Quand on arrive
pour la première fois au Havre, nous sommes plutôt déçu par l’aspect « immeuble béton » dont
nous sommes entourés – surtout que l’on sait que la ville est inscrite au patrimoine mondial de l’UNESCO …
Mais ensuite après avoir lu et appris l’Histoire - tragique - et la reconstruction de l’agglomération, on est plus enclin à apprécier.
Pour faire court :
Septembre 44. L’armée
Allemande résiste ici et tient encore la ville. Les alliés pour les chasser vont bombarder. 5 septembre. 1820 tonnes. 6 septembre, 1458 tonnes de bombes :
en deux jours tout ce qui reste de la ville est rasée.
A la fin de la
guerre, 80.000 Havrais se retrouvent sans logement dont
35 000 ont tout perdu.
Le gouvernement Français nomme l’architecte Perret pour la reconstruction.
Le Havre étant à l’époque la vitrine de la France : les paquebots en
provenance des Etats-Unis, de l’Amérique du Sud arrivent ici et la ville est donc la
première à être vue.
Perret est précurseur en matière de béton, au Havre, pas de carrière de
pierre, la plus proche étant à Caen, de plus, de l’autre coté de la Seine ou il
n’existe même pas de pont de Tancarville à l’époque (et Caen a bien besoin de pierre aussi).
Donc Auguste Perret,
déjà très réputé avec + de 20 architectes sous ses ordres, est bien choisi. Il fera construire 100 « îlots » de
100 appartements. Soit 10 000 apparts pour 4 personnes en moyenne.
Ces îlots que l’on aurait appelé sous d’autres temps « pâté
de maisons » sont formés d’un grand bâtiment droit ou en L et au besoin d’une
tour, si le bâtiment n’a pas les 100 apparts.
La hauteur de la tour fluctue selon
la longueur du bâtiment, c’est-à-dire son nombre d’appartements : il y
aura dans la tour autant d’appartements qu’il faut, pour faire au total 100
dans l’îlot. (Suis-je clair ? pas sûr).
Les immeubles sont donc en béton, structure apparente : colonnes,
poutres et panneaux coulés directement sur place.
Construit selon le style Haussmannien
avec rez-de-chaussée + demi-étage pour les boutiques (entresol servant à l’entreposage) et
appartements au-dessus.
Structuré selon
« une trame modulaire de 6,24 m. Un
module d'abord appliqué sur les premiers logements, puis systématisé dans tout
le centre…Et pourquoi donc 6,24 ? Réponse : il est celui de la portée optimale
d'une poutre de béton, calculée précisément à cette époque de la
reconstruction. L'architecte Alain Brocard, aujourd'hui consultant de l'agence
Ateliers 6.24, « 6,24 ça se divise par deux, par
trois, par quatre. Cette trame a des vertus de démultiplication ». Julie
Delamare, associée des Ateliers 6.24, précise : « 6,24 ça peut être la longueur
d'un séjour ou bien deux chambres. Dans le centre-ville, les rues sont des
multiples de 6,24 et une rue fait 12,48 m, tous les immeubles, tous les îlots
sont selon la trame directrice ». » (Extrait piqué dans http://www.paris-normandie.fr/hemerotheque/le-havre-pourquoi-ce-module-de-624-metres-785839-HRPN785839#).
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Les escaliers, les marches sont basses,
trés agréables à monter, pas de peinture:
les panneaux et poutres en béton de Perret
de trés bonne qualité sont apparents. |
Tout ça pour enfin vous faire visiter ce que le propriétaire Havrais acquérait
après avoir tout perdu (que ce soit maison avec jardin ou bien appartement :
tous à la même enseigne) : un appartement entièrement modulable, avec eau
froide/eau chaude aux robinets, chauffage à chaleur pulsée, etc… tout équipé du
confort moderne ! Nous sommes en 1946.
Voici l’appart témoin, les meubles (de René Gabriel et Marcel Gascoin)
façon Ikéa avant l’heure étaient aussi modulables.
Je vous laisse entrer.
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Les poutres placées tout les 6,24 m: une
seule est apparente dans l'appartement. |
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A droite de la poutre, la cuisine, traversante trés lumineuse. |
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Même le séchoir était fourni. |
Nous passons ensuite au salon/salle à manger, piéce située au centre de l'appartement, elle est donc accessible de n'importe quelle autre piéce. Elle pouvait être isolée, par des volets de bois, de la cuisine et du bureau.
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Salle à manger, au fond le bureau. |
Ensuite, la salle de bain, traversante elle aussi du bureau à la chambre des parents.
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le rangement, n'a pas été oublié. |
Enfin , les chambres, celle des parents attenante à la salle de bains.
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Nécessaire à couture. |
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Bouche du chauffage à air pulsé. |
Et voilà, nous avons fait le tour, de la chambre on voit le séjour, et les visiteurs se dirigent vers la sortie.
Un grand merci à la Guide passionnée.
à + !