L'excellente cousine a eu la bonne idée d'aller visiter cette expo d'Eva Jospin à Avignon. Bonne idée, car les œuvres sont originales et originalement exposées dans le palais des papes, que je n'ai d'ailleurs jamais vraiment visité. Cette expo se nomme Palazzo.
Eva Jospin - la fille d'un premier ministre de gouvernement de gauche des années 80 - 90, Lionel, député et premier secrétaire du parti socialiste avant que celui-ci ne parte à vau-l'eau et nous laisse sur le cul avec nos illusions perdues... Bref, Eva Jospin est une artiste plasticienne assez originale pour ses travaux en utilisant comme matériau le carton ondulé eh oui, il n'y a pas que les vaches ;) Passons.
Surtout pas que ça mais ça surtout pour l'originalité. (c'est français ça ? j'espère que vous m'avez compris).
Le palais des papes à Avignon se prête à merveille à l'exposition de ces sculptures monumentales, l'âpreté des murailles, l'absence ou l'effacement presque totale des fresques murales donnant un aspect délabré aux salles immenses s'accordent parfaitement au ton brun mat et uniforme du carton. Et on pourrait dire aussi l'inverse: l'aspect brun gris mat et uniforme des œuvres en carton se prêtent à merveille à l'austérité des lieux. Bref, l'un ne gêne aucunement l'autre.
J'ai trouvé admirables ces œuvres sur la nature notamment ces forêts. Cisèlements incroyables qui donnent naissance à des profondeurs en trompe-l'œil.
Et ces reliefs, artefacts de concrétion calcaire, d'effets mixés de stalac tites et mites, entrées de grottes mystérieuses démontrant le travail minutieux de l'artiste.
Utiliser le carton comme matériau n'est pas nouveau et puis le travail parait facile, à partir des plans droits et rigides, la sculpture est aisée: la matière n'est pas dure, de bons ciseaux, cutters suffisent. Ce qui est innovant par contre, outre la monumentale accumulation, c'est la façon assez originale, cette superposition de couches pour constituer des volumes conséquents qui relève autant de l'architecture de bâtiments que de l'observation de la nature. Et la dextérité de la ciseleuse.
Ce qui suit est aussi très imposant.
Voilà, inutile de vous coller quelques photos de plus, il faut voir chaque installation de près, tourner autour pour en découvrir tous les nombreux détails. Et puis se rendre compte que chaque "monument" nous amène à un questionnement sur la possibilité d'un conte, d'une légende, d'une histoire comme on aime; dramatique ou surnaturelle, fantaisiste ou romantique, etc. selon nos goûts perso, s'imaginer l'aventure et explorer le centre de la terre avec Hans et l'oncle Lidenbrock:
"Le lendemain, à mon réveil, je regardai autour de moi. Ma couchette, faite de toutes les couvertures de voyage, se trouvait installée dans une grotte charmante, ornée de magnifiques stalagmites, et dont le sol était recouvert d’un sable fin. Il y régnait une demi-obscurité. Aucune torche, aucune lampe n’était allumée, et cependant certaines clartés inexplicables venaient du dehors en pénétrant par une étroite ouverture de la grotte. J’entendais aussi un murmure vague et indéfini, semblable au gémissement des flots qui se brisent sur une grève, et parfois les sifflements de la brise.
Je me demandai si j’étais bien éveillé, si je rêvais encore, si mon cerveau, fêlé dans ma chute, ne percevait pas des bruits purement imaginaires." (Au centre de la terre de Jules Verne (s???))
Ou bien appréhendant les complots du Grand Forestier, s'imaginer l'inquiétude, en spectateur attentif en compagnie d'Othon et de son frère à voir surgir de sombres temps proches:
"Et les morts comme si les limbes s'étaient ouvertes, surgissaient invisiblement. Ils nous environnent dès que notre regard se pose avec amour sur une terre à l'antique cuture, et tout comme leur héritage est vivant dans la pierre et dans le sillon, leur âme très ancienne est présente sur les terres et les campagnes" (Sur les falaises de marbres d'Ernst Jünger)
Comme titre Eva Jospin, une échappée.
A + !