Pour qui connait Arles, en parle généralement pour son patrimoine assez important : Les Alyscamps, le théâtre antique, les arènes, et autres vestiges trouvés dans le Rhône tel que ce buste de Jules césar (mais est-ce bien lui?) etc. Autre fait marquant concernant cette commune: elle est la plus étendue de France avec 76000 Ha dont une bonne partie de la Camargue. Mais ce dont on parle de plus en plus maintenant ce sont les expositions qui s'ouvrent tous les ans hors les remparts (qui n'existent d'ailleurs plus guère). Il y a un festival consacré à la photographie, le plus grand du genre en France : Les Rencontres d'Arles très connues donc, et puis depuis quelques années LUMA Arles.
Luma Arles, pardonnez-moi la description qui va suivre et que j'ai pompé mais je l'ai trouvée tellement complète qu'il fallait que je vous la livre telle quelle. Donc Luma Arles est "un campus créatif interdisciplinaire où à travers des expositions, des conférences, du spectacle vivant, de l’architecture et du design, des penseurs, artistes, chercheurs, scientifiques, interrogent les relations qu’entretiennent art, culture, environnement, droits humains et recherche."
Le site Luma Arles, nous le devons à Maja Hoffmann, collectionneuse d'art, mécène et réalisatrice de documentaires suisse. Elle en est la fondatrice. La fondation LUMA, nom qui vient de la contraction du prénom de ces deux enfants, créé en 2014, est conçu par Frank Gehry sur les anciens ateliers de la SNCF du XIXe siècle. L'architecte Annabelle Selldorf rénove ces anciens ateliers en espaces qui permettent la réalisation et l'exposition d'œuvres d'art.
Et après cette trop longue entrée en matière, excusez-moi, qui se traduit pour ma part, par beaucoup, beaucoup d'expos, voici ce que je voulais vous montrer ce n'est non pas des expos mais plutôt l'écrin de celles-ci : la tour Gehry.
La Tour de 15 000m² et d’une hauteur de 56 mètres, se compose de trois matériaux principaux : l’acier, le béton et le verre. Elle a 10 niveaux et, à sa base, une rotonde de 54 mètres de diamètre.
Ce qui est remarquable dès le premier coup d’œil, c'est l'aspect torsadé et désordonné: Dans un film documentaire que lui avait consacré Sydney Pollack, (
https://worldscinema.org/2019/02/sydney-pollack-sketches-of-frank-gehry-2005/) on voyait Gehry chiffonner un papier et, plutôt que de le jeter à la corbeille, s'en inspirer pour dessiner l'esquisse d'un projet. Ici, la silhouette de la tour Luma semble trouver sa source dans une manipulation de ce genre, la façade semble un peu chiffonnée.
Pour qui cela intéresse, voici la construction du bâtiment en vidéo, de 2014 à 2021, date de l'ouverture, cliquer sur la photo.
On entre par cette vaste rotonde, immense, elle abrite plusieurs salles d'expo. A l'intérieur, on est vite attiré par une installation ludique: un toboggan :)
Isometrics Slides. Ce double toboggan est une nouvelle itération de Carsten Höller qui est déjà coupable d'autres installations toutes aussi glissantes à Londres, Florence, Weil am Rhein, Brisbane, New York, etc. Ne serait-ce point une invitation à y penser comme un moyen de transport rapide et pratique !
Les salles alentour proposent des expos mais la signalétique est très
discrète: il faut chercher un peu (ou alors télécharger l'application). Le fascicule donné à l'entrée,
indique d'autres "choses" à voir aux autres étages: direction les
ascenseurs. La façade du hall aux ascenseurs est très originale: le mur
est bardé de plaques de sel cristallisé formant une surface proche d'un
mur givré.
Montons directement au dernier étage: le 9ème: Espace compartimenté par des rideaux métalliques, différents éclairages modifient les piéces, mais surtout quel super panorama !
Le 8éme étage est dans le même style, cliquez sur l'image pour mieux lire.
Les 7, 6, 5 et 4éme niveaux sont privés, du coup, dans la cabine nous appuyons sur le 3.
Et au 3éme niveau, nous découvrons la bibliothèque. Sur la porte, il est indiqué :" La bibliothèque prend feu" une jeune femme nous précise que nous allons avoir une explication à l'intérieur et nous savons de suite que ce n'est pas une bibli comme on la conçoit habituellement. Dès la porte franchie, nous découvrons un sofa en angle, au pied duquel deux téléviseurs fixés au sol avec des écouteurs à coté, et où est diffusé deux films américains, une machine à café. Des livres. Une chaine hi fi, des vinyls et un jeune homme debout qui nous attendait.
