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mercredi 7 août 2024

AU-DELA DE LA CONSCIENCE AU PAVILLON DE VENDÔME. CHIHARU SHIOTA.

Chiharu Shiota expose à Aix-en Provence dans trois différents endroits: 

"Au Musée des Tapisseries, les fils rouges constituent un tunnel que le visiteur est invité à traverser, pouvant être protecteur ou oppressant. Une expérience à éprouver pour une transformation tel un cocon ou une chrysalide."

"A la Chapelle de la Visitation, dans l'installation monumentale Collecting Feelings, l'artiste insère dans cette pluie de fils rouges des lettres de remerciements- ou de gratitude collectées à travers le monde... "

"Au Musée du Pavillon de Vendôme, les différents salons dévoilent le panel des créations de l'artiste traversant toutes les périodes. Photographies, dessins, installations, sculptures en fils ou en verre, toiles brodées sont présentés."

Les surveillances d'examens  des Master de l'université qui pimentaient mes journées de juin me laissaient une heure ou deux entre elles. Ce jour-là j'avais donc une heure à tuer mais je ne suis pas méchant, je l'ai fait délicieusement et c'est au Pavillon de Vendôme à Aix-En-Provence où j'ai choisi d'aller.

C'est beau, c'est rouge, ou c'est noir, c'est éphémère (nous dit-on, mais quelques œuvres datent un peu).

C'est du fil de laine rouge, rouge parce qu'associé au flux sanguin et aux connexions humaines. Fil noir, au ciel nocturne ou au cosmos.

 Au-delà de la conscience. 

"Au-delà de la conscience, car toutes les œuvres de cette exposition traitent de processus dont nous ne sommes généralement pas conscients dans notre vie quotidienne, comme les mémoires universelles, la connectivité de tout et de tous, l'influence culturelle ou les processus dans notre corps."
Chiharu Shiota.





Connected to the Universe
2024
Fils sur toile : Thread on canvas
Courtesy Galerie Templon




























Endless line
2024
Fils sur toile / Thread on canvas
Courtesy Galerie Templon

On ne voit pas bien sur la photo mais imaginez tout ce fil qui se croise et s'entrecroise symboliquement sans fin formant tout ce réseau. Un travail très minutieux qui me fait penser aux grandes villes vues d'avion la nuit. En plus moi j'aime bien les triptyques.

Life Unknown
2023
Corde, filet,figurine en acier / rope, net, steel figure
Courtesy Galerie Templon

"Cette exposition explore la condition humaine et ce qui se cache derrière. Dans mon travail, j'essaie de trouver un sens à la vie, à la connexion et à la mort. Je m'inspire de mes émotions et de mes expériences, mais il ne s'agit pas seulement de moi. Nous pensons tous que nous traversons la vie seuls et que nous sommes les seuls à avoir certaines pensées et sentiments dans notre cœur, mais nous sommes connectés de plusieurs manières. Nos souvenirs sont une partie cruciale de notre identité..." Chiharu Shiota.

Glass
2024
Matériaux mixtes / mixed media
Courtesy Galerie Templon

State of Being
2024
Bronze, fil métallique / bronze, metal wire
Courtesy Galerie Templon



Earth end Blood
2014
c-print
Courtesy Galerie Templon

Glass
2024
Matériaux mixtes / mixed media
Courtesy Galerie Templon


Déjà exposé au Musée Guimet en 2022, « Living Inside », livre une réflexion sur l’enfermement en temps de pandémie. Le fil de laine ici, tisse une toile autour de chaque objet miniature; lits, chaises, tables, armoires, vaisseliers, téléviseurs, etc. 

Living Inside
2021
Matériaux mixtes / mixed media
Courtesy Galerie Templon






Dans le salon du rez-de-chaussée, une installation est très belle mais de près il est difficile d'apprécier l'ensemble: le salon est à mon avis trop petit.

Et difficile à expliquer. 
Out of my Body
2020
Cuir, bronze / leather, bronze
Courtesy Galerie Templon

Alors je m'en suis remis à ces quelques mots lus sur un site :
"Dans d’autres de ses œuvres, elle tente de capturer la sensation de partir, cette impression que le sol se dérobe sous nos pieds face à une nouvelle bouleversante. Elle y explore également la question de ce qui survient de la conscience humaine après la mort."


Un dernière œuvre :

From DNA to DNA
1994
c-print
Courtesy Galerie Templon


Les œuvres sont belles et, sauf les photographies assez dures visuellement, sont - presque - accessibles à tous. En tout cas le message de liens conscients et non conscients est très compréhensible, même aux enfants.

A + !


mercredi 31 juillet 2024

LA RETRAITE. EN MARCHANT, EN BARJAQUANT. Les herbes.

- Salut René !

- Encore en retard Phil !

- Et que non ! Regarde il est juste sept heure et demie.

- Oui exact, ah ah ! mais c'était juste pour te brancher ! 

- Aaah ! ok ! Bon on monte aux vignes ? Et après on fait la rivière ?

- Comme tu veux Phil, vé je te suis.

- Té vé ! ils ont labouré tout le talus là ! On n'y voit plus de thym du tout.

- Oh mais ça fait pas un petit moment que c'est comme ça ?

- En parlant de thym, la plante que tu m'as donnée a bien repris, à quel moment je dois la couper pour la sécher ?

- Ah ! la rég' ! Il faut attendre qu'elle fleurisse et ça commence là, maintenant.

- Et quelles proportions avec le reste ? 

