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mardi 1 décembre 2020

Blois. Pour moi.

 Eh oui comme Chambord, mon précédent billet "stockage-de-mes-photos", je dois up-loader oups pardon télécharger mes suuuperbes photos prises au Château de Blois pour me les sauvegarder quelque part. Là non plus je ne vais pas vous refaire le guide touristique et vous narrer l'Histoire de France dont c'est vrai beaucoup de faits se sont déroulés ici, avec nos illustres amis dont:

Charles dit Le Chauve Petit-fils de Charlemagne, Roi de Francie Occidentale et Empereur d'Occident.

Thibaud dit l'ancien puis son fils Thibaud dit Le Tricheur Comtes de Blois

Louis Ier d'Orléans, frère du Roi Charles VI (dit le fou)

L'admirable Anne de Bretagne !

Charles Ier d'Orléans dit le Poète qui va aménagé la forteresse.

Louis XII Roi de France qui rajoute au Château une aile style gothique/première renaissance. 

François Ier Roi de France qui rajoute aussi au Château une aile mais de style progressif de l'époque Renaissance.

Henry II Roi de France

Catherine de Médicis Reine de France

Henry III Roi de France

Henry IV  dit le Grand Roi de FRance et de Navarre.

Gaston d'Orléans

La liste est longue de ceux qui ont séjourné, qui ont comploté contre les Rois et les Grands comme Richelieu, Mazarin, Etc Et ceux qui y ont trouvé la mort brutale comme le Duc de Guise. Même D'artagnan y est passé: je ne pouvais pas faire l'impasse de ne pas en citer quelques uns.

Bref comme le sujet historique est planté, voilà mes photos. Accompagnées de quelques belles phrases de Balzac, et j'en suis honoré... si vous voulez vous y attarder.

Mais auparavant, savourez cette phrase de Dumas qui commence Le Vicomte de Bragelonne:

"Vers le milieu du mois de mai de l’année 1660, à neuf heures du matin, lorsque le soleil déjà chaud séchait la rosée sur les ravenelles du château de Blois, une petite cavalcade, composée de trois hommes et de deux pages, rentra par le pont de la ville sans produire d’autre effet sur les promeneurs du quai qu’un premier mouvement de la main à la tête pour saluer, et un second mouvement de la langue pour exprimer cette idée dans le plus pur Français qui se parle en France : - Voici Monsieur qui revient de la chasse."


Maintenant Balzac :

Entre tous ces châteaux, celui de Blois, où se trouvait alors la cour, est un de ceux où la magnificence des d’Orléans et des Valois a mis son plus brillant cachet, et le plus curieux pour les historiens, pour les archéologues, pour les Catholiques. Il était alors complétement isolé. La ville, enceinte de fortes murailles garnies de tours, s’étalait au bas de la forteresse, car ce château servait en effet tout à la fois de fort et de maison de plaisance.


Au-dessus de la ville, dont les maisons pressées et les toits bleus s’étendaient, alors comme aujourd’hui, de la Loire jusqu’à la crête de la colline qui règne sur la rive droite du fleuve, se trouve un plateau triangulaire, coupé de l’ouest par un ruisseau sans importance aujourd’hui, car il coule sous la ville ; mais qui, au quinzième siècle, disent les historiens, formait un ravin assez considérable, et duquel il reste unprofond chemin creux, presque un abîme entre le faubourg et le château.

Ce fut sur ce plateau, à la double exposition du nord et du midi, que les comtes de Blois se bâtirent, dans le goût de l’architecture du douzième siècle, un castel où les fameux Thibault le Tricheur, Thibault le Vieux et autres, tinrent une cour célèbre..."


