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mercredi 9 octobre 2019

Il était une fois le Facteur Cheval







Il était une fois le Facteur Cheval. Ah mais là stop . Ne croyez pas qu'il est un facteur faisant sa tournée à cheval non, Facteur Cheval n'est pas un mot composé, comme Sage-Femme, Oiseau-Mouche ou Chou-Fleur ! non.

C'est un facteur qui fait sa tournée à pied, marchant plus de 40 km par jour pour distribuer le courrier dans la campagne de la Drôme provençale.






En fait, je reformule mon intro, c'est mieux:

Il était une fois un facteur nommé Cheval, Ferdinand de son prénom.

Ferdinand a 31 ans lorsqu'il devient Facteur, mais c'est à 43 ans, un jour d’avril 1879 que son pied bute sur une pierre si bizarre qu'elle lui rappelle un rêve: construire un palais  à la hauteur de son imagination. Il y consacrera 33 ans de sa vie et achèvera son palais à l'âge de 76 ans !

Bel exemple de mixte Art Brut/ Art Naïf, l'oeuvre sera classée Monument historique par André Malraux. en 1969.

Les façades sont foisonnantes !

L'artiste débutera par la façade Est en créant la Source de la Vie sur laquelle veillent un chien et un lion, et son imagination impressionnante l'emporte :

Grotte de St Amédée, Temple Égyptien, etc.. sur la droite.

Trois géants César, Archimède et Vercingétorix,









une petite place pour ranger sa chère brouette etc, etc. sur la gauche.


Ensuite la façade Sud: étranges oiseaux, animaux, arbre minéral, musée antédiluvien.























Façade Ouest:



 Ferdinand fait cohabiter cultures et religions: on peut voir Mosquée, Temple Hindou, Chalet Suisse, Maison Carrée d'Alger, Château du Moyen-Age... cliquez sur les photos pour mieux voir.




séparés par des colonnes portant une lettre de son nom C H E V A  L.



Façade Nord: De loin la plus riche, on ne sait plus ou poser le regard:  Je veux longer de droite à gauche et vice-versa pour essayer d’intégrer l'ensemble dans sa globalité, mais il y en a partout.



 Mais aussi  la plus aboutie: je m’arrête à chaque instant pour détailler chaque cm2; divers animaux, Phénix, Minotaure et autres étranges figures cohabitent sous l’œil d' Adam et d'Eve: Jardin d’Éden revisité ? Une citation gravée: "D'ici, j'ai sorti la reine du Monde".












Au-dessus la terrasse: accessible par trois escaliers: pèlerins, oiseaux, tourterelles et la pierre d'achoppement, celle à l'origine de la construction du Palais.






Au dedans: la Galerie: "Entrée d'un Palais Imaginaire"
Frise de coquillages, Bestiaires, et maintes citations de Ferdinand. Citations que je regrouperais dans un prochain billet ;)



Et puis un poème d’Émile Roux :"Ton Idéal, Ton Palais" qui donnera enfin un nom à cet édifice: Le Palais Idéal, à lire complet dans le prochain article


En 1912, il achève son Palais et grave:
"1879-1912, 10000 journées, 93000 heures, 33 ans d'épreuves, plus opiniâtre que moi se mette à l’œuvre"






A + !






mercredi 2 octobre 2019

Moi j'aime bien les triptyques.


Je ne sais pas vous, dans la peinture, mais moi j''ai toujours été attiré par les triptyques. Oui peut-être est-ce le fait que c'est "pliable" comme les livres d'enfants avec leurs grandes images, mais bon, on a tous ses petits penchants...


Et donc en voici un que j'ai trouvé assez remarquable : La Résurrection de Giovanni Capassini au Château de Tournon/Rhône, Ardèche.

Cette œuvre, est située dans la chapelle du château, peinte par en 1555, bien que le cardinal François de Tournon, passe commande à l'artiste, afin d'orner l'autel de la chapelle du collège de la ville. Il fait d'ailleurs écho à la devise du Cardinal "non qvae svper terram" Gravé au portail du collège.

 




Volet de gauche:

les pèlerins d'Emmaüs.
Le Christ bénit le pain devant deux de ses disciples qui le reconnaissent.





Panneau central:
La Résurrection. Le Christ terrasse la mort, pendant que les soldats sont endormis. Signature au bas de Jonnes Capassini Fiorentino Facebiat.


 Volet de droite:

Le Cardinal est en prière à genoux. Il voit par une fenêtre le Christ avec Marie-Madeleine à ses pieds: c'est la scéne "Noli Me Tangere"
"Ne me touche pas, car je ne suis pas encore monté vers le père"









Remarquable (mais hélas pas à la vue du public) l'idée de centrer le christ est la mort verticalement si bien que lorsque les deux volets sont à demi fermés, il n'apparait à la lumière que la verticalité terre-ciel.

