Avec les cousins nous avons loué une "Pénichette®", genre de petit bateau à fond plat, très maniable et très bien agencé, Merci Locaboat ! Première expérience sur une rivière qui nous a enchantée.
La barquette est très bien conçue pour 6 personnes (pour huit c'est possible mais le dernier couple dort dans le salon, nous étions 6 !) A l’avant, deux belles cabines avec lit simple ou double et à l’arrière, une belle cabine également. Ce bateau comprend aussi un espace terrasse surélevé et aménagé et un poste de pilotage extérieur.
Le parcours fut décidé comme proposé par les sympathiques loueurs de chez Babou Marine, ainsi, en fonction de la portion navigable du Lot, car cette rivière reste un peu sauvage et non ouverte à la navigation en quelques tronçons.
Cahors -
Départ Cahors, oh pétard il pleut !! là où nous avons pris possession de notre barquette, mais sans visiter la ville: juste faire les courses et : tout le monde à bord !
Puis tout de suite pour passer la nuit hors ville, nous avons franchi la première écluse (avec brio pour des néophytes !)
Pradines
Accostage à Pradines. Charmant petit village, traversé hélas sous pluie battante, mais heureusement bien accueilli à l'auberge "Chez Marie" par Maria elle-même et son mari qui nous ont réservé un coin à l'intérieur normalement interdit à cause, vous le savez, des restrictions de la Covid (on aurait dû dîner dehors) mais on était seuls, l'ambiance était chaleureuse et les pièces de viande de 400 gr coupées par le Patron était une tuerie !! (pardon du mot pour le végan qui me lirait...) Je recommande très fortement ce super resto !
Première nuit à Pradines, puis le lendemain départ pour Douelle.
Le parcours Pradines - Douelle est calme, reposant. Et il fait beau ! Les marins activent leurs biceps ;)
Nous découvrons la région par sa rivière et ses berges, le paysage est magnifique, tellement différent de celui vu par la route !
Douelle
L'arrivée à Douelle est particulière : le quai est peint d'une superbe fresque: voici un petit film pour vous donner une idée.
Il s’agit en fait d'une des plus grandes peintures murales d’art contemporain en Europe, réalisée en 1992 par Didier CHAMIZO. Didier CHAMIZO est un enfant du pays, la ville de Douelle lui a confié ce mur de béton brut de 120m de long sur 6m de haut, au bord de la rivière Lot. Il restait à l’artiste à s’emparer de cet espace d’expression original et à évoquer sur 800m2 l’histoire et la mythologie du vin depuis Jules César.
Après un bon repas dans un resto avec belle tonnelle,
Excellente bouteille de malbec
Petite balade dans le village et visite de la charmante petite église St Etienne.
En entrant, vous verrez, suspendue à la voûte, la reproduction d’une frégate du XIX° siècle munie de canons. Elle doit rappeler le naufrage de « la Sémillante » au large de la Corse en 1855. Ce bateau de grande mer emportait en renfort lors de la guerre de Crimée 705 soldats accompagnés de l’abbé Joseph Carrières, aumônier de la flotte, natif de Douelle. (https://www.paroissedecahors.fr/vie-paroissiale/les-paroisses/nos-eglises/article/douelle)
Luzech
Après avoir digérer notre copieux repas, nous reprenons la barre pour aller voir Luzech, je n'ai pas été séduit par ce village mais je pense que l'on a pas accosté du bon côté, l'originalité ici est que le Lot fait une boucle qui a été relié par un canal, on pourrait faire le tour de cette boucle ... si on est du bon côté du barrage !
Mais nous non, vous l'aviez compris on est de l'autre coté et
le barrage
nous barre
le passage
Luzech. Le seul attrait que j'ai pu en tirer est ceci, stèle croisée sur le chemin longeant la rivière:
Ces quelques mots m'ont scotchés du fait que je ne m'attendais pas à une ôde ici :
Mais ! qu'est-ce que ce truc vient faire là au bord du Lot ? et qu'en ont-ils pensé les paysans du coin lors de l'édification de cette pierre ?