"Dans ces temps de féodalité pure où le roi n’était que primus inter pares, selon la belle expression d’un roi de Pologne, les comtes de Champagne, les comtes de Blois, ceux d’Anjou, les simples barons de Normandie, les ducs de Bretagne menaient un train de souverains et donnaient des rois aux plus fiers royaumes. Les Plantagenet d’Anjou, les Lusignan de Poitou, les Robert de Normandie alimentaient par leur audace les races royales, et quelquefois, comme du Glaicquin, de simples chevaliers refusaient la pourpre, en préférant l’épée de connétable. Quand la Couronne eut réuni le comté de Blois à son domaine,

Louis XII qui affectionna ce site peut-être pour s’éloigner du Plessis, de sinistre mémoire, construisit en
retour, à la double exposition du levant et du couchant, un corps de logis qui joignit le château des comtes de Blois aux restes de vieilles constructions desquelles il ne subsiste aujourd’hui que l’immense salle où se tinrent les États-Généraux sous Henri III.








Avant de s’amouracher de Chambord, François Iᵉʳ voulut achever le

château en y ajoutant deux autres ailes, ainsi le carré eût été parfait ; mais Chambord le détourna de Blois, où il ne fit qu’un corps de logis, qui de son temps et pour ses petits-enfants, devint tout le château. Ce troisième château bâti par François Iᵉʳ est beaucoup plus vaste et plus orné que le Louvre, appelé de Henri II. 


Il est ce que l’architecture dite de la Renaissance a élevé de plus fantastique. Aussi, dans un temps où régnait une architecture jalouse et où de moyen-âge on ne se souciait guère, dans une époque où la littérature ne se mariait pas aussi étroitement que de nos jours avec l’art, La Fontaine a-t-il dit du château de Blois, dans sa langue pleine de bonhomie : « Ce qu’a fait faire François Iᵉʳ, à le regarder du dehors, me contenta plus que tout le reste : il y a force petites galeries, petites fenêtres, petits balcons, petits ornements sans régularité et sans ordre, cela fait quelque chose de grand qui me plaît assez. » 

Le château de Blois avait donc alors le mérite de représenter trois genres d’architecture différents, trois époques, trois systèmes, trois dominations. Aussi, peut-être n’existe-t-il aucune demeure royale qui soitsous ce rapport comparable au château de Blois. Cette immense construction offre dans la même enceinte, dans la même cour, un tableau complet, exact de cette grande représentation des mœurs et de la vie des nations qui s’appelle l’Architecture.


Au moment où Christophe allait voir la cour, 
la partie du château qui, de nos jours, est occupée par le quatrième palais que s’y bâtit soixante-dix ans plus tard, pendant son exil, Gaston, le factieux frère de Louis XIII, offrait un ensemble de parterres et de jardins 
aériens pittoresquement mêlés aux pierres d’attente et aux tours inachevées du château de François Iᵉʳ. Ces jardins communiquaient par un pont 
d’une belle hardiesse, et que les vieillards du Blésois peuvent encore se souvenir d’avoir vu démolir, à un parterre qui s’élevait de l’autre côté du château et qui, par la disposition du sol, se trouvait au même niveau. 
 On allait aux jardins par des galeries extérieures et intérieures, dont la principale se nommait la Galerie des Cerfs, à cause de ses ornements. Cette galerie aboutissait au magnifique escalier qui sans doute a nspiré le fameux escalier double de Chambord, et qui, d’étage en étage, menait aux appartements.


Quoique La Fontaine ait préféré le château de François Iᵉʳ à celui de Louis XII, peut-être la naïveté de celui du bon roi plaira-t-elle aux vrais artistes autant qu’ils admireront la magnificence du roi-chevalier. L’élégance des deux escaliers qui se trouvent à chaque extrémité du château de Louis XII, les sculptures fines, originales qui y abondaient et que le temps a dévorées, mais dont les restes charment encore les antiquaires, tout, jusqu’à la distribution quasi-claustrale des appartements, révèle une grande simplicité de mœurs. 

Évidemment la cour n’existait pas encore et n’avait pas pris les développements que François Iᵉʳ et Catherine de Médicis devaient lui (y) donner, au grand détriment des mœurs féodales. 



