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mardi 19 janvier 2021

Une Cathédrale Particulière.

 Près de Palavas-Les-Flots, il faut visiter la cathédrale de Maguelone. Imposant monument de style roman niché au cœur d'un jardin arboré, d'ailleurs il est difficile maintenant de la photographier entière car les arbres cachent ses hauts murs. Mais remontons le temps et rapetissons les arbres ;) la voici:

« Document conservé aux Archives départementales de de l’Hérault, sous la cote [2 Fi CP 6863 8]. Palavas-les-Flots. (Hérault). Église de Maguelone. / A. Bardou, photographe, Montpellier ; édition du Khédive, tabacs de luxe, 14 place de la Comédie. Début XXème.

Elle fût pendant plus de mille ans l'un des plus hauts lieux de la chrétienté en Languedoc méditerranéen. 

Son histoire, Pierre Pinton la résume très bien dans son livre "Un Baiser de Villeneuve-lès-Maguelonne : de 1900 à 1980" je le cite:

« Nombre d'archéologues et d'écrivains retrouvent la traces des premiers habitants, au début de l'époque Néolithique....»

« ...Plus tard, nombreux envahisseurs se succèdent : commerçants d'Asie Mineure, Phéniciens, Grecs qui d'ailleurs avaient fait du site de Maguelone un comptoir important. Puis comme dans tout le Narbonnais, la trace très nette des Volces (Tectosages) se retrouve dans toute la région. Enfin ce sont les romains qui implantent alors leur civilisation ainsi que le grecs, tous rassemblés dans le même port commercial de Maguelonne.

C'est Clovis en 500 qui mit un terme à tous ces déferlements en repoussant les Wisigoths par-delà les Pyrénées. Ils ne conservèrent en Gaule que quelques évêchés: Nîmes, Maguelone, Lodève, Agde, Béziers, Carcassonne et Elne. Les sarazins cependant occupaient toujours l'île et avaient même un fameux port, nommé encore aujourd'hui port Sarazin.

Charles Martel en 732 par sa victoire sur les Sarazins, libère définitivement Maguelone de l'emprise étrangère mais ordonne pour cela la destruction du port et de la Cathédrale.»

Dans cet extrait, vous avez surement noté deux orthographes ; Maguelone et Maguelonne. L'origine des deux noms semble très ancienne et il est difficile de faire son choix. Le village à coté, Villeneuve, l'a fait et s'appelle Villeneuve-Lez-Maguelone (explication ici). Pierre Pinton lui, en employant les deux noms, n'a apparemment pas fait le choix (?)






Son fronton présente un  portail sur le tympan duquel figure une superbe scène biblique représentant le Christ sur un trône entouré d'un âne, d'un aigle, d'un lion et d'un bœuf. De chaque côté de la porte siègent les Saints Patrons de la cathédrale : 

Saint-Pierre et Saint-Paul.





















Un témoignage ancien est gravé à gauche en entrant:

«MAGUELON – LE SITE

«Maguelon, beau lieu, austère, paisible, une petite île dont les pentes douces descendent vers les flots


bleus, au delà des montagnes, dont les lignes se perdent dans la brume . Désert dominé par le Géant ? La cathédrale et par la croix. - Cette Basilique canoniale, par ces formes sévères s'harmonise avec de paysage cette solitude, cet horizon, cette grandeur.

C'est un de ces lieux qui ont une âme et que doivent chercher les âmes placées dans certaines conditions morales. Là, on doit contempler, prier, pleurer. C'est un lieu consacré par les grands souvenirs, saisissant par ce qui est mort et pat ce qui survit, une ruine et une croix, au milieu de quelques pins voilà ce qu'il reste de la ville romaine refuge des Sarrasins au VII siècle, détruite par Charles Martel, rebâtie au Xie et devenue ville épiscopale et papale, berceau de Montpellier et capitale ecclésiastique de pays.

Mr Dupanloup, évêque d'Orléans

Journal intime 17 Février 1873.


Son histoire est gravée également à droite en entrant.


«MAGUELONE HISTOIRE »

« Cité romaine et port de mer, au II siècle , un des plus anciens évêchés de la Gaule ville de Septimanie et station Sarrasine ruinée par Charles Martel en 737

1037. Retour des évêques. Ils rebâtissent la cathédrale St Pierre.

27 Avril 1085. Le Comte de Maguelone, petit neveu de St Benoît d'Aniane fait hommage de sa seigneurie à Grégoire VII

29 Juin 1096. Urbain II bénit l'île et en proclame l’Église le première après celle de Rome.

Foyer incomparable de charité refuge et asile des grands papes, Urbain II , Gélae II, Calixte II, Innocent II, Alexandre III qui consacre même le maître autel le 17 Avril 1163, Maguelone en tant que fief pontifical, préserve le territoire de Montpellier de toute guerre et du servage.