"Heureux qui de ses mains cultive les sillons
Où son champêtre aïeul planta ses pavillons
Qui demande à la terre un tribut légitime
Et nourrir les siens l'épuise et la ranime
Je n'ai aucune formation littéraire, mais il y a quand même des
textes qui me prennent les tripes et m'interroge mais je sais ces rimes sont de qualité modeste (peut-être médiocre, à chacun de juger) et j'ai eu donc envie de connaitre ce Mr Lefranc de Pompignan.
Donc Jean-Jacques Lefranc (ou Le Franc), marquis de Pompignan, dit Lefranc de Pompignan né en 1709
MAIS NON !
Pas de panique !
Je ne vais pas vous gâcher le moment par une pseudo-biographie du marquis non non !
Juste vous faire un copier-coller de Wiki ! après tout j'ai contribué il n'y a pas si longtemps à leur pérennité. Juste dire l'important, le reste à vous de voir Wiki;
voilà:
"La neuvième strophe (de l'Ode sur la mort de Jean-Baptiste Rousseau - Note de moi)est également inspirée et fut longtemps parmi les vers les plus célèbres de la langue française ; l’allitération en «r» des deux derniers vers est digne du célèbre exemple tiré de l'Andromaque de Racine (« Pour qui sont ces serpents qui sifflent sur vos têtes ? ») :
Le Nil a vu, sur ses rivages, De noirs habitants des déserts Insulter par leurs cris sauvages L’astre éclatant de l’univers. Cris impuissants ! fureurs bizarres ! Tandis que ces monstres barbares Poussaient d’insolentes clameurs, Le dieu, poursuivant sa carrière, Versait des torrents de lumière Sur ses obscurs blasphémateurs.
Cette ode est l’un des grands poèmes du xviiie siècle, à telle enseigne que Sainte-Beuve a pu dire avec malice que la meilleure ode due à Jean-Baptiste Rousseau est celle de Lefranc de Pompignan sur sa mort. Au moment de sa publication, elle passe complètement inaperçue et n'est signalée à la postérité que par La Harpe dans son Cours de littérature, quelque vingt ans plus tard ; c’est lui qui, au cinquième vers, a substitué la formule « cris impuissants » à celle de « crime impuissant », qui figure dans l’original13."
Voilà, ça c'est fait.
Aprés avoir fait nos quelques emplettes dans une supérette nous somme repartis dormir à quai à Douelle.
3ème jour
De Douelle à Cahors
Il est tôt, tout le monde dort, j'ai essayé de préparer le petit déj pour chacun (dur dur personne ne déjeune pareil) et j'attends; Dehors il fait bon, une brume paisible traine sur l'eau et brouille la lumière du soleil lui aussi paresseux. Une belle petite photo :
Pas beau ça ?
Tout le monde dort encore: je décide de faire tourner le moteur ...
Cahors
Arrivée à Cahors, le Pont Valentré nous accueille !
Cahors est une très belle ville, entourée par une boucle du Lot, elle rayonne par ses jardins,
où nous sommes extasiés sur les roseraies,
vu son centre historique avec ses belles demeures à colombages,
sommes entrés dans sa cathédrale qui, somme toute, ne m'a pas particulièrement plue, et, bien entendu, nous avons traversé son célèbre Pont Valentré, dont Jean-Louis nous avait déjà parlé.
La construction de ce pont, dont on ne connait pas l'architecte fut commencé en 1308 et terminé en 1380 avec ses tours.
Lors de restaurations dans les années 1870, on fait graver un diable en haut de la tour centrale faisant écho à la légende affirmant que le diable aurait contribuer à l'achèvement du pont:
"Désespéré par la lenteur des travaux, l’architecte sollicite le diable pour l’aider à terminer l’ouvrage, en échange de quoi il lui abandonnerait son âme en guise de paiement.
