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mercredi 15 février 2017

Ophélie. La Def XIX.

Les années passent et les même pensées reviennent, à quelques jours près, je pose le même constat qu’en 2016 (Là) et, de fait,  j’y oppose donc la même réponse (Ici).

Un soleil pâle chauffe le béton de l’esplanade de la Def ou je me détends la cambo. Un bas-relief vient à ma rencontre.

Apel·les Fenosa i Florensa est un sculpteur barcelonais, qui ne goûte pas le franquisme et donc s’installe à Paris en 1921. Proche de Picasso et d’Eluard, il est notamment connu pour son œuvre  « Monument aux Martyrs d'Oradour (1944-1945) » exposée à Oradour.

Voici Ophélie, celle de Fenosa donc, mais avant, celle de Shakespeare, et puis celle de Rimbaud.

I
Sur l'onde calme et noire où dorment les étoiles
La blanche Ophélia flotte comme un grand lys,
Flotte très lentement, couchée en ses longs voiles ...
- On entend dans les bois lointains des hallalis.

Voici plus de mille ans que la triste Ophélie
Passe, fantôme blanc, sur le long fleuve noir ;
Voici plus de mille ans que sa douce folie
Murmure sa romance à la brise du soir.

Le vent baise ses seins et déploie en corolle
Ses grands voiles bercés mollement par les eaux ;
Les saules frissonnants pleurent sur son épaule,
Sur son grand front rêveur s'inclinent les roseaux.

Les nénuphars froissés soupirent autour d'elle ;
Elle éveille parfois, dans un aune qui dort,
Quelque nid, d'où s'échappe un petit frisson d'aile :
- Un chant mystérieux tombe des astres d'or.

II
O pâle Ophélia ! belle comme la neige !
Oui, tu mourus, enfant, par un fleuve emportée !
- C'est que les vents tombant des grands monts de Norvège
T'avaient parlé tout bas de l'âpre liberté ;

C'est qu'un souffle, tordant ta grande chevelure,
A ton esprit rêveur portait d'étranges bruits ;
Que ton cœur écoutait le chant de la Nature
Dans les plaintes de l'arbre et les soupirs des nuits ;

C'est que la voix des mers folles, immense râle,
Brisait ton sein d'enfant, trop humain et trop doux ;
C'est qu'un matin d'avril, un beau cavalier pâle,
Un pauvre fou, s'assit muet à tes genoux !

Ciel ! Amour ! Liberté ! Quel rêve, ô pauvre Folle !
Tu te fondais à lui comme une neige au feu :
Tes grandes visions étranglaient ta parole
- Et l'Infini terrible effara ton œil bleu !

III
- Et le Poète dit qu'aux rayons des étoiles
Tu viens chercher, la nuit, les fleurs que tu cueillis,
Et qu'il a vu sur l'eau, couchée en ses longs voiles,
La blanche Ophélia flotter, comme un grand lys.

Oui, je sais. C'est beau.
à +
Philfff

lundi 12 décembre 2016

Mon ventre vous parle, lusophone, de Bacalhau.

Oui mon ventre parle portugais de temps en temps ! il fut bien content de deux endroits à Sines : un chic et un cheap.

                                                                                                                                             Le resto un peu chic est celui qui s'est installé dans un des entrepôts de la gare désaffectée. Son nom est "Cais da Estaçao", que l'on peut traduire comme le quai de la station ou bien la station du quai, je ne sais pas trop...    
                                                                                  Superbement restauré, l'entrepôt est un grand espace décoré avec beaucoup de goût.




Tout le charme est dans les détails des statues, petits meubles, etc. l'ensemble donne une ambiance chaleureuse.
Une large vitrine expose coquillages et poissons















Et pas trés loin un superbe aquarium nous vante ses langoutes !


Mais mon choix s'est porté sur le Bacalhau, appelé ici "Açorda de Bacalhau" élégamment servi sur un lit de pain de campagne imbibé d'une sauce aillée. Trés bon ! mais peu de morue...



En dessert, mon ventre n'a pas résisté au Farofias, spécialité genre "île flottante" mais avec du citron et de la cannelle !

Succulent !














§§§§§§§§§§§§

Le resto tout simple est situé dans le centre historique s'appelle l'Adega de Sines. 





















Trés simple, dés que vous rentrez, le patron au bar (ou devant son grill car il s'occupe de griller des morceaux de poulets aussi)




Le patron disais-je appelle : une cuisiniére arrive, vous prend par la main et vous emméne en cuisine !

On souléve les couvercles des marmites qui laissent entrevoir, ici une soupe, là des légumes , là encore du Bacalhau, ou bien aujourd'hui il y a des coquillages. J'ai choisi le Bacalhau pour voir.










Il est servi vite fait bien chaud avec des frites, du pain et une carafe de vin. Ici pas d'entourloupe avec les ramequins de beurre, olives, etc. que l'on vous facture à la fin.

