C'est le moment de la taille des oliviers.
Le temps se réchauffe mais les boutons floraux qui pointeront leur nez (si je puis dire) à l'aisselle des feuilles ne sont pas encore là.
Une petite orchidée est apparue. Avec ses feuilles vertes épaisses, la Barlie de Robert (lien) commence à fleurir, annonçant le redoux enfin !
Les barlies vont commencer à colorer le sol si dégarni de l'oliveraie.
Pour ma part, je rabats un tiers de mes arbres sévèrement, ceux qui sont "montés" trop hauts et dont les branches deviennent difficilement accessibles lors de la cueillette des olives, comme me l'a appris mon voisin René qui, lui, est tombé dans la marmite (ou peut-être bien dans le pressoir) lorsqu'il était petit.
Cette façon contrairement au gaulage - quand bien même qu'il soit mécanisé - permet de commencer la cueillette plus tôt sur les olives plus vertes et donne une huile différente, comme je vous l'ai déjà expliqué avec Giono dans cet article "Quand on vient du Nord et qu'on a dépassé Valence,".
La taille quand on commence paraît incompréhensible, mais après quelques années on a l'œil exercé et le travail se fait plus rapide et mieux. Mais bon je n'en suis pas encore là !
Donc tous les trois ans j'en rabats de cette façon:
Un après en haut - son voisin avant en bas. |
Jean Giono dans "Arcadie ! Arcadie !" nous conte sa Provence et ses oliviers, un texte plein de poésie.
« ...Mener des Oliviers est un travail d'artiste et qui ne fait jamais suer. La taille, si importante puisque l'arbre ne porte ses fruits que sur le bois neuf, prédispose à la rêverie et satisfait à peu de frais le besoin de créer. Ajouter qu'un arbre bien taillé donne un beau galon sur la manche, qu'il est au bord du chemin ou dans les collines où tout le monde se promène ; qu'on le voit, et s'il est très bien taillé, qu'on va le voir comme un spectacle. Je parle évidemment ici de l'arrière pays et non pas des oliviers qui sont à quelques kilomètres de la mer. Nous sommes encore dans les collines assez hautes. Après la taille, il n'y a plus qu'à laisser faire les choses et les évènements : ce que l'homme d'ici aime par-dessus tout et ce qui est pour le fainéant la distraction, le divertissement rêvé. Surveiller le ciel, quelle ressource de passion ! .être à la merci de la pluie, du soleil et du vent donne un rythme de qualité à chaque jour. Jurer délivre jusqu'au fond de l'âme, alors que, pour se délivrer les bourgeois ont besoin de tant de mécanique ; et même n'y arrive guère... ».
Il a raison Giono ! Que l'on est fier lorsque l'on a terminé un arbre et que son port resplendit ! le feuillage léger laisse voir des branches aux multiples directions comme capricieuses mais pourtant la silhouette de l'ensemble est équilibrée.
Quand j'en serais là je posterais des photos !
à + !