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mercredi 20 décembre 2023

UN ARRET A LA SPEZIA.

Arrêt à La Spezia. 

La météo n'est pas avec nous: on s'est dit qu'il serait opportun d'aller quelque part à l'abri ! Nos pas nous dirigent naturellement vers l'imposant château San Giorgio et ses massives murailles, la pluie ne nous quitte pas, la route grimpe drôlement et dans un virage nous voyons un ascenseur oblique qui nous permet d'accéder plus rapidement en haut et au sec :)

En haut, nous arrivons devant l'entrée de ce qui reste d'une tour (?). Elle abrite un musée le Museo del
Castello San Giorgio ou Museo civico Ubaldo Formentini.  
 
Un abri et de plus dans un musée ! Le bonheur !

Le musée n'est pas très grand peut-on dire pour être gentil mais assez pour contenir pas mal d'objets quand même. Il abrite (outre les deux pingouins tout mouillés que nous sommes) de belles collections archéologiques de la région autour de La Spezia. 

Les découvertes sont rangées en sections qui présentent aux visiteurs une approche chronologique de l’histoire régionale jusqu'à l’époque romaine. Le site du musée parle "d'une lecture diachronique de l’évolution culturelle dans la région, de la Préhistoire au début du Moyen Âge"
 

Commençons par l'âge de cuivre avec ces statues-stèles. La tablette à disposition, intitulée "Les Statues-Stèles De La Lunigiana" nous apprend, entre autres que, découvertes dans le bassin du fleuve Magra, le corpus de ces monuments comprend presque 70 stèles qui témoignent de la naissance et de 

 

 

 

l'épanouissement de leur production à l'âge du cuivre 4e 3e millénaire avant Jésus-Christ ainsi que de sa reprise après une probable solution de continuité à l'âge du Fer, 19 de ses originaux sont conservés au musée. 

 

Deux grands groupes l'un plus ancien et plus considérable se subdivise en trois types de représentations anthropomorphes: un masculin indiqué par la présence d'un seul poignard accompagné d'une hache plate, un second féminin signalé par le sein plus ou moins marqué et parfois des colliers et gorgerettes enfin un type dépourvu d'attribut et par conséquent considéré comme asexué peut-être une métaphore indiquant un individu ou rôle social encore indifférencié typique d'un enfant ou d'un adolescent.

La datation de ces statuts stèles a été établi sur la base de l'étude des représentations des objets sculptés dans la pierre.
Sur la base de l'étude de la distribution des statues-stèles les plus anciennes, on a pu émettre l'hypothèse de l'existence d'une organisation interne au sein d'une communauté vraisemblablement autochtone établie dans le bassin du Magra, l'exploitation du territoire aurait été dicté par une économie de survie peut-être en mesure de produire une première accumulation de richesse dérivant par exemple de la possession de troupeaux ou de l'extraction des métaux travaillés.

Il y a aussi des urnes funéraires assez bien conservées.
 
A l'age du Fer l'évolution et le développement des sépultures conduira à disposer les vases cinéraires, couverts d'une écuelle renversée, dans des Cistes formés habituellement de six grandes dalles lithiques (pour les types les plus tardifs, de terres-cuites romaines) enfoncés dans la terre, recouverts par des tas de pierres et surmontés parfois par un cippe de signalisation

 
 
Le vase à baume en verre polychrome trouvé au lieu-dit Mezzopoggio fait partie des productions rhodiennes qui connurent la période de plus grande diffusion de la fin du VI siècle au début du IV siècle av. J.C. et qui furent largement exportées jusque dans la Mitteleuropa avec les expéditions d'armes et de vases de bronze.



 
 
 La nécropole de Melara (La Spezia) est la plus récente parmi celles qui sont exposées, elle présente une situation de transition presque complète entre l'ethnos ligure de la zone côtière et l'ethnos romain. Remontant à la première moitié du |” siècle ap. J.C., le mobilier est formé presque entièrement de récipients et objets de facture romaine tandis que les amphores de transport et les tuiles sont réutilisées pour construire la structure tombale, elle-même.
 