En admirant la plupart des tribunes, les chapiteaux de quelques colonnes, certaines figurines d’une délicatesse exquise, il est impossible de ne pas imaginer que Michel Columb, ce grand sculpteur, le Michel-Ange de la Bretagne, n’ait pas passé par là pour plaire à sa reine Anne, qu’il a immortalisée dans le tombeau de son père, le dernier duc de Bretagne.

Quoi qu’en dise La Fontaine, rien n’est plus grandiose que la demeure du fastueux François Iᵉʳ. Grâce à je ne sais quelle brutale indifférence, à l’oubli peut-être, les appartements qu’y occupaient alors Catherine de Médicis et son fils François II nous offrent encore aujourd’hui leurs principales  dispositions..."






Aussi l’historien peut-il y revoir les tragiques scènes du drame de la Réformation dans lequel la double lutte des Guise et des Bourbons contre les Valois forme un des actes les plus compliqués et s’y dénoua.
Le château de François Iᵉʳ écrase entièrement la naïve habitation de Louis XII par sa masse imposante. Du côté des jardins d’en bas, c’est-àdire de la place moderne dite des Jésuites, le château présente une élévation presque double de celle qu’il a du côté de la cour. Le rez-de-chaussée, où se trouvaient les célèbres galeries, forme du côté des jardins le second étage. Ainsi, le premier où logeait alors la reine Catherine est le troisième, et les appartements royaux sont au quatrième au-dessus des jardins du bas qui, dans ce temps, étaient séparés des fondations par de profondes douves. Le château, déjà colossal dans la cour, paraît donc gigantesque, vu du bas de la place comme le vit La Fontaine, qui avoue n’être entré ni dans la cour ni dans les appartements. De la place des Jésuites, tout semble petit. Les balcons sur lesquels on se promène, les galeries d’une exécution merveilleuse, les fenêtres sculptées dont les embrasures sont aussi vastes que des boudoirs, et qui servaient alors de boudoirs, ressemblent aux fantaisies peintes des décorations de nos opéras modernes quand les peintres y font des palais de fées. 

Mais, dans la cour, quoique les trois étages au-dessus du rez-de-chaussée soient encore aussi élevés que le Pavillon de l’Horloge aux Tuileries, les délicatesses infinies de cette architecture se laissent voir complaisamment et ravissent les regards étonnés. 

Ce corps de logis, où tenaient la cour fastueuse de Catherine et celle de Marie Stuart, est partagé par une tour hexagone où tourne dans sa cage évidée un escalier en pierre, caprice moresque exécuté par des géants, travaillé par des nains, et qui donne à cette façade l’air d’un rêve. Les tribunes de l’escalier forment une spirale à compartiments carrés
qui s’attache aux cinq pans de cette tour, et dessine, de distance en distance, des encorbellements transversaux brodés de sculptures arabesques au dehors et au dedans. On ne peut comparer cette création étourdissante de détails ingénieux et fins, pleine de merveilles qui donnent la parole à ces pierres, qu’aux sculptures abondantes et profondément fouillées des ivoires de Chine ou de Dieppe. Enfin la pierre y ressemble à une guipure. Les fleurs, les figures d’hommes ou d’animaux descendent le long des nervures, se multiplient de marche en marche et couronnent cette tour par une clef de voûte où les ciseaux de l’art du seizième siècle ont lutté avec les naïfs tailleurs d’images qui, cinquante ans auparavant, avaient sculpté  les clefs de voûte des deux escaliers du château de Louis XII. 