- Bah c'est pas compliqué, tu fais un quart de chaque, 
un quart de rég', 
un quart de thym, 
un quart de romarin 
et un quart de poivre d'aï.
Mais pour le talus, Phil, tu perds la mémoire, ça fait cent ans et trois dimanches que c'est comme ça !
A + !

mercredi 24 juillet 2024

L'ANECDOTE. WANKEL.

Ce billet aurait pu être une de ces anecdotes, vous savez, au cours d'une visite, d'un voyage, dans un livre, un film il y a toujours quelque chose qui saute aux yeux, un petit quelque chose qui vous interpelle, un détail, anecdotique certes, mais qui s'imprime dans votre mémoire en rapport avec le lieu. Bref un de ces petits détails comme je les aime.
Mais ici non, cette anecdote je pensais l'aimer et puis non. Cette fois ce détail débouche sur tout un questionnement c'est le grain de sable qui coince le rouage dans la conception de mon billet : j'aurais voulu une gentille anecdote ou bien un détail ravissant comme j'aime vous les soumettre ici ou mais ça a foiré.
Au départ, il y a cette voiture vue au Musée de l'automobile à Turin, chouette musée qui regroupe plus de 200 machines. On en a pleins les yeux, nous déambulons entre des tacots aux formes élégantes et des voitures de sport aux calendes agressives. Nous en voyons de toutes les couleurs, tant et si bien qu'il arrive un moment où l'on zappe un peu les modèles "un peu courants". C'est là que mon regard acéré (parce que muni de lunettes à verres progressifs, je lis M R T V F... sur le tableau de mon ophtalmo oui oui)  tombe sur une plaque :

"1970 NSU / RO 80
Le moteur Wankel était silencieux, léger et rapide. Mais sa consommation de carburant est élevée et il restera une mode passagère.
Double rotor
996 CC
100 HPa - 5500 RPM
180 km/h"

Ce qui m'a retenu c'est le moteur double rotor que Wankel a inventé.  

Le moteur Wankel, dit moteur à piston rotatif, est un moteur à combustion qui utilise une conception unique en forme de rotor triangulaire pour convertir l'énergie du carburant en énergie mécanique, sans cylindres ni pistons, ce qui le rend plus compact et plus léger. 
Image empruntée à Wiki tellement elle est explicite
 
Ci-dessus un schéma de fonctionnement, ici on voit bien le principe: c'est une géniale adaptation de la bonne vieille pompe à palettes que votre prof de techno  il y a bien longtemps vous expliquait consciencieusement tandis que vous jouiez au morpion avec votre voisin.

Oui bon vous allez me dire d'accord et alors ? et bien d'abord, c'est moins de vibrations, moins de bruits. Ensuite le régime moteur (le nombre tour du vilebrequin par minute) est beaucoup plus élevé, et du fait que  le piston entraîne les gaz à une vitesse qui croît avec le régime moteur, dès qu'on appuie sur le champignon la réponse est  rapide !  Pas mal de constructeurs l'ont compris : NSU, Citroën, Mazda, Suzuki, Comotor, etc. mais malheureusement ont abandonné par la suite à cause de la grande  consommation de carburant et une usure de l'étanchéité demandant un entretien plus fréquent. 
Mais l'avenir de ce moteur n'est pas terminé, malgré ce que dit la plaque "il restera une mode passagère." il revient dans les voitures hybrides et est étudié pour des voitures à hydrogène pour ne citer que ces deux exemples.

Voilà ! Belle anecdote n'est-ce pas, dans le monde de la mécanique qu'un homme puisse contribuer par son génie à l'innovation de la technologie. 
Oui mais voilà,
J'ai cliqué sur Wankel dans Wiki

"Felix Heinrich Wankel (né le 13 août 1902 à Lahr/Schwarzwald, mort le 9 octobre 1988 à Lindau) est un inventeur allemand autodidacte, qui industrialise le moteur à piston rotatif."

ça commence comme ça.
"Un nazi de la première heure
Wankel s'était inscrit dès 1922 au parti nazi (NSDAP)..."

Et puis ça continue
 "...Heinrich Himmler visita lui aussi Wankel dans son atelier de Heidelberg, s'y fit présenter le viseur point rouge et posa des questions sur la fabrication des réchauds à gaz, qu'il était possible de convertir à la fabrication de lance-flammes."

Enfin vous voyez le genre, je ne vais pas poursuivre. La coruscation éblouissante de mon enthousiasme pour l'invention se réduisait à une flamme hésitante devant l'inhumanité du concepteur.
D'où la question qui revient à chaque fois, l'éternelle polémique à savoir, comment dissocier notre admiration pour un talent, un chef d'œuvre, une géniale invention issu d'un personnage dont les propos, les actions expriment l'abjection ? Je n'ai pas trouver la réponse. 
Maintenant lorsque je parle du moteur rotatif je ne peux pas m'empêcher de penser au Wankel nazi. 
Quand je regarde les Tontons flingueurs, dialogues de Michel Audiard, je pense aussi à antisémitisme, collabo. Quand je lis Céline pareil. Que penser de Sartre ? Quand je regarde un tableau de Hopper, mon peintre préféré, je pense à sa femme battue. Je ne lirais plus un livre de PPDA. J'attend la justice pour Depardieu, violeur ou juste gros con parvenu ? Etc. Etc. 
Tout ça m'énerve, 
Moi je voulais juste vous parler d'une anecdote.
A + !