Rechercher dans ce blog

lundi 12 avril 2021

Refuges Napoléon. Puisqu'on en parle !

Bien du retard dans les billets sur le blog ! Après moultes péripéties, me revoilà. 

Nous étions encore dans les Alpes, voici donc deux petites photos de la dernière virée : un panorama et le refuge Napoléon au col de Vars. 

Les refuges Napoléon étaient en fait au nombre de six, ce sont des refuges de montagne situés au passage ou à proximité de cols dans le département des Hautes-Alpes. 

Sur les six, trois restent authentiques ceux de Manse, de Vars et d'Izoard, voici l'histoire:

Napoléon 1er, déchu par le Sénat, et obligé d'abdiquer à Fontainebleau, se retire sur l'île d'Elbe le 10 avril 1814. Le 26 février 1815, il quitte sa retraite, débarque à Golfe Juan et arrive à Paris le 21 mars. Au cours de ce périple, il fait étape à Gap où il reçoit un accueil des plus chaleureux, et la route empruntée pour son retour est alors dénommée : La route Napoléon. Victorieuse à Waterloo, l'Europe coalisée envahit de nouveau la France et, cette fois, l'Empereur confié à l'Angleterre est embarqué pour Ste Hélène où il meurt en 1821. Au cours de son exil, il rédigera son testament sur lequel est précisé : qu'en remerciement du chaleureux accueil que lui a réservé la ville de Gap lors de son passage, il assigne au département des Hautes-Alpes une portion de son domaine privé.

Napoléon III, pour satisfaire les voeux de son oncle, après que la Restauration n'ait pas cru bon d'y donner suite, propose la construction de huit refuges. Mais faute de crédits, six sur les huit prévus seront finalement érigés sur des points stratégiques : 

1) Au col du Noyer (1664 m), commune du Noyer, sur le CD17, entre les vallées du Champsaur et du Dévoluy. Détruit par un incendie en 1947 et reconstruit (pas de façon identique) par son gardien Auguste Blanc qui en est devenu le propriétaire. Est fermé en hiver.

2) Au col de Manse (1268 m) commune de Romette, sur la N544. Fait communiquer le bassin Gapençais avec le Champsaur.

3) Au col de Vars (2109 m) à l'altitude 1990 m, commune de Vars, sur le CD902 entre Guillestre et Barcelonnette. La route des Grandes Alpes.

4) Au col de l'Izoard (2360 m) à l'altitude 2290 m, commune de Cervières, sur le CD902. Relie le Briançonnais au Queyras. C'est le plus haut de la route des Grandes Alpes. Est fermé en hiver.

5) Au col Lacroix (2297 m), commune de Ristolas, sur le sentier qui conduit du Queyras vers l'Italie (Val Police). Détruit par l'armée italienne en 1940, déclaré sinistre de guerre et reconstruit à Ristolas (mairie). Est fermé en hiver.

6) Au col Agnel (2746 m), commune de Molines, sur le sentier entre le Queyras et l'Italie (Varaita). Détruit par une avalanche et non reconstruit.

Les refuges des cols d'Agnel et Lacroix, ont fait l'objet de la même cession du 13 avril 1893 de la part du Conseil Général en faveur de l'état (Ministère de la Guerre) et l'armée occupa ces deux refuges frontaliers jusqu'à leur disparition.


Sources : Wikipédia et www.centcols.org/revues


A + !




lundi 5 avril 2021

Une Pinacothèque Frettoise

 "Si quelqu’un pourtant veut voir aux environs de Paris un coin de paysage tout particulier, unique, inconnu, je lui indiquerai le pays des lilas, le coteau de la Frette..."

Ainsi commençait l'article de Guy de Maupassant paru dans Le Gaulois du 29 avril 1881 à propos de ce village qu'était La Frette sur Seine.