Quelque ébloui que l’on soit en voyant ces formes renaissant avec une infatigable prolixité, l’on s’aperçoit que l’argent a manqué tout aussi bien à François Iᵉʳ pour Blois, qu’à Louis XIV pour Versailles. Plus d’une figurine montre sa jolie tête fine qui sort d’un bloc à peine dégrossi. Plus d’une rosace fantasque est seulement indiquée par quelques coups de ciseau dans la pierre abandonnée et où l’humidité fait fleurir ses moisissures verdâtres.
Sur la façade, à côté des dentelles d’une fenêtre, la fenêtre voisine offre ses masses de pierre déchiquetées par le Temps qui l’a sculptée à sa manière. Il existe là pour les yeux les moins artistes et les moins exercés un ravissant contraste entre cette façade où les merveilles ruissellent et la façade intérieure du château de Louis XII, composée au rez-de-chaussée de quelques arcades d’une légèreté vaporeuse soutenues (soutenue) par des colonnettes qui reposent en bas sur des tribunes élégantes, et de deux étages où les croisées sont sculptées avec une charmante sobriété. Sous les arcades s’étend une galerie dont les murailles offraient des peintures à fresque, et dont le plafond était également peint, car on retrouve encore aujourd’hui quelques traces de cette magnificence imitée de l’Italie et qui annonce les expéditions de nos rois, à qui le Milanais appartenait.
En face du château de François Iᵉʳ, se trouvait alors la chapelle des comtes de Blois dont la façade était presque en harmonie avec l’architecture de l’habitation de Louis XII. Aucune image ne saurait peindre la solidité majestueuse de ces trois corps de bâtiments, et malgré le désaccord de l’ornementation, la Royauté puissante et forte, qui démontrait la grandeur de ses craintes par la grandeur des précautions, servait de lien à ces trois édifices de natures différentes, dont deux s’adossent à l’immense salle des
États-Généraux, vaste et haute comme une église. Certes, ni la naïveté, ni la force des existences bourgeoises qui sont dépeintes au commencement de cette histoire, et chez lesquelles l’Art était toujours représenté, ne manquaient à cette habitation royale. Blois était bien le thème fécond et brillant auquel la Bourgeoisie et la Féodalité, l’Argent et le Noble donnaient tant de vivantes répliques dans les villes et dans les campagnes.
Vous n’eussiez pas autrement voulu la demeure du prince qui régnait sur le Paris du seizième siècle. La richesse des vêtements seigneuriaux, le luxe des toilettes de femmes, devaient admirablement s’harmonier à la toilette de ces pierres si curieusement travaillées. D’étage en étage, en montant le merveilleux escalier de son château de Blois, le roi de France découvrait une plus grande étendue de cette belle Loire qui lui apporte là des nouvelles de tout le royaume qu’elle partage en deux moitiés affrontées et quasi-rivales. Si, au lieu d’aller l’asseoir dans une plaine morte et sombre et à deux lieues de là, François Iᵉʳ eût assis Chambord en retour de ce château et à la place où s’étendaient alors les parterres où Gaston mit son palais, jamais Versailles n’eût existé, Blois aurait été nécessairement la capitale de la France. Quatre Valois et Catherine de Médicis prodiguèrent leurs richesses dans le château de François Iᵉʳ à Blois ; mais qui ne devinerait combien la Couronne y fut prodigue, en admirant les puissantes murailles de refend, épine dorsale de ce château, où sont ménagés et de profondes alcôves, et des escaliers secrets, et des cabinets, qui enferment des salles aussi vastes que la salle du Conseil, celle des Gardes et des chambres royales où, de nos jours, se loge à l’aise une compagnie d’infanterie. 





