Retour de
Sardaigne; le travail ne m’a laissé aucun répit: n’aurais-je donc pas une seule
petite heure à perdre (ou plutôt à ne pas perdre) pour rassasier ma curiosité ?
mais si !
Entre l’hôtel et
l’aéroport de Cagliari,
On peut, si on
veut, passer par San Sperate.
Petite ville
connue pour ses peintures murales mais aussi par son Jardin Sonore.
Garée la voiture,
Pris un cappuccino
à la terrasse d’un café face à une des fresques murales de la ville,
Dégourdies les
jambes dans la rue qui m’emmène
vers le jardin, encore une très jolie fresque.
(ou qui m'emmènent ?
C'est vrai ça, est-ce la rue ou bien mes jambes qui m'emmène(nt) ? )
Et soudain à main
droite, le Jardin.
Pauvre de moi, deux groupes de touristes arrivent, me voilà noyé entre une vague humaine espagnole et l'autre française, moi qui ne sait à peine nager...
Heuseusement, une guide arrive et met de l'ordre, elle nous explique le parcours de l’artiste.
Pinuccio Sciola, petit bonhomme originaire de cette ville,
est un artiste qui, par ses dons de sculpteur, obtiendra des bourses d’études,
lesquelles lui permettront de suivre des cours prestigieux et d’être connu dans
le monde entier.
En 1996, ce
monsieur dévoile la magie du son de la pierre : Ses sculptures : des œuvres
capables de vibrer et d’émettre des sons, « de communiquer au spectateur
le pouvoir de la nature et la force de la terre ».
Les œuvres en
voici, énormes roches striées ou tranchées en fines lamelles restantes
solidaires de leur bloc resté brut ou bien prenant une forme longiligne ou
carrée.
L’effet est plutôt mélodieux. Selon les stries découpées dans la roche, les sons diffèrent, tel un instrument de musique.
Et des
instruments, il y en a un peu partout ici !
L’artiste en découpant et polissant le cœur de ces roches, aimerait même nous faire croire qu’elles ont une âme.
Mais mon âme à moi tousse :
A déambuler au milieu de ses sculptures je m’y perds et
au bout du jardin, là, d’autres œuvres, apparemment non élues au rang des « exposables »
sont rassemblées
Où bien couchées derrière quelques arbustes. Jalouses, elles semblent me dire « rends-toi compte Philfff, de la similitude du jardin avec un cimetière »
Et c’est vrai que
là, je ne vois plus ces sculptures sonores comme au début, tous ces monolithes
alignés le long des allées, ressemblent à des stèles érigées en honneur de
quelques morts, d’autres plus grandes, esseulées, dédiées à quelques illustres défunts.
Et ces morts, ne
seraient-ce pas ces rochers eux-même, griffés, sciés, torturés pour leur
extirper de faux aveux, de fausses vérités : des sons désirés par l’homme
mais extrinsèques à cette pierre exsangue ?
à + !