Son discours est très intéressant, la bibliothèque telle qu'elle est conçue est une bibli expérimentale. Le discours est un peu pointu et la concentration se dilue, nombre de personnes commence à s'éloigner, à regarder ses pieds, son smartphone... ou à regarder les uns à regarder les autres, comme moi. Ce que j'en ai compris - excusez-moi, je fais ce que je peux avec mes quelques neurones qui jouent à cache-cache dans ma boite crânienne-
elle est un espace conçu pour y déchiffrer l'Image sous toute ses formes, à partir de tous les volumes et leurs détournements, livres, vidéos, écrans et veut conduire l'utilisateur à rechercher un nouvel instrument de lecture. (vaste programme me direz-vous)
Pour exemple le guide nous montre un livre d'images assez binaires (tons clairs et tons sombres) et tourne les pages en nous commentant chaque page
i.e.ici un champs cultivé aux rangs de terre brune bien alignés avec au-dessus des grands oiseaux (stylisés en fait ce sont plutôt des grands V) dans un ciel au crépuscule et à la fin du livre, il le retourne et recommence la lecture, le livre donc a l'envers, nous voyons donc que sur chaque page un nouveau dessin apparait et à l'instar du paysage bucolique les oiseaux sont autant de toits de hangars violets d'où s'échappent des colonnes de fumée marrons (le champs est en haut chaque rangs de terre est une colonne de fumée). On ne voit pas toujours ce qu'il y a à voir. Exemple simple me direz-vous car nous
connaissons ce genre de livres pour enfants, mais cela à plu à l'auditoire, content d'avoir quelque chose de tangible dans ce laïus artistique poussé. La démarche est certes difficile à cerner certes mais séduisante, une recherche dans chaque objet à y déceler une autre possibilité de lecture...suspense.
La bibli est vaste, au fond, il y a des bureaux pour y installer son pc, un studio de montage image/son, des banquettes...
Je n'ai malheureusement pas plus de photo à vous montrer.
A voir, il n'y que la Bibli au 3ème, nous descendons donc au second par des escaliers.
A ce niveau, il y a l'accès à Isometrics Slides pour faire une glissade mais aussi un espace pour découvrir un "voyage intérieur" nommé "Endodrome" par l'intermédiaire d'un casque de réalité virtuelle.
C'est une expérience intéressante "images et son" qui vous transporte dans un espace de "brumes" colorées de jets de vapeurs passagères, on est un peu en voyage dans des nuages en apesanteur.
Pour descendre plus bas, il y a de beaux escaliers, au dessus desquels une installation constituée d'un grand miroir circulaire est accrochée au plafond.
Ceci ne sont pas des escaliers, aurait dit Magritte, et aurait eu raison car ce n'est que son reflet.
Ce qui est remarquable dans cette installation c'est que le miroir tourne doucement sur lui même. Et ces deux photos sont prises de ce miroir qui tourne.
Et donc Philfff ?
Et bien en fait le miroir tourne mais le reflet lui, bien sûr, reste: alors à quoi peut bien servir cette rotation ??? mes synapses font des étincelles.
En bas de ces beaux escaliers, d'autres salles nous ouvrent leurs portes. La première fois que nous sommes venus dans la vaste galerie principale étaient exposés une grande sculpture en cire d’Urs Fischer reprenant l’Enlèvement des Sabines de Giambologna, une grosse bougie en somme car trois mèches sont allumées et font fondre l'oeuvre lentement. plus loin la Blanche Neige en noyer de Paul McCarthy, les journaux de Rikrit Tiravanija ou les bustes en plâtre de Nefertiti affublés de lunettes de soleil par Isa Genzken.
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"La
sculpture "White Snow and Dopey, Wood" a été réalisée en bois de noyer
foncé, à partir d’un modèle en argile, en ayant recours à la
modélisation 3D. Le support lui-même bouleverse la visualisation des
formes. Le public devient un voyeur, s’approchant au plus près pour
distinguer les traits inquiétants de Blanche-Neige et du nain Simplet,
qui jouent ensemble une scène entre plaisir, perversion et appel au
secours. | En créant des sculptures qui représentent des
personnages de l’enfance exécutant des actions obscènes et dérangeantes,
McCarthy déconstruit les mythes de pureté qui entourent ces figures
pour révéler leur nature liminale commercialisée et sexualisée, tout en
réfléchissant à la part d’ombre de la nature humaine." |
La dernière fois que sommes passés, (l'entrée est totalement gratuite sauf le parking 1,50 € la journée) moins de d'expos temporaires mais une belle:
Diane Arbus :
Constellation. (Pas de photos autorisées)
Voilà, c'est plus le bâtiment que j'ai aimé vous montré que les expos. Ma visite est loin d'être exhaustive de tout ce qu'il y a à voir : il faut venir !
à + !