Quand même le visiteur ne comprendrait pas tout d’abord que les merveilles du dedans correspondaient à celles du dehors, les vestiges du cabinet de Catherine de Médicis où Christophe allait être introduit, attesteraient suffisamment les élégances de l’Art qui a peuplé ces appartements de figurations animées, où les salamandres étincelaient dans les fleurs, où la Palette du seizième siècle décorait de ses plus brillantes peintures les plus sombres dégagements. Dans ce cabinet, l’observateur peut encore retrouver de nos jours les traces de ce goût de dorure que Catherine apporta d’Italie, car les princesses de sa maison aimaient, selon la charmante expression de l’auteur déjà cité, à plaquer dans les châteaux de la France l’or gagné dans le commerce par leurs ancêtres, et signaient
leurs richesses sur les murs des salles royales.
La reine-mère occupait au premier étage les appartements de la reine Claude de France, femme de François Iᵉʳ, où se voient encore les délicates sculptures des doubles C accompagnés des images de blancheur parfaite, de cygnes et de lis, ce qui signifiait : candidior candidis plus blanche que les plus blanches choses, la devise de cette reine dont le nom commençait comme celui de Catherine par un C et qui convenait aussi bien à la fille de Louis XII qu’à la mère des derniers Valois ; car aucun soupçon, malgré la violence des calomnies calvinistes, n’a terni la fidélité que Catherine de Médicis gardait à Henri II. Évidemment la reine-mère, chargée encore de deux enfants en bas âge (celui qui fut depuis le duc d’Alençon, et Marguerite, qui fut la femme d’Henri IV et que Charles IX appelait Margot), avait eu besoin de tout ce premier étage.
Le roi François II et la reine Marie Stuart occupaient au second étage les appartements royaux qui avaient été ceux de François Iᵉʳ, et qui furent ceux de Henri III. L’appartement royal, de même que celui pris par la reine-mère, est divisé dans toute la longueur du château, et à chaque étage, en deux parties, par ce fameux mur de refend d’environ quatre pieds d’épaisseur, et sur lequel s’appuient les murs énormes qui séparent les salles entre elles. Ainsi, au premier comme au second étage, les appartements offrent deux parties distinctes. La partie éclairée au midi sur la cour servait à la réception et aux affaires publiques, tandis que, pour combattre la chaleur, les appartements avaient été distribués dans la partie exposée au nord, et qui forme la superbe façade à balcons, à galeries, ayant vue sur la campagne du Vendômois, sur le perchoir aux Bretons et sur les fossés de la ville, la seule dont a parlé notre grand fabuliste, le bon La Fontaine.

Le château de François Iᵉʳ se trouvait alors terminé par une énorme tour commencée et qui devait servir à marquer l’angle colossal qu’aurait décrit le palais en tournant sur lui-même, et à laquelle Gaston plus tard ouvrit les flancs pour pouvoir y coudre son palais ; mais il n’acheva pas son œuvre, et la tour est restée en ruines. Ce donjon royal servait alors de prison ou d’oubliettes selon les traditions populaires. En parcourant aujourd’hui les salles de ce magnifique château, si précieuses et à l’art et à
l’histoire, quel poète ne sera pris de mille regrets ou affligé pour la France, en voyant les délicieuses arabesques de cabinet de Catherine blanchies à la chaux et presque perdues par les ordres du commandant de la caserne (cette royale demeure est une caserne), lors du choléra. La boiserie du cabinet de Catherine de Médicis, dont il sera question bientôt, est la dernière relique du riche mobilier accumulé par cinq rois artistes. En parcourant ce dédale de chambres, de salles, d’escaliers, de tours, on peut se dire avec une affreuse certitude : Ici Marie Stuart cajolait son mari pour le compte des Guise. Là les Guise insultèrent Catherine. Plus tard, à cette place, le second Balafré tomba sous les coups des vengeurs de la couronne. Un siècle auparavant, de cette fenêtre Louis XII faisait signe de venir au cardinal d’Amboise, son ami. De ce balcon, d’Épernon, le complice de Ravaillac,
reçut la reine Marie de Médicis, qui savait, dit-on, le régicide projeté, et le laissa consommer ! Dans la chapelle où se firent les fiançailles de Henri IV et de Marguerite de Valois, le seul reste du château des comtes de Blois, le régiment fabrique ses souliers. Ce merveilleux monument où revivent tant de styles, où se sont accomplies de si grandes choses, est dans un état de dégradation qui fait honte à la France. Quelle douleur pour ceux qui aiment les monuments de la vieille France, de savoir que bientôt il en sera de ces pierres éloquentes comme du coin de la rue de la Vieille-Pelleterie, elles n’existeront peut-être plus que dans ces pages ! "