Mais lorsque le pont est presque terminé, l’architecte joue un tour au malin en le convoquant à nouveau et en lui ordonnant de remonter de l’eau au sommet de la tour centrale, à l’aide d’un tamis. Dans le but de gâcher le mortier permettant de sceller la dernière pierre du pont. N’y parvenant pas malgré ses efforts, le diable ne peut pas tenir son engagement d’achever l’ouvrage. En conséquence, l’architecte sauve son âme. Furieux, Satan revient chaque nuit arracher la dernière pierre du pont que les maçons ont mis en place."
Bien du retard dans les billets sur le blog ! Après moultes péripéties, me revoilà.
Nous étions encore dans les Alpes, voici donc deux petites photos de la dernière virée : un panorama et le refuge Napoléon au col de Vars.
Les refuges Napoléon étaient en fait au nombre de six, ce sont des refuges de montagne situés au passage ou à proximité de cols dans le département des Hautes-Alpes.
Sur les six, trois restent authentiques ceux de Manse, de Vars et d'Izoard, voici l'histoire:
Napoléon 1er, déchu par le Sénat, et obligé d'abdiquer à Fontainebleau, se retire sur l'île d'Elbe le 10 avril 1814. Le 26 février 1815, il quitte sa retraite, débarque à Golfe Juan et arrive à Paris le 21 mars. Au cours de ce périple, il fait étape à Gap où il reçoit un accueil des plus chaleureux, et la route empruntée pour son retour est alors dénommée : La route Napoléon. Victorieuse à Waterloo, l'Europe coalisée envahit de nouveau la France et, cette fois, l'Empereur confié à l'Angleterre est embarqué pour Ste Hélène où il meurt en 1821. Au cours de son exil, il rédigera son testament sur lequel est précisé : qu'en remerciement du chaleureux accueil que lui a réservé la ville de Gap lors de son passage, il assigne au département des Hautes-Alpes une portion de son domaine privé.
Napoléon III, pour satisfaire les voeux de son oncle, après que la Restauration n'ait pas cru bon d'y donner suite, propose la construction de huit refuges. Mais faute de crédits, six sur les huit prévus seront finalement érigés sur des points stratégiques :
1) Au col du Noyer (1664 m), commune du Noyer, sur le CD17, entre les vallées du Champsaur et du Dévoluy. Détruit par un incendie en 1947 et reconstruit (pas de façon identique) par son gardien Auguste Blanc qui en est devenu le propriétaire. Est fermé en hiver.
2) Au col de Manse (1268 m) commune de Romette, sur la N544. Fait communiquer le bassin Gapençais avec le Champsaur.
3) Au col de Vars (2109 m) à l'altitude 1990 m, commune de Vars, sur le CD902 entre Guillestre et Barcelonnette. La route des Grandes Alpes.
4) Au col de l'Izoard (2360 m) à l'altitude 2290 m, commune de Cervières, sur le CD902. Relie le Briançonnais au Queyras. C'est le plus haut de la route des Grandes Alpes. Est fermé en hiver.
5) Au col Lacroix (2297 m), commune de Ristolas, sur le sentier qui conduit du Queyras vers l'Italie (Val Police). Détruit par l'armée italienne en 1940, déclaré sinistre de guerre et reconstruit à Ristolas (mairie). Est fermé en hiver.
6) Au col Agnel (2746 m), commune de Molines, sur le sentier entre le Queyras et l'Italie (Varaita). Détruit par une avalanche et non reconstruit.
Les refuges des cols d'Agnel et Lacroix, ont fait l'objet de la même cession du 13 avril 1893 de la part du Conseil Général en faveur de l'état (Ministère de la Guerre) et l'armée occupa ces deux refuges frontaliers jusqu'à leur disparition.
"Si quelqu’un pourtant veut voir aux environs de Paris un coin de paysage tout particulier, unique, inconnu, je lui indiquerai le pays des lilas, le coteau de la Frette..."
Ainsi commençait l'article de Guy de Maupassant paru dans Le Gaulois du 29 avril 1881à propos de ce village qu'était La Frette sur Seine.
