 2025, un tarif unique de 20 euros par personne, avec gratuité pour les moins de 7 ans, franchement ça vaut le coup. Bonne journée !

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  2. j'ai vu un reportage il y a peu sur ce château, quelles collections!

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    1. Bonjour Eimelle, Il faut ab-so-lu-ment que tu prévois la visite du château mais aussi du parc : c'est incontournable ! Bonne journée !

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  3. Bon jour,
    no me
    suena,
    el de
    Montsegur
    si, aunque
    no lo situo,
    au revoir .

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    1. Hola,
      El castillo de Montségur está muy cerca de los Pirineos, pero el castillo del campo de batalla está en el noroeste de Francia, en Normandía. Gracias por su visita. ¡Hasta pronto!
      Adiós.

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  4. Tous ces animaux ont l'air de pouvoir te tomber sur la tète... ils me donnent presque le cauchemar :-))
    La salle de billard en revanche je la trouve particulièrement accueillante, avec son atmosphère qui me donne une sensation de chaleur...
    A bientòt dévouvrir le parc alors !
    Ciao Philff,
    siu

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    1. Ciao Siu ! Il y avait même une collection d'araignées, le cauchemar de mon épouse ! Je suis comme toi, j'ai bien aimé cette salle de billard ! d'ailleurs j'ai toujours aimé ces salles. Bonne soirée.

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  5. Joli château, belles photos et brillant humour ;)
    Bizarre les animaux collés au plafond...
    Bisous
    Anna

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    1. Olá Ana, Certes ces suspensions surprennent ! Dans certaines pièces interdites d'accès la collection continue avec de drôles d'échantillons genre girafon empaillé. Bises !

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  6. Encore un coin de Normandie à visiter (ce n'est pas trop loin de Paris)! J'ai cru que la photo était à l'envers ce n'est qu'avec la seconde que j'ai rectifié mes erreurs

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    1. Incontournable ! ça te consolera des lacs italiens ! Ce dimanche, journée du patrimoine, c'est moins cher et pour toi, si jeune, c'est gratuit ! Bon week end Miriam.

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  7. pour la journée du Patrimoine j'ai fait moins aristo : le chantier du métro du Grand Paris.

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