9 Février 1157, Louis VII y préside le Chapitre dont Adrien IV, ancien chapelain à Melgueil, confirmé le 15 Avril 1155 les privilèges. Erection en l'honneur de ce pape de la tour St Pancrace.

Avril 1533. François Ier vient dans l'île voir son ami l'évêque Pellicier.

27 Mars 1536. Transfert de l'évêché à Montpellier.

16 Janvier 1632. Les catholiques, les protestants ; les troupes de Duc de Montmorency ayant occupé Maguelone, Louis XIII en ordonne la démolition

12 Janvier 1708. Aliénation des pierres pour la construction du Canal.

3 Mars 1791. Vente de Maguelon comme Bien National. Revente en 1833.1836.1852.»

(En citant Louis XIII, vous pensez bien que c'est plutôt Richelieu qui ordonnera le démantèlement visant les protestants.)




Il ne restera plus alors sur l'île que la cathédrale "dénudée" et une modeste maison permettant au prêtre d'assurer son service divin. La famille Fabrègues rachètera l'île en 1852 et fera restaurer en partie la cathédrale mais sans les fortifications.




L'édifice est maintenant vide et n'accueille plus de fidèles pour les messes. Lorsqu'on y entre on plonge de suite dans son atmosphère de moyen-âge, hors du temps.





















Le sol du transept est tapissé de tombes, pour la plupart anonymes. 












On y découvre également quatre remarquables gisants d'évêques, en marbre blanc.




















































Un escalier de pierre mène à l'étage où une pierre tombale dédiée à l'évêque Jean de Montlaur sert d'autel, et d'où l'on a une vue superbe sur l'intérieur de la cathédrale.






Une cathédrale parmi tant d'autres me direz-vous, oui mais sa particularité c'est qu'elle se trouve sur une toute petite île :  


Une petite route, fin cordon littoral entre la mer méditerranée et étangs salés, nous amène sur cette petite île, un peu coupée du monde, c'est là que se dresse la cathédrale de Maguelone.

Pour la balade on se gare au pied de l'île face à la mer et on monte à pied jusqu'à la cathédrale.

A+!




mardi 12 janvier 2021

Quand on vient du Nord et qu'on a dépassé Valence, mes oliviers.

 «Quand on vient du Nord et qu'on a dépassé Valence, on voit dans l'horizon du Sud un ciel vert, qui est justement la réverbération du soleil sur la Provence. »

A faire le roi en visitant les châteaux et me pavaner à vous montrer leurs photos, du coup j'ai oublié l'année dernière de parler des oliviers comme je le fais (devrait le faire) chaque année. 


Remarquez ce n'est pas l'abondance qui aurait pu m'y faire penser ! Avec une récolte de 100 kgs seulement nous n'avons que 16 litres d'huile !



Pas besoin d'un coup de main de la part des amis cette année, et c'est bien dommage car ce sont toujours de belles journées de partage.




D'un autre coté, c'était prévu car nous avions taillé très sévèrement, mais on espère toujours...en bons provençaux;... que ses oliviers ont une vitalité hors du commun... 










Ça m'a fait penser à Jean Giono et j'ai relu des textes de cet « écrivain français né en Provence » comme il le dit lui-même et non un écrivain provençal. Textes relus donc, choisis, quelques extraits.  «Quand on vient du Nord et qu'on a dépassé Valence, » est la transcription d'un texte de Giono radiodiffusé en 1961.


« ...J'étais en train de penser que j'avais négligé l'olive, mais je l'avais laissé de coté pour en parler d'une façon plus abondante : la Haute Provence, dans sa partie méridionale, c'est à dire dans celle qui va jusqu'à 800 mètres d'altitude, était couverte, je dis bien « était couverte de verger d'oliviers ; c'était un petit olivier court qu'on taillait d'ailleurs bas, de façon qu'il reste à portée de la main,... »

C'est de cette façon aussi, pour la plupart, que l'on taille ici les oliviers. En fait, les petits récoltants ont gardé cette méthode de taille très pratique ce qui n'est pas sans conséquence comme va nous l'expliquer Jean Giono.