Cette petite agglomération coincée entre Herblay, Montigny et Cormeilles est toute ouverte sur la Seine, et les maisons à flancs de coteaux bénéficient d'une vue extraordinaire sur le fleuve et ses rives. Encore si calme et si paisible pourtant si proche de Paris, elle a séduit toutes celles et tous ceux qui s'y sont promené.
La lumière au fil des saisons module les couleurs de la végétation, des arbres en contraste avec les toits rouges.
Les péniches brisant le miroir autour d'elles en vagues successives font naître des scintillements et des reflets chamarrés réveillant l'eau sombre du fleuve.
Bref, tout ça pour dire que ce n'est pas par hasard que nombres de peintres ont joué du pinceau sur les rives ou dans les rues. Et leurs témoignages sont tout autant nombreux: Antoine Barbier, Charles Camoin, Charles-François Daubigny, Tadashi Kaminagai, Lucien Pissaro, Maurice de Vlaminck, etc.
Et aussi ceux qui y ont carrément vécus: Anne-Pierre De Kat, Alfred Marie Le Petitet Alfred Marquet ! Avec cette brochette si prestigieuse, il fallait pas moins que pour le revendiquer de l'afficher !
Et la ville depuis longtemps l'a fait.
Voici donc.
Commençons par la place de la gare, là où vivait Théo Sarapo, où son père avait
un salon de coiffure, avant bien sûr de devenir l'époux d'Edith Piaf.
Quelle impression d'être là où Tadashi Kaminagai s'est tenu !
Magnifique toile d'Eugène Paul dit Gen Paul ! Peintre, graveur, il fut l'illustrateur de deux romans "Voyage au bout de la nuit" et Mort à crédit" de qui vous savez, dont il fut l'ami et malheureusement proche lui aussi des milieux collabo. Mais parcourez la biographie de Gen Paul, elle en vaut la peine.
Le très joli texte de Guy de Maupassant continue ainsi:
En face du parc de Maisons-Laffitte, entre le village de Sartrouville et le hameau de la Frette, s’étend un petit coteau qui suit le cours de la Seine et s’arrondit avec le fleuve. Cette colline, toute verte le reste de l’année, semble aujourd’hui teinte en violet, et quand on se promène à son pied une odeur délicieuse et forte vous pénètre, vous grise ; car c’est là qu’on cultive tous les lilas qui embaumeront Paris dans quelques jours. On y cultive les lilas comme les asperges à Argenteuil, comme la vigne en Bourgogne, comme les blés ou les avoines en Normandie...
...et Ce sont des champs en pente plantés d’arbustes, maintenus à une taille égale ; et sur toute la surface du coteau s’étend à présent une nappe de bouquets à peine ouverts, que des moissonneuses commencent à cueillir, qu’elles nouent en gerbes et envoient chaque nuit à la halle aux fleurs.
De petits chemins se perdent au milieu de ces buissons parfumés ; et parfois une épine épanouie semble une boule de neige au milieu de la côte violette. Dans quinze jours, toute la récolte sera faite et les buissons déflorés n’auront plus que leur feuillage vert où quelques grappes tardives se montreront encore de place en place.
Par un jour de soleil, rien de plus curieux, de plus charmant que ce coteau garni de lilas d’un bout à l’autre. Là seulement, ceux qui ne connaissent point le Midi, la patrie des parfums, apprennent ce que sont ces senteurs exquises et violentes qui s’élèvent de tout un peuple de fleurs semblables, épanouies par toute une contrée. Là, dans la tiédeur d’une chaude journée, on peut éprouver cette sensation rare, particulière et puissante, que donne la terre féconde à ceux qui l’aiment, cette ivresse de la sève odorante qui fermente autour de vous, cette joie profonde, instinctive, irraisonnée que verse le soleil rayonnant sur les champs ;
et on voudrait être un de ces êtres matériels et champêtres inventés par les vieilles mythologies, un de ces Faunes que chantaient autrefois les poètes.