Nous voici donc arrivés à l'âge de la colonie romaine de Luni.
 
L’antique cité de Luni, qui existait déjà à l'époque étrusque, située à la frontière entre la Ligurie et la Toscane, était à l'époque romaine une ville maritime puissante d'où partaient des navires chargés du marbre des Alpes Apuanes et du bois des Apennins. 
 
Quelques objets:

LAMINE AUREE
Produzione romano-bizantina
VI sec. d.C.
Oro (inv F1595)
Dai pressi della porta nord del cardo
(chiesa di San Pietro?)
Colonia romana di Luni

(en commentaire vous pouvez peut-être demander à Siu de traduire  ;))
 

 
 
 MADONNA CON BAMBINO
Produzione altomedievale
Avorio (inv. F1594)
Colonia romana di Luni
 
 
 
 
 
 
 
 
 
ANELLI - Rame (inv. F1253 1255 1259 1266) - Colonia romana di Luni                                                 
GEMME INCISE, CAMMEI E CASTONI DI ANELLO - Corniola, pasta vitrea, diaspro, agata, malachite (inv. da      F1330 a F1375) - Colonia romana di Luni
 
 
 
 
 
 
On peut voir également des mosaîques, et des fragments de marbre, beaucoup grace à la collection Fabbricotti. 
 
 
 
 
 
 
"La salle B, à la quelle on accède aussi bien par le vestibule, grâce à un étroit passage, que par le jardin, à travers une grande verrière, pourrait raisonnablement s'appeler “Salle des vestiges et des fragments de marbre”...

                                                               
 
Il y a une visite virtuelle du musée pas mal faite ICI , Il suffit de cliquer sur les pièces pour visiter.
 
Luni la ville. 

Au Ve siècle, la ville était un siège épiscopal et a prospéré jusqu'à ce que les invasions barbares entraînent son déclin, puis sa destruction en 860 par les Normands. Luni, dont on peut voir aujourd'hui les vestiges, a été structurée comme une cité militaire flanquée d’un bel amphithéâtre.

 Une petite histoire pour bien finir : Les incursions et la fin de la ville

Dès les années Vingt, Giovanni Sforza avait intelligemment porté son attention sur les incursions que Luni avait subies au cours du haut Moyen-Âge, cherchant, souvent avec succès, à évaluer historiquement les rares informations documentaires concernant la ville antique dans la masse foisonnante des légendes tardives.

Plus récemment cette tâche ardue à été remarquablement reprise par Isabella Vay qui, grâce à une analyse minutieuse, a ramené à de plus modestes dimensions la portée des incursions sarrasines sur le littoral de Luni, incursions qui conservent toutefois un caractère dramatique. 

Les Sarrasins, tam minaces, tam rapaces, ut tigres adsanquinem, comme l'affiment les sources anciennes, animaux féroces et cruels qui déchirent l'ennemi jusqu'à ce qu'il soit saigné à blanc, maîtres presque absolus de la Méditerranée à partir du VIIIe et jusqu'au XIe siècle, débarquent au IXe et au XIe siècle sur le doux rivage
de la splendide cité.
 
À la violence d'Arabes et de Berbères - la dénomination globale de sarrasins, donnée aux peuples arabes, indiquait aussi bien les Maghrébins que les Crétois - vient s'ajouter encore la fourberie des chefs normands 
 