«
...et  ça avait de l'importance , car la civilisation de l'huile en Haute-Provence n'était pas la civilisation de l'huile telle qu'elle est en Tunisie, telle qu'elle est en Grèce, ou même sur la Côte d'Azur. Sur la Côte d'Azur, en Grèce et en Tunisie , on a l'habitude de voir des oliviers très hauts, de très grands arbres qu'on laisse pousser en longueur , qui atteignent parfois 9,10 mètres et même 15 mètres de hauteur. Des oliviers de cette sortent exigent absolument la gaule pour les ramasser. C'est ici que justement se trouve une différence avec l'huile que nous faisons. Ces olives doivent être gaulées au moment ou les olives commencent déjà un tout petit peu à pourrir sur l'arbre. On fait par conséquent de l'huile avec des olives extra-mûres... »

Avant de continuer l'explication sur la différence, j'aimerais tout de même préciser à Siu qui, je pense doit s'exclamer : "E allora l'Italia?" (et là je résume car elle-même m'a avouer être particulièrement diserte mais ne le dites à personne) que non ce n'est pas un oubli, que j'ai retranscris exactement le texte mais que surement oh oui très surement en ce qui concerne l'huile d'olive, l'Italie est déjà en 1961 de toute façon "hors compétition" vu le haut niveau de qualité ! Et, plus sérieusement, depuis l'antiquité il y a mille façon de faire l'huile en Italie, Giono ne s'y est pas frotté. 


Suite de l'explication sur la différence:

«...Tandis que chez nous, en Haute-Provence, où les oliviers étaient restés courts de taille, on cueillait les olives à la main une à une. Nous avons alors des olives qui sont moins mûres que celles qui ont été gaulées. Nous faisons une huile qui est un peu moins forte de goût, mais qui a une plus belle saveur, qui est d'ailleurs cette huile verte , que généralement les amateurs d'huile d'olives recherchent... »

Voilà qui est bien dit !! mon huile a une plus belle saveur que toutes les autres ! Ah ! que j'aime lire Giono !

à + !

mardi 29 décembre 2020

Chaumont, un dernier pour la route !

 "Erigée vers l'an 980, la forteresse de Chaumont-sur-Loire dresse encore sa masse millénaire sur les bords du fleuve qui arrose le Jardin de la France."

Ainsi commence le récit du Prince Jacques de Broglie dans "Mme de Staël et sa cour au château de Chaumont en 1810. Un livre intéressant comme ceux, dont on est réticent à quitter dés les premières pages lues. 

Comme les précédents articles sur les châteaux de la Loire, je vais sauvegarder mes photos ici pour moi et je ne vous raconterai pas l'Histoire de France accessible partout sur le net. Par contre, quelques lignes bien écrites par le Prince vous retracera la vie du château à travers les siècles. Voici:

"...Son fondateur, le comte Eudes Ier de Blois, l'avait édifié pour mettre un terme aux incursions de Foulques Nerra, le célèbre comte d'Anjou, dit le "Faucon Noir", son rival abhorré. Pendant longtemps, la forteresse servit d'enjeu aux luttes de la Maison de Blois et d'Anjou. Guelduin, surnommé le diable de Saumur", la défendit vaillamment et la conserva à ses enfants. Le mariage de Denise avec le sire d'Amboise marque la fin de cette rivalité séculaire et la fondation de l'illustre Maison de Chaumont d'Amboise, qui brilla dans l'histoire pendant plus de quatre cents ans..."

bla bla bla...

"...Mais avant d'appartenir à une reine de France avec Catherine de Médicis, puis à une maîtresse de roi, Diane de Poitiers, Chaumont avait connu les horreurs de plusieurs sièges et de deux incendies. Louis XI le fit démanteler pour punir un rebelle: Pierre d'Amboise; et le même Louis XI le fit rebâtir pour récompenser un fidèle: Charles d'Amboise, son fils..."

bla bla bla...

"...Enfin, en 1777, Franklin y fut l'hôte de M. Le Ray pendant la guerre de l'Indépendance de l'Amérique. 

Voilà en raccourci les faits saillants qui illustrèrent ce château fort.

Après avoir connu la splendeur des rois et le faste des grands seigneurs, Chaumont n'était plus, en 1810, que la propriété d'un grand bourgeois, Jacques-Donatien Le Ray..."

Pour terminer l'histoire du château de 1810 jusqu'à nos jours on peut ajouter aux écrits du Prince:

1829, Mr Le Ray cède le château à Mr d'Etchegoyen qui en fait une ferme.

1834, le comte d'Aramon l'acquiert et commence à le restaurer.

1847, le vicomte Walsh épouse la veuve du sus-nommé.

1875, Marie Say en devient propriétaire et épouse Amédée de Broglie.