Pas de finesse dans ce plat mais c'est le traditionnel, avec olives, oeuf dur émietté et peu de sauce: c'est du bon du solide qui vous tient au corps ;)









Deux façon d'accomoder le Bacalhau donc, avec la première une recherche du goût, citron, ail, beurre, une tentative de raffinement de la morue mais peu de morceaux de poissons par rapport à la quantité de pain trempé de sauce qui rempli le bol! c'est le pain qui vous cale l'estomac mais c'est le farofias qui vous fera revenir!

La seconde plus rustique mais plus authentique ne vous laissera pas le palais en extase mais le ventre y a son compte ! Et la simplicité du lieu et des gens est trés appréciable.

A+ !

lundi 5 décembre 2016

Au pays de Vasco

Un petit tour au Portugal, et plus précisément à Sines, là où est probablement né Vasco de Gama.
Sines est, à la base, un village de pêcheurs grossi par une population amenée par l’établissement d’un site pétrochimique. Et, si ce n’est le centre historique et les plages alentours, rien n’est exaltant… et encore…






























Et encore oui car en cette saison, pas de plage et le centre, tout petit, est quasi désert. Bon je ne suis pas là pour les vacances mais tout de même.







Mais le temps est clément pour une petite marche à travers le calme des petites rues (mal) pavées assez étroites pour se protéger du vent frisquet. 


Pas de touriste à l’entrée de la saison froide, mais les boutiques et restos semblent ouvertes.

Longeant le fort, là-bas quelqu’un m’attend !



Mais oui c’est lui ! Vasco ! face à l’océan !  

Vasco est probablement né, nous dit Wiki, dans une de ces maisons typiques qui bordent la mer. Pas loin du Fort, non plus, dans lequel les habitants se réfugiaient.

IX. Ascensão de Vasco da Gama 



Os Deuses da tormenta e os gigantes da terra 

Suspendem de repente o ódio da sua guerra 

E pasmam. Pelo vale onde se ascende aos céus 

Surge um silêncio, e vai, da névoa ondeando os véus, 
Primeiro um movimento e depois um assombro. 
Ladeiam-no, ao durar, os medos, ombro a ombro, 

E ao longe o rastro ruge em nuvens e clarões. 


Em baixo, onde a terra é, o pastor gela, e a flauta 

Cai-lhe, e em êxtase vê, à luz de mil trovões, 

O céu abrir o abismo à alma do Argonauta. 


Fernando Pessoa.


http://www.citador.pt/poemas/mensagem-mar-portugues-fernando-pessoa

Les dieux de la tempête et les géants de la terre
Suspendent tout à coup détestant leur guerre
Et s’étonnant. La vallée où elle monte au ciel
Se lève un silence, et la brume, les voiles ondulant,
D'abord un mouvement puis un étonnement.
Flanqué à lui, le dernier, les peurs, coude à coude,
Et au loin le sentier rugit dans les nuages et les éclairs.

En bas, là où la terre est, le berger gèle, et la flûte
Lui, descend et ravi de voir la lumière de mille tonnerres,
Le ciel ouvre l'abîme à l'âme de l'Argonaute.










Le tour du Fort est vite fait, il est petit, 


et malheureusement fermé en cette saison à la visite, mais au travers la grille je m’étonne de la vacuité du lieu.

Voilà: le centre est vite parcouru !




 Mais heureusement une petite pépite m’attend ailleurs : La Gare. 











Cette petite gare est ravissante à mes yeux avec ces azulejos représentant, côté rue, les préparatifs, le départ du Navigateur vers  les Indes et son arrivée à Calicut. 









(Cliquez sur les images pour mieux voir, mais vous savez déjà...)








Ces 4 scènes ci-dessus sont flanquées de deux autres azulejos représentant une église (de Sines ? ou un monastère ?) et le fort de Sines.































L’autre façade de la gare est décorée avec d’autres faïences représentant l'océan, la vie des habitants : la pêche, la réparation des filets, etc. 









De très fines azulejos, très représentatives de la vie de Sines. 

Pas besoin de textes, 

juste peut-être ajouter que la gare est désaffectée:  depuis bien longtemps.

Et que Mila est gaie, mais ça c’est son affaire…



Voilà les principales curiosités de la petite ville de Sines, et puis en passant prés du centre il y avait ça...

"Fatigués, nous sommes arrivés à Sines.
Comme si nous étions arrivés à un endroit perdu
Dans le paysage d'une nuit immense - à travers les interminables
Et monotones autoroutes qui finissent soudainement à la mer.
Il est toujours difficile pour moi d'atteindre Sines.
Ici  j'ai passé mon enfance, et ici, beaucoup de fois, je suis revenu chercher
De ce que je savais perdu pour toujours.
Combien de fois ai-je trahi, et aimé ce village?
Combien de fois couru avec amertume loin de lui? "    Al Berto.

A + !