Il faut comprendre Balzac lorsqu'il écrit cette dernière phrase dans "SUR CATHERINE DE MÉDICIS" (édition de 1828) le château est dans un mauvais état. Déjà Louis XVI ne s'y intéressait pas et avait décidé même de le vendre, mais il n'y avait pas d'acheteur, le bâtiment retrouva un nouvel usage: une caserne. Ensuite pendant la Révolution, les domaines royaux ont été pillés et détruits et Blois n'a pas échappé à ce destin.
Les symboles héraldiques sur les façades ont été endommagés et une partie du mobilier a été détruite. 
Heureusement en 1845, est prise la décision de procéder à une restauration complète du château de Blois.
à + !


mardi 24 novembre 2020

Chambord. Pour moi.

Je ne sais pas vous mais moi tout petit déjà j'entendais des personnes qui disait "ce que j'aimerais faire un jour c'est les Châteaux de la Loire !" et je m'étais dit que moi aussi, un jour, j'irai.

Bon le temps a passé et ayant visité une belle partie de la planète, avec ce confinement ce projet oublié a refait surface cet été. Ayant parcouru beaucoup de blogs qui vous les décrivent en long en large et en travers, je ne vais pas vous ré expliquer l'Histoire de France. Non non.

Juste partager avec vous quelques clichés. 

Voilà.

Oui oui je sais ! encore un énième billet sur ces châteaux ! 

                              Je sais, chaque blog en a au moins un. 

                                            Je sais, tout le monde veut partager leurs belles photos de vieilles pierres.

Mais bon. Où je les mets moi ces photos que j'ai eu plaisir à prendre ? hum ? Vous ne dites rien mais vous n'en pensez pas moins, ok ok cet article (et ceux qui suivront) seront égoïstement pour MOI !

Mais je ne vais pas les laisser là toutes seules, ces photos, non je vais les accompagner - prétentieusement - avec Cinq-Mars d'Alfred de Vigny pour que cela soit moins pesant si vous vous attardez accidentellement sur mon article. Ses textes sont en italique.

Voilà.

Chambord. Pour moi.

La construction de ce château, Chambord, commence en 1519 par la volonté de François 1er, ne sera terminé qu’en 1685, sous Louis XIV. C'est à dire que François n'en a pas profité pleinement, remarquez  cela l'ennuya beaucoup pour les Arts auxquels il s'intéressait beaucoup mais moins pour les fêtes et surtout la chasse pour laquelle ce grand territoire s'y prête.

Même en sachant cela, la première chose qui malgré tout surprend lorsque nous entront dans le domaine c'est l'immense forêt qu'il faut pénétrer pour se rendre au Château. C'est vrai que l'ensemble fait pas moins de 5 440 hectares, soit la superficie de Paris intra-muros, encerclés par un mur de 32 km.

Et puis soudain, après l'ombrage des grands arbres voilà la lumière et là-bas enfin l'imposant château apparaît:

« À quatre lieues de Blois, à une heure de la Loire, dans une petite vallée fort basse, entre des marais fangeux et un bois de grands chênes, loin de toutes les routes, on rencontre tout à coup un château royal ou plutôt magique. 
On dirait que, contraint par quelque lampe merveilleuse, un génie de l'Orient l'a enlevé pendant une des mille nuits, et l'a dérobé aux pays du soleil pour le cacher dans ceux du brouillard avec les amours d'un beau prince.



J'arrête Alfred ici, car je voudrais vous faire partager ce sentiment étrange, dû au confinement, d'entrer au château sans y voir dégun * : pas un bus de Japonais à l'entrée, pas un troupeau de Chinois s'éparