Après le Lac d'Orta qui ne manquait pas de charme grâce à sa quiétude (peu de touristes, nous ne sommes pas encore en pleine saison), après ce lac donc, nous sommes partis dormir à Levo dans les hauteurs de Stresa, petite ville sur le Lac Majeur. (
Guest House Casa del Folletto: bel hébergement, excellent accueil, excellent petit déj (si seulement les italiens savaient faire le pain...)
Si le lac d'Orta nous avait séduit par sa petite taille, et son romantisme italien émanant des ruelles de San Giulio, se prêtant plus aux rencontres amoureuses de qualité ai-je appris récemment ;)) le lac Majeur lui nous époustoufle par son étendue. Stresa est une belle ville ! Sur le bord du lac, les beaux hôtels se font concurrence mais la ville reste à taille humaine.
Si vous allez là-bas ne manquez pas de prendre un cappuccino (je dis ça mais vous prenez ce que vous voulez) sur le toit de l'hôtel La Palma, appelé "Sky bar" il n'est pas réservé aux clients de l'hôtel, c'est libre d'accès : il faut en profiter pour découvrir ce paysage.

Ce cappuccino, c'était le lendemain, car le soir de notre arrivée,
nous avons dîné au restaurant "Vista" conseillé par notre logeuse et n'avons pas été déçus ni par le repas, ni par LA vue, comme l'indique son nom.
Et de notre table, on distingue bien les îles Borromées si connues: au fond à gauche: l'Isola Madre, toujours à gauche devant: l'Isola dei Pescatori (ou l'Isola Superiore) et à droite: l'Isola Bella.
Nous savions au départ que la plus belle des trois est la Bella puis la Madre et enfin celle Dei Pescatori ou Superiore qui n'est intéressante que par sa simplicité et son authenticité : elle vit une vraie vie ! tout simplement parce qu'elle n'a jamais été la possession des Borromeo, et restée juste un petit village.
D'ailleurs sur le dépliant touristique de Stresa, elle n'est pas colorée en rouge signe non pas que le crayon de couleur avait la mine cassée mais qu'elle est considérée comme banale.
Intéressante surtout parce qu'elle vous propose des centaines de points de restauration, du simple vendeur de pizza au bon restaurant de poissons.
Alors alors; nous avons décidé de commencer le matin par Madre, puis passer à l'île Dei Pescatori (Superiore) pour manger un bout et ensuite finir par la più bella che fa onore al suo nome: Isola Bella !
Les deux meilleures façons d'aller visiter ces îles; les bateaux des compagnies privées et la ligne de ferry de transport public (ensuite il y a la nage, la barque, l'hélico...), notre choix de commencer par l'île Madre nous a obligé à prendre les bateaux des compagnies privées (le ferry lui fait le sens inverse) un peu plus chers de quelques euros certes mais bon, ce n'est pas l'arnaque non plus.
L'île Madre.
"Paradis terrestre ; arbres à feuilles d’or que le soleil dorait. On s’attendait à voir apparaître derrière un buisson le sultan grave et doux, avec son riche yatagan et sa robe de soie. C’est le lieu du golfe le plus voluptueux que j’aie vu, la nature vous y charme de mille séductions étranges, et l’on se sent dans un état tout sensuel et tout exquis. S’il durait longtemps, il ferait mal, tant il est nouveau ; puis on s’y accoutume et cela passe comme autre chose. — Deux percées encadrées de verdure et voyant le lac. — Arbres de tous les pays du monde, citronniers, orangers, palmiers, hêtres, etc., dont la cime paraît le haut des monts couronnés de neige."Ce n'est pas moi bien sûr qui pourrait écrire d'aussi belles phrases mais c'est tout le sentiment que j'ai éprouvé en découvrant l'île. Flaubert ne s'y est pas trompé, l'île est un chef d'œuvre. Plus le jardin botanique et ces paysages romantiques que le palais des Borroméo et son théâtre de marionnettes. Je commence par le palais.

Je passe rapidement sur l'histoire de l'île de San Vittore nommée telle avant les années 1500 possession des religieux, et l'île Renata renommée ainsi en 1563 par Renato (questo ha senso !) Borromeo. A partir de ces temps là, l'île reste à cette famille qui va faire construire le palais, jusqu'à sa forme actuelle identique depuis la fin du XVIIIe siècle et je suis charmé par l'aspect suranné des façades. L'intérieur lui a été plus récemment restauré par la Princesse Borromeo en 1978 et aménagé en musée et l’on peut y voir des meubles, des collections de tapisseries et porcelaines, un théâtre de marionnettes, une pinacothèque réunissant des tableaux de maîtres lombards du 17ème siècle et enfin un musée de poupées réunissant des pièces françaises et allemandes du 19ème siècle. Voici quelques photos.
Le palais abrite également une belle collection de livrées disséminée dans chaque pièce meublée.
L'importante collection de marionnettes est le clou de la visite. C'était un véritable théâtre domestique où la famille Borromeo divertissait ses invités. Plusieurs pièces du palais sont utilisées pour stocker les personnages et les décors ceux-ci conçus par Alessandro Sanquirico, le metteur en scène du Théatre de la Scala de Milan !
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| Dans les vitrines, les marionnettes, au-dessus les tableaux des décors. |
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| Marionetta: Arlecchino |
Le cartel:
"L'ENFER La scène de ce théâtre représente l'Enfer.
Les différentes marionnettes en symbolisent le milieu.
A gauche l'orgue à trois tuyaux pour obtenir des sons lugubres.
A droite, un monstre sur chariot, en tirant les ficelles les ailes bougeaient et des langues de feu sortaient de sa bouche."
La collection de poupées.
L'explication, (écrite telle quelle):
"LA CHAMBRE DU COLLECTIONEUR
Nous avons reconstruit le salon de la maison-musée, de la ville de Tours. La Collection a été léguée par Robert Pesché et Gisele Brault Pesché à la famille Borromée afin qu'elle continue à être vue par le publique. On peut voir des exemplaires de meubles marquèterie, une part de la riche collection de tableaux du XIXe et XXème Siècle, gravures, dessins, impressions, étains, porcelaines, poupées et jeux, objets de mobilier, curiosités et documents. Beaucoup sont déjà en exposition au château-fort d'Angera."
A noter que le château-fort d'Angera est aussi la propriété des Borromeo depuis des lustres et qu'il doit être sublime à visiter, malheureusement le temps manque et il nous faut faire des choix.
Les jardins de cette île m'ont enthousiasmés ! Des arbres plus beaux l'uns que les autres, des ouvertures sur le lac, admirables. Voici.
Une particularité est cet arbre, déclaré le plus bel arbre du monde avant qu'il ne fusse déraciné par une méchante tempête en 2006. Un cyprès du Cachemire.
Le cyprès du Cachemire. Une histoire de sauvetage
Dans la nuit du 28 juin 2006, une tornade a dévasté la partie nord d'Isola Madre, arrachant le grand cyprès du Cachemire qui se trouvait devant la demeure. Trésor vivant et symbole d'Isola Madre, il était arrivé en juin 1862 sous la forme d'un paquet de « graines très fraîches », envoyé de l'Himalaya par le correspondant des Borromées, William B. Pentland.
Toutes les énergies se sont immédiatement concentrées pour tenter de sauver cet arbre gigantesque de 70 tonnes, dont les branches s'étendaient autrefois harmonieusement sur des dizaines de mètres. L'un des seuls spécimens d'Europe, le cyprès du Cachemire est lui aussi en voie de disparition dans son environnement naturel. Son sauvetage a nécessité une opération d'ingénierie et de botanique de haut niveau, menée par une équipe de jardiniers, de techniciens, d'ingénieurs, d'ouvriers d'une entreprise spécialisée dans les câbles et de deux entreprises locales. Trois grues, larguées par hélicoptère, soutenaient un harnais de cordes en tissu spécial, fixées au sol dans des fosses en ciment.
Dès sa chute, une course contre la montre s'engagea. La base fut enveloppée de bâches spéciales constamment humidifiées et le feuillage aspergé d'antitranspirants. Tout cela pour maintenir les racines et les feuilles en vie le temps de redresser le tronc tombé. Après la mise en place des premiers treuils, le bridage du tronc commença et, avec une grande précaution, ce qui restait du cyprès commença à s'élever vers le ciel, tandis que l'énorme motte de racines s'enfonçait dans le sol et que le tronc de huit mètres de diamètre se soulevait du sol, se redressant.
Solidement ancré au sol par des câbles, le grand arbre se régénéra lentement et, après trois ans de convalescence, fut finalement déclaré hors de danger.
Même s'il ne retrouvera jamais la forme qui l'avait rendu célèbre et en avait fait « le plus bel arbre du monde », le grand cyprès d'Isola Madre demeure un précieux témoin d'un passé grandiose, tourné vers l'avenir.
En bateau maintenant pour l'île Superiore ou Dei Pescatori. Nous ne sommes pas attardés dessus, juste faire un petit tour dans les ruelles remplies surtout de boutiques de souvenirs et de restaurations rapides, sur le bord du lac s'enfilent tous les restaurants de poissons, nous avons préféré acheter des parts de pizza et focaccias excellentes, 3 euros l'unité: les bonnes choses ne sont pas chères en Italie !
Et puis nous avons repris le bateau suivant pour l'Isola Bella ! Mais ça ce sera pour le prochain billet car là je suis sûr que je vous ai perdu !
À + !