Les Princes de Broglie donneront fêtes et réceptions jusqu'en 1938 pour le vendre à l'État, ayant sucé leur os de la fortune jusqu'à la moelle.

Ce château est aussi beau que les précédents, et aussi ses jardins sont magnifiques. Quelques lignes du même récits du Prince de Broglie accompagneront mes photos.

Ce château est aussi beau que les précédents, et aussi ses jardins sont magnifiques. 

Quelques lignes du même récits du Prince de Broglie accompagneront mes photos. Dans son récit, Mme de Staël qui pense à embarquer pour l'Amérique à partir des côtes françaises, est réfugiée à son château de Coppet en Suisse condamnée à l'exil par Napoléon, elle fait une 'escale' au Château de Chaumont.


"...Du vieux manoir qui les héberge faut-il faire la description ? Tout le monde connait l'éblouissante silhouette de cette antique forteresse vieille de près de mille ans, qui se transforma sous la Renaissance en une résidence aimable et toute décorée de sculptures. C'est un vrai château de contes de fées.


Quand on a gravi la côte qui accède à la grande avenue du parc aux arbres séculaires, on débouche tout à coup devant un spectacle qu'on ne peut plus oublier: un vieux château fort, dont la masse imposante et moyenâgeuse est disposée en éventail, surgit alors devant vos yeux émerveillés. C'est d'un effet saisissant. 












Impossible d'avoir plus de majesté que cette masse de pierres, flanquée de quatre tours massives, une à chaque extrémité du décor, les deux autres encadrant, comme des sentinelles vigilantes, le pont-levis qui donne accés au château. Immédiatement ce qui frappe les regards, c'est le long cordon de sculptures décorant toute la façade, où alternent les deux "C" entrelacés et les montagnes de flammes, monogrammes de Chaumont (Mont Chaud).


Franchissons le porche richement ciselé aux armes de Louis XII et d'Anne de Bretagne, et pénétrons sous la voûte. Nous voici dans une cour d'honneur, et c'est un autre enchantement. Cette cour, primitivement fermée, comporte aujourd'hui trois corps de bâtiments seulement; et elle s'ouvre, du quatrième côté, sur une baie lumineuse d'où l'oeil embrasse toute l'admirable vallée de la Loire.





Que faut-il priser davantage dans ces trois corps de bâtiments si disparates en apparence et pourtant si harmonieux dans leur dissymétrie? Est-ce la belle chapelle gothique avec ses fenêtres ogivales et ses pinacles flamboyants? Est-ce le grand escalier du fond de la cour, exquisément décoré et qui rappelle par son mouvement celui  de Blois ? ou la gracieuse colonnade avoisinante, du plus charmant effet? 

Chaque partie de ce tout est un bijou architectural qui concourt à la perfection de l'ensemble. Mais ce qui fait une place à part entre tous les châteaux de la Loire à ce joyau de l'architecture médiéval, c'est sa position incomparable. Perché sur la haut d'une colline boisée, et surplombant le village couché à ses pieds, Chaumont commande toute la région d'un regard circulaire et dominateur qui semble encore défier ses ennemis comme au moyen âge..."










Les Jardins

Pascal Convert: "Ceux de 14"
L'artiste présente des souches, en bois enduit d'encre de chine et d'autres vitrifiées, venues des champs de batailles de Verdun. Bouleversantes, gorgées de mémoires sperposées, elles laissent une empreinte puissante dans les esprits.



Christian Lapie "La constellation du fleuve"
...Puissantes et silencieuses, les figures de Christian Lapie sont extraites d'imposants troncs d'arbres qu'il choisit pour la rectitude de leur fût ety taillées à la tronçonneuse en forme humaine, enfin recouvertes d'une gangue sombre qui les charge d'intemporalité...






Soline Portmann & Romuald Bardot:"Drôle de trogne"
La trogne est une arbre taillé périodiquement pour produire durablement du bois, du fourrage, ou des fruits. Entre le têtard, dont la coupe s'effectue au sommet, et l"émonde, latérale, il existe milles possibilités (plusieurs têtes, troncs, bras). Après chaque taille surgissent des bourgeons, qui donnent de nouveaux rameaux, et des bourrelets se forment au niveau des branches coupées. Les tailles successives génèrent des replis et des boursouflures qui donnent aux trognes leur allure particulière...Bien que l'homme en ait saisi le pouvoir nourricier et guérisseur dès le Néolithique, la trogne est un trésor tombé dans l'oubli. Aujourd'hui, elle redevient le symbole d'une harmonie possible entre l'homme et la nature"





Les écuries