La Mouraria, dont le nom renvoie aux Maures qui y ont habité il y a plus de neuf siècles, est l'un des plus anciens quartiers de Lisbonne.
Et voici la fresque dont je vous parlais : non pas d’azulejos, pas d'affiche ni même de bas-reliefs : juste de l’art pictoral de rue (ou street art si vous voulez) mais ne vous y trompez pas, ici rien de futile.
La question que l'on peut se poser, c'est: pourquoi donc Maria Severa se permet-elle une telle familiarité avec Fernando Mauricio ? la raison est toute simple, Fernando est né rue do Capelão à quelques métres de la taverne où chantait Maria (et où elle s'est éteinte à l'age de 26 ans) ! et lui-même a commencé sa carriére bien évidemment dans une taverne nommée O Chico de Severa !
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Labyrinthe de ruelles pentues, vieux immeubles délabrés, passages d’escaliers bien raides, linge qui sèche aux fenêtres, placettes où des barbecues attendent le soir pour exhaler le parfum des sardines grillées me rappelant l'été provençal: ce quartier populaire où cohabitent Portugais, Indiens, Pakistanais, Africains, Chinois, etc. est l'un des plus authentiques bairros de la capitale portugaise.
Mais vous l’avez compris, sa réputation souvent associé aux problèmes d’insécurité, drogue, prostitution... ne vous attirera donc pas en premier lieu pour une visite touristique.
Il est Le berceau du fado !
Le fado est y est né, à partir des chansons traditionnelles africaines puis rapidement devenu le chant des classes populaires et des marins de passage.
A travers une fresque originale découverte grâce à Simona (Ames et secrets) dans les escadinhas de Sao Cristovao, je vous invite à le découvrir un tant soi peu.
A travers une fresque originale découverte grâce à Simona (Ames et secrets) dans les escadinhas de Sao Cristovao, je vous invite à le découvrir un tant soi peu.
Montons donc quelques marches, en suivant Sao Cristovao (Saint Christophe) portant vaillamment Jésus et le monde pour lui faire traverser le fleuve .
Et voici la fresque dont je vous parlais : non pas d’azulejos, pas d'affiche ni même de bas-reliefs : juste de l’art pictoral de rue (ou street art si vous voulez) mais ne vous y trompez pas, ici rien de futile.
Dés la tranche du mur, tout à fait à gauche, au-dessus des petites maisons désordonnées propres aux quartiers de Mouraria et d'Al Fama où se pavane un fier corbeau noir, nous avons l’honneur d'être accueilli par celui qui est reconnu comme le plus grand chanteur de sa génération, Fernando Maurício da Silva.
Voici l’une des plus écoutée de ses chansons:
Puis à la suite sur le premier pan du mur, nous voilà encore avec Fernando Mauricio mais, accompagné cette fois d'une dame dont la tenue ne laisse aucun doute sur sa profession... Il s'agit de Maria Severa Onofriana - confirmé par la banderolle jaune dessous - Maria Severa est une des références, la premiére chanteuse de fado reconnue.
Elle est née, en 1820, pour la petite histoire, sa mère, Ana Gertrudes, était propriétaire d'une taverne et était surnommée « A Barbuda » (La Barbue) en raison de la barbe qu'elle portait. Maria était une prostituée, et elle commença à chanter dans une taverne située Rua do Capelão dans le quartier de la Mouraria.
Selon la légende et aussi l'imagination du l'écrivain Júlio Dantas. Elle eut plusieurs amants célèbres, dont le comte de Vimioso qui, fut ensorcelé par le Fado de Maria Severa. Júlio Dantas écrivit une piéce de théatre "A Severa" qui deviendra opérette et un film dont voici un extrait:
Derrière Maria Severa, se trouvent deux guitaristes fameux : En haut , Carlos Paredes, un maitre de la guitare portugaise (attention elle est différente), tandis qu’en-dessous se trouve, Martinho d’Assunção jouant, lui, de la guitare classique, il est également compositeur, en témoignent les LA, LA, LA sur lesquels il est assis.
Pour poursuivre en musique avec Carlos Paredes :
Quelques patés de maisons plus loin,
bien placée comme trônant, au balcon nous sourit la plus célèbre fadista : Amália Rodrigues. Normal: elle incarne à elle seule le Fado moderne; Superbe voix ! ici dans Ai Mouraria.
Sous le balcon on peut voir l'inscription "Cheira Bem" tirée d'une chanson d'Amalia "Cheira Bem, Cheira ha Lisboa" (ça sent bon,ça sent Lisbonne)
A coté, une table garnie de pain et de vin, rappelant aussi les paroles d'une des célébres chansons : A Casa Portugesa.
Vous voyez, cette modeste fresque recèle bien des détails dont le sens n’est absolument pas fortuit , on nous raconte ainsi un peu de l’histoire du Fado et des quartiers pittoresques d’ Al Fama, la Mouraria, etc. on nous montre le corbeau noir, symbole de Lisbonne, l’hospitalité avec la table nappée et garnie, le mélange de la population, les sardines grillées qui réellement embaument tous les soirs les ruelles, et tiens, en parlant de sardines, n’avez-vous pas tiqué comme moi au comportement de celle sur le barbecue derrière M. Severa? elle me semble bien émotive et réactive aux attraits de la fadista, non ?
Fin des escadinhas; Adeus Sao Cristovao !
Que du bonheur cet article, passionnant et tellement bien illustré. Il me semble avoir mangé une soupe de pain dans ce quartier : l'aubergiste hésitait à me la servir me disant "c'est un plat modeste, pour les gens d'ici" mais quel délice ! roboratif mais remarquable, j'en conserve un souvenir merveilleux juste du pain, des oeufs et du fromage...
RépondreSupprimerMerci Michelaise ! Lisbonne est une trés belle ville, tout en étant la Capitale, elle a gardé le charme d'une ville de "province", un seul regret: séjour trop court pour tout voir :/
SupprimerTa bonne soupe, tu as certainement dû la déguster dans le Bairro Alto: les petits restos y sont trés nombreux et l'ambiance est agréablement familiale.