Près de Palavas-Les-Flots, il faut visiter la cathédrale de Maguelone. Imposant monument de style roman niché au cœur d'un jardin arboré, d'ailleurs il est difficile maintenant de la photographier entière car les arbres cachent ses hauts murs. Mais remontons le temps et rapetissons les arbres ;) la voici:
Elle fût pendant plus de mille ans l'un des plus hauts lieux de la chrétienté en Languedoc méditerranéen.
Son histoire, Pierre Pinton la résume très bien dans son livre "Un Baiser de Villeneuve-lès-Maguelonne : de 1900 à 1980" je le cite:
« Nombre d'archéologues et d'écrivains retrouvent la traces des premiers habitants, au début de l'époque Néolithique....»
« ...Plus tard, nombreux envahisseurs se succèdent : commerçants d'Asie Mineure, Phéniciens, Grecs qui d'ailleurs avaient fait du site de Maguelone un comptoir important. Puis comme dans tout le Narbonnais, la trace très nette des Volces (Tectosages) se retrouve dans toute la région. Enfin ce sont les romains qui implantent alors leur civilisation ainsi que le grecs, tous rassemblés dans le même port commercial de Maguelonne.
C'est Clovis en 500 qui mit un terme à tous ces déferlements en repoussant les Wisigoths par-delà les Pyrénées. Ils ne conservèrent en Gaule que quelques évêchés: Nîmes, Maguelone, Lodève, Agde, Béziers, Carcassonne et Elne. Les sarazins cependant occupaient toujours l'île et avaient même un fameux port, nommé encore aujourd'hui port Sarazin.
Charles Martel en 732 par sa victoire sur les Sarazins, libère définitivement Maguelone de l'emprise étrangère mais ordonne pour cela la destruction du port et de la Cathédrale.»
Dans cet extrait, vous avez surement noté deux orthographes ; Maguelone et Maguelonne. L'origine des deux noms semble très ancienne et il est difficile de faire son choix. Le village à coté, Villeneuve, l'a fait et s'appelle Villeneuve-Lez-Maguelone (explication ici). Pierre Pinton lui, en employant les deux noms, n'a apparemment pas fait le choix (?)
Son fronton présente un portail sur le tympan duquel figure une superbe scène biblique représentant le Christ sur un trône entouré d'un âne, d'un aigle, d'un lion et d'un bœuf. De chaque côté de la porte siègent les Saints Patrons de la cathédrale :
Saint-Pierre et Saint-Paul.
Un témoignage ancien est gravé à gauche en entrant:
«MAGUELON – LE SITE
«Maguelon, beau lieu, austère,
paisible, une petite île dont les pentes douces descendent vers les
flots
bleus, au delà des montagnes, dont les lignes se perdent dans
la brume . Désert dominé par le Géant ? La cathédrale et par
la croix. - Cette Basilique canoniale, par ces formes sévères
s'harmonise avec de paysage cette solitude, cet horizon, cette
grandeur.C'est un de ces lieux qui ont une âme
et que doivent chercher les âmes placées dans certaines conditions
morales. Là, on doit contempler, prier, pleurer. C'est un lieu
consacré par les grands souvenirs, saisissant par ce qui est mort et
pat ce qui survit, une ruine et une croix, au milieu de quelques pins
voilà ce qu'il reste de la ville romaine refuge des Sarrasins au VII
siècle, détruite par Charles Martel, rebâtie au Xie et devenue
ville épiscopale et papale, berceau de Montpellier et capitale
ecclésiastique de pays.
Mr Dupanloup, évêque d'Orléans
Journal intime 17 Février 1873.
Son histoire est gravée également à droite en entrant.
«MAGUELONE HISTOIRE »
« Cité romaine et port de mer, au II
siècle , un des plus anciens évêchés de la Gaule ville de Septimanie et station Sarrasine ruinée par Charles Martel en 737
1037. Retour des évêques. Ils
rebâtissent la cathédrale St Pierre.
27 Avril 1085. Le Comte de Maguelone,
petit neveu de St Benoît d'Aniane fait hommage de sa seigneurie à
Grégoire VII
29 Juin 1096. Urbain II bénit l'île et en proclame l’Église le première après celle de Rome.
Foyer incomparable de charité refuge et
asile des grands papes, Urbain II , Gélae II, Calixte II, Innocent
II, Alexandre III qui consacre même le maître autel le 17 Avril
1163, Maguelone en tant que fief pontifical, préserve le territoire
de Montpellier de toute guerre et du servage.
9 Février 1157, Louis VII y préside
le Chapitre dont Adrien IV, ancien chapelain à Melgueil, confirmé
le 15 Avril 1155 les privilèges. Erection en l'honneur de ce pape de
la tour St Pancrace.
Avril 1533. François Ier vient dans
l'île voir son ami l'évêque Pellicier.
27 Mars 1536. Transfert de l'évêché à
Montpellier.
16 Janvier 1632. Les catholiques, les
protestants ; les troupes de Duc de Montmorency ayant occupé
Maguelone, Louis XIII en ordonne la démolition
12 Janvier 1708. Aliénation des
pierres pour la construction du Canal.
3 Mars 1791. Vente de Maguelon comme
Bien National. Revente en 1833.1836.1852.»
(En citant Louis XIII, vous pensez bien que c'est plutôt Richelieu qui ordonnera le démantèlement visant les protestants.)
Il ne restera plus alors sur l'île que la cathédrale "dénudée" et une modeste maison permettant au prêtre d'assurer son service divin. La famille Fabrègues rachètera l'île en 1852 et fera restaurer en partie la cathédrale mais sans les fortifications.
L'édifice est maintenant vide et n'accueille plus de fidèles pour les messes. Lorsqu'on y entre on plonge de suite dans son atmosphère de moyen-âge, hors du temps.
Le sol du transept est tapissé de tombes, pour la plupart anonymes.
On y découvre également quatre remarquables gisants d'évêques, en marbre blanc.
Un escalier de pierre mène à l'étage où une pierre tombale dédiée à l'évêque Jean de Montlaur sert d'autel, et d'où l'on a une vue superbe sur l'intérieur de la cathédrale.
Une cathédrale parmi tant d'autres me direz-vous, oui mais sa particularité c'est qu'elle se trouve sur une toute petite île :
Une petite route, fin cordon littoral entre la mer méditerranée et étangs salés, nous amène sur cette petite île, un peu coupée du monde, c'est là que se dresse la cathédrale de Maguelone.
Pour la balade on se gare au pied de l'île face à la mer et on monte à pied jusqu'à la cathédrale.
A+!