Quitté le
pied-à-terre de l’avenue Anatole France, Clichy-La-Garenne ! Ou j'étais comme aux Rues du Colisée, des cailloux, Montparnasse, si bien accueilli!
Adieu les platanes masquant les façades salies et tamisant la lumière estivale, agréablement.
Adieu les platanes masquant les façades salies et tamisant la lumière estivale, agréablement.
Et ces mêmes arbres dénudés l'hiver, laissant pénétrer la lumière pâlote du ciel Parisien, pluvieux et gris.
Adieu, le Parc Bich (ou Bic si j’en réfère à mon stylo) si bien agencé entre l’avenue, la rue des cailloux à gauche et celle de Chance-Milly en face ( je me suis longtemps demandé ce que signifiait ce nom, Chance Milly, j’ai trouvé cela dans un site de cartes postales anciennes : « Nom provenant par déformation du lieu-dit « Chasse Milly » ; le nom primitif est celui d’une remise de chasse qui existait dans les parages et qui s’appelait « Chasse Milly » Oui, je sais on s'en fout, mais quand même ça m'intriguait... )
Adieu le Parc Bich,
disais-je, dont la population est un vivant exemple de la pub Benetton.
Quitté donc l’appart de l’avenue Anatole France, certainement identique à celui que, deux portes cochères plus loin, Mr Miller habitait. Mais, n’est-ce pas le moment opportun pour (enfin) se décider à satisfaire ma curiosité et connaitre la vie de ce monsieur pas ordinaire dans ce coin de Paris, coin qui, à l’époque, était déjà considéré un peu comme la limite, avant les bas-fonds de la banlieue ? Si, si : c’est maintenant ou jamais.
Henry Miller.
Henry Valentine
Miller est un romancier et essayiste américain né le 26 décembre 1891 à New
York et mort le 7 juin 1980 à Pacific Palisades. Wikipédia.
Le scandaleux Henry Miller de par son œuvre dite
« à caractère pornographique » était déjà venu en France en 1928/29 avec son
épouse June, il y revient seul en 1930 mais fauché. Vivotant de ses articles,
il crèche dans différents hôtels, apparts de la Capitale et squatte les
terrasses des cafés pour écrire. Notamment le Wepler,place Clichy :
« Jours tranquilles à Clichy » Le livre :
« D'un côté de
la place Clichy se trouve le café Wepler qui fut longtemps mon repaire préféré.
Je m'y suis assis, à l'intérieur ou sur la terrasse, par tous les temps. Je le
connaissais comme un livre. Les visages des serveurs, des directeurs, des
caissières, des putains, des habitués, même ceux des dames des lavabos sont
gravés dans ma mémoire comme les illustrations d'un livre que je lirais tous
les jours. Je me rappelle la première fois où j'entrai au Wepler, en 1928, avec
ma femme sur les talons ; je me souviens de ma stupéfaction lorsque je vis une
putain s'écrouler ivre morte sur l'une des petites tables de la terrasse, sans
que personne ne vienne l'aider. L'indifférence stoïque des Français me
bouleversa et me fit horreur ; c'est d'ailleurs toujours le cas, malgré toutes
les qualités que je leur ai découvertes depuis. »
« Jours tranquilles à Clichy » Le Film, extrait:
De la brasserie Wepler à l’avenue Anatole
France, Clichy-la-Garenne, il n’y a que deux pas ou plus précisément deux
stations de métro. Il habitera à Clichy de 1932 à 1934 avec son ami Alfred
Perles, écrivain Viennois (qui lui n’aura pas droit à la plaque
commémorative)
«À la fin de Mars 1932, Henry et Fred ont emménagé
dans un petit appartement modeste regardant 4, Avenue Anatole-France.
L'appartement est composé de deux chambres, une cuisine et une
salle de bains, et se trouvait à pied d'une
demi - heure de la Porte de Clichy, dernier arrêt du métro
". Brassaï. (Voir article bien fait d’ Alex Schafran ICI)
C’est là qu’il
terminera son livre le plus connu : Tropique du cancer. Il quittera ensuite
Clichy pour un énième autre endroit de Paris puis quittera la France en 39… pour revenir plus tard...
D’autres œuvres suivront comme
la trilogie la Crucifixion en rose, qui comprend Sexus, Plexus et Nexus. Mais
ce qui est remarquable, pour moi, c’est ce petit livre écrit directement en
français (et le seul) qui me tenterai bien : J’SUIS PAS
PLUS CON QU’UN AUTRE terminé en 1976 et dont une phrase reprise récemment par
l’in-com-parable François Morel sur France Inter, il n’y a pas si longtemps et
qui m’apparait comme promesse de sagesse :
«N'essayez pas de changer le monde, changer le monde"
A + !
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