Un seul exemple, celui de la rapacité d'Hasting dont il vaut la peine de conter l’histoire bien connue. Le roi normand, faisant voile vers Rome, aperçoit de la mer la ville toute blanche, resplendissante de marbres. Ebloui, il prend Luni pour la Ville Eternelle. Pris d'un instinct de rapine, il affirme vouloir se convertir, convainc les habitants à lui ouvrir les portes de la ville et se conforme à ses obligations religieuses. Le
lendemain matin, sa suite annonce le décès de son prince qui, reçu le sacrement de baptême, a droit à des obsèques entourées de la pompe exigée par son rang. Luni ouvre pour la seconde fois ses portes aux étrangers qui conduisent Hasting à la cathédrale pour le rite tandis qu'ils préparent ignomineusement la rapine: 
en effet, le roi plus vivant que jamais, 
une fois dans l'église, au coeur de la ville, 
se lève du catafalque, 
brandit l'épée
avec laquelle 
il tranche la tête de l'évêque
donnant ainsi le signal sanglant 
de l'impitoyable rapine 
et de l'hécatombe des habitants de Luni !
 
Luni n'est plus, l'Histoire nous informe que l'on était en l'an 859.
 
       

 
 
 
 
 
 
Fin de la visite, pas de normand en vue, il ne pleut plus, il est temps de quitter La Spezia.
 
 
 
A + !

mercredi 13 décembre 2023

LA RETRAITE. EN MARCHANT, EN BARJAQUANT. Le Temps Des Olives.


- Hé bonjour René !

- Hé bonjour Phil ! On fait quoi ce matin ?

Ah le petit tour , par le pont de l'autoroute et le petit chemin si tu veux? Le petit tour, j'ai les olives.

- OK va pour les 8 km.

- Alors tes olives ? t'en es où ? ah non tourne à gauche Phil, ça va être boueux dans le petit chemin.

- Oui mais ça rallonge un peu.  Eh bien fini ! ...petite récolte... 160 kg...pas mieux et ça me suffit bien, ça me suffit bien... et toi ?

- Té ! Une tonne deux, une tonne trois... Et si on descendait par le chemin du paysan ?

 - Oui mais ça rallonge encore un peu. J'dis ça moi c'est pour toi. Pour tes olives.

- Vé restent juste ceux-là en bas de ma campagne, 5 ou 6 arbres et encore ils sont pas pleins, juste pour finir, c'est pas pour le poids d'olives que ça va donner ... enfin, c'est pour dire que je termine ... juste pour dire.

- Oui et le mois prochain on commence la taille...

- Oui ! mais on a le temps...
pour ce que ça rapporte... comme on dit,
 mieux le courage que l'argent, oui, 
mieux le courage que l'argent. 




mercredi 6 décembre 2023

L' ANECDOTE. Le modeste petit tableau parmi les milliers d'oeuvres d'art.

L'anecdote. Au cours d'une visite, d'un voyage, dans un livre, un film il y a toujours quelque chose qui saute aux yeux, un petit quelque chose qui vous interpelle et ce petit rien, ce contrepoint, cette anecdote qui n' a quelquefois rien à voir avec le reste, s'imprime dans la mémoire.

L'anecdote se déniche partout, au détour d'une ruelle à Barcelone (Lien), ou dans une riche villa comme la villa Ephrussi de Rothschild, où on y trouve des milliers d'objets d'art, meubles de toutes sortes provenant autant de palais, de châteaux royaux que d'ateliers d'artistes ou de salles des ventes internationales, de différents siècles et de différentes disciplines en commençant par l'archéologie: on y trouve de bien belles choses.

Notamment, un petit cadre superbe mettant en valeur une aquarelle de Gustave Moreau oh cela semble anecdotique au vu de l'immensité du reste mais quel bel œuvre et quel charme en émane ! Et puis à l'époque actuelle, quel thème intrigant que le soir et la douleur !


Gustave Moreau s'est inspiré d'un poème éponyme de Paul Bourget, Le Soir et la Douleur.

« La Douleur dit au Soir: "Oh viens, toi que j'appelle,
Toi le seul qui jamais, jamais ne m'a fait mal..."
Et le Soir, souriant et pâle, vient vers elle
Sur l'escalier du ciel occidental.
Le Soir à la Douleur soupire: "Mon Aimée..."
Il la prend par les mains, la force à s'asseoir,
et comme elle se sent intimement charmée
Par la caresse apaisante du Soir !
Le Soir dit: "Mon Aimée, entends mourir le monde
Et se taire la voix de ces hommes cruels,
Et s'approcher la Nuit, ta sœur triste et féconde,
Les bras chargés de lis surnaturels..."
La Douleur au beau Soir répond : "J'ai peur de l'ombre
Comme j'ai peur de l'homme et du jour obsesseur.
J'ai peur de ces milliers de regards du ciel sombre,
Je t'aime, toi, pour ta morne douceur."
Mais le Soir n'entend plus cette plainte.
Il se lève, Il voudrait embrasser l'Aimée, il ne peut pas.
Il est déjà lointain et vague, comme un rêve.
Et la Douleur reste seule ici-bas. >>

Elle est magnifiquement fine dans le détail, la délicatesse du Soir, le regard absent de la Douleur, le clair obscur un peu rosé du jour tombant, les reflets de l'eau...

Si on était plus terre à terre, si on sortait du symbolisme bourgetien, si, n'ayant pas le bagage littéraire d'un universitaire tout comme moi quoi, si on se disait donc: le Soir n'est-il pas le déclencheur de la Douleur ? ce qui serait paradoxal vu qu'il arrive pour tenter de la consoler.

N'avez vous jamais ressenti, quand la lumière du jour décline, une bouffée soudaine et trouble qui vous pénètre l'esprit et vous pousse au mieux  dans une contrariété, ou davantage une mélancolie, ou même au pire dans une douleur vous prenant au ventre, vous attrapant les boyaux pour en faire un nœud gros comme ça. Alors ? dites moi qui provoque cela ? On pourrait croire que c'est le soir lui-même qui apporte cette dégradation, ou bien n'est-ce pas la pause que l'on s'accorde à nous-même à cet instant de la journée, ayant terminé nos activités, nous retrouvons inactifs, et posés, assis, inactifs, las, nous pensons alors à nous-même, aux tâches du lendemain, aux inquiétudes des enfants, aux disparus qui nous manquent, au regard obsédant des autres sur nous et qu'en faire, etc.
Le soir adoucit cet instant ? donc apparait comme bienveillant ? il te dit regarde, c'est la fin du jour et le sommeil te mènera à une autre belle journée ! alors là soit tu le regarde avec gratitude ou soit tu le maudis parce que tu es insomniaque ... Dans le texte accompagnant l'aquarelle on peut y lire : "Moreau a choisi ici les retrouvailles du Soir et de la Douleur l'instant où la douceur l'emporte sur le temps" En fait le soir n'est pas une promesse, ni une sentence. C'est une caresse qu'il faut juste profiter à l'instant présent, ne pas la faire durer, elle va se dissoudre dans l'obscurité, ne pas la laisser infuser ses obstinations crépusculaires, et se mettre devant un bon repas, un bon bouquin ou un bon film ! Bougez.

Gustave Moreau
(1926-1898)
Le Soir et la Douleur
Aquarelle H. 367: L. 198 mm - Slanée en bas à gauche: Gustave Moreau - Saint Jean-Cap-Ferrat, Académie des beaux-arts, Villa Ephrussi de Rothschild, EdR 1601 - Provenance Sans doute Mme Kann en 1885; Émile Straus (1844-1929), sa vente après décès, Paris, galerie Georges Petit, 3 et 4 juin 1929. no 19, acquis par Béatrice Ephrussi de Rothschild (1 864-1934), légué en 1934 à l'Académie des beaux-arts. 



Ouaip ! je viens de relire mon texte. Eh bien c'est pas bien drôle tout ça, faut surtout pas finir par ça ce soir , moi je vais chercher une bonne recette de lasagnes, la mienne est un peu "collante".

 A + !