Remarquables aussi les "grisailles" des faces cachées des deux volets qui, lorsque le retable est refermé, montre une scène connue : un ange apparaissant aux trois Marie venant auprès du corps et leur dit que celui n'est plus là et monté aux cieux.
Dos du volet gauche https://art.rmngp.fr/fr/library/artworks/giovanni-capassini_triptyque-de-la-resurrection-du-christ_huile-sur-bois


Remarquable aussi par ses couleurs, la finesse des traits et des drapés et puis quelques détails qui la singularise.

Photo piquée chez IMAGES D ART

D'abord pictural:

Voyez plutôt le panneau central: le Christ s'élève alors que les gardes sont endormis. Mais qu'est-ce donc ce personnage au nez proéminent caché à droite (à gauche du Christ) alors ? C’est un roc ! … c’est un pic ! … c’est un cap ! Que dis-je, c’est un cap ? … C’est une péninsule ! et ceci n'est certainement pas fortuit: qui représente-il ?  Excusez mon ignorance sur la bible mais qui sait me le dise !


Et puis historique:

En 1714, les bâtiments du collège sont ravagés par un incendie par chance le retable est mis à l'abri, il semble que ce soit à ce moment-là que le volet gauche disparait puis enfin, réapparait en 1980. Il fait partie alors des acquisitions du Musée du Louvre et est attribué alors à Ridolfo Ghirlandaio. C'est en 1987 qu'il définitivement reconnu comme le troisième volet du triptyque.


IL me semble que la date de la signature donné dans le petit explicatif Anno MCDLV (1455) est faux, Giovanni Capassini étant né en 1570...

Vue du Château.

 A + !

jeudi 16 novembre 2017

Pierre qui chante, mon âme tousse.

Retour de Sardaigne; le travail ne m’a laissé aucun répit: n’aurais-je donc pas une seule petite heure à perdre (ou plutôt à ne pas perdre) pour rassasier ma curiosité ?
mais si !
Entre l’hôtel et l’aéroport de Cagliari,
On peut, si on veut, passer par San Sperate.
Petite ville connue pour ses peintures murales mais aussi par son Jardin Sonore.


Garée la voiture,
Pris un cappuccino à la terrasse d’un café face à une des fresques murales de la ville,

Dégourdies les jambes dans la rue qui m’emmène 

(ou qui m'emmènent ? 
C'est vrai ça, est-ce la rue ou bien mes jambes qui m'emmène(nt) ? )

vers le jardin, encore une très jolie fresque.


Plus loin d’anciennes maisons montrent leurs murs faits de briques de terre.












Et soudain à main droite, le Jardin.
Pauvre de moi, deux groupes de touristes arrivent, me voilà noyé entre une vague humaine espagnole et l'autre française, moi qui ne sait à peine nager...

Heuseusement, une  guide arrive et met de l'ordre, elle nous explique le parcours de l’artiste.


 Pinuccio Sciola, petit bonhomme originaire de cette ville, est un artiste qui, par ses dons de sculpteur, obtiendra des bourses d’études, lesquelles lui permettront de suivre des cours prestigieux et d’être connu dans le monde entier.

En 1996, ce monsieur dévoile la magie du son de la pierre : Ses sculptures : des œuvres capables de vibrer et d’émettre des sons, « de communiquer au spectateur le pouvoir de la nature et la force de la terre ».

Les œuvres en voici, énormes roches striées ou tranchées en fines lamelles restantes solidaires de leur bloc resté brut ou bien prenant une forme longiligne ou carrée.





La guide nous explique comment l’artiste faisait chanter ses pierres, avec ses mains humises ou bien à l’aide d’une petite pierre, elle frotte les parties striées et les fait vibrer. Il en sort une musique plus ou moins grave selon la taille des striures.




L’effet est plutôt mélodieux. Selon les stries découpées dans la roche, les sons diffèrent, tel un instrument de musique.


Et des instruments, il y en a un peu partout ici !




L’artiste en découpant et polissant le cœur de ces roches, aimerait même nous faire croire qu’elles ont une âme.

Mais mon âme à moi tousse :

A déambuler au milieu de ses sculptures je m’y perds et au bout du jardin, là, d’autres œuvres, apparemment non élues au rang des « exposables » sont rassemblées 

 Où bien couchées derrière quelques arbustes. Jalouses, elles semblent me dire «  rends-toi compte Philfff, de la similitude du jardin avec un cimetière »





Et c’est vrai que là, je ne vois plus ces sculptures sonores comme au début, tous ces monolithes alignés le long des allées, ressemblent à des stèles érigées en honneur de quelques morts, d’autres plus grandes, esseulées, dédiées à quelques illustres défunts




Et ces morts, ne seraient-ce pas ces rochers eux-même, griffés, sciés, torturés pour leur extirper de faux aveux, de fausses vérités : des sons désirés par l’homme mais extrinsèques à cette pierre exsangue ?




à + !