Cette petite agglomération coincée entre Herblay, Montigny et Cormeilles est toute ouverte sur la Seine, et les maisons à flancs de coteaux bénéficient d'une vue extraordinaire sur le fleuve et ses rives. Encore si calme et si paisible pourtant si proche de Paris, elle a séduit toutes celles et tous ceux qui s'y sont promené.


La lumière au fil des saisons module les couleurs de la végétation, des arbres en contraste avec les toits rouges. 
Les péniches brisant le miroir autour d'elles en vagues successives font naître des scintillements et des reflets chamarrés réveillant l'eau sombre du fleuve.
Bref, tout ça pour dire que ce n'est pas par hasard que nombres de peintres ont joué du pinceau sur les rives ou dans les rues. Et leurs témoignages sont tout autant nombreux: Antoine Barbier, Charles Camoin, Charles-François Daubigny, Tadashi Kaminagai, Lucien Pissaro, Maurice de Vlaminck, etc.
Et aussi ceux qui y ont carrément vécus:  Anne-Pierre De Kat, Alfred Marie Le Petit et Alfred Marquet ! Avec cette brochette si prestigieuse, il fallait pas moins que pour le revendiquer de l'afficher ! 
Et la ville depuis longtemps l'a fait. 
Voici donc.

Commençons par la place de la gare, là où vivait Théo Sarapo, où son père avait 
un salon de coiffure, avant bien sûr de devenir  l'époux d'Edith Piaf.

Quelle impression d'être là où Tadashi Kaminagai s'est tenu ! 


Magnifique toile d'Eugène Paul dit Gen Paul ! Peintre, graveur, il fut l'illustrateur de deux romans "Voyage au bout de la nuit" et Mort à crédit" de qui vous savez, dont il fut l'ami et malheureusement proche lui aussi des milieux collabo. Mais parcourez la biographie de Gen Paul, elle en vaut la peine.

Le très joli texte de Guy de Maupassant continue ainsi:

En face du parc de Maisons-Laffitte, entre le village de Sartrouville et le hameau de la Frette, s’étend un petit coteau qui suit le cours de la Seine et s’arrondit avec le fleuve. Cette colline, toute verte le reste de l’année, semble aujourd’hui teinte en violet, et quand on se promène à son pied une odeur délicieuse et forte vous pénètre, vous grise ; car c’est là qu’on cultive tous les lilas qui embaumeront Paris dans quelques jours. On y cultive les lilas comme les asperges à Argenteuil, comme la vigne en Bourgogne, comme les blés ou les avoines en Normandie... 


  ...et Ce sont des champs en pente plantés d’arbustes, maintenus à une taille égale ; et sur toute la surface du coteau s’étend à présent une nappe de bouquets à peine ouverts, que des moissonneuses commencent à cueillir, qu’elles nouent en gerbes et envoient chaque nuit à la halle aux fleurs.





De petits chemins se perdent au milieu de ces buissons parfumés ; et parfois une épine épanouie semble une boule de neige au milieu de la côte violette. Dans quinze jours, toute la récolte sera faite et les buissons déflorés n’auront plus que leur feuillage vert où quelques grappes tardives se montreront encore de place en place.




Par un jour de soleil, rien de plus curieux, de plus charmant que ce coteau garni de lilas d’un bout à l’autre. Là seulement, ceux qui ne connaissent point le Midi, la patrie des parfums, apprennent ce que sont ces senteurs exquises et violentes qui s’élèvent de tout un peuple de fleurs semblables, épanouies par toute une contrée. Là, dans la tiédeur d’une chaude journée, on peut éprouver cette sensation rare, particulière et puissante, que donne la terre féconde à ceux qui l’aiment, cette ivresse de la sève odorante qui fermente autour de vous, cette joie profonde, instinctive, irraisonnée que verse le soleil rayonnant sur les champs ; 





























et on voudrait être un de ces êtres matériels et champêtres inventés par les vieilles mythologies, un de ces Faunes que chantaient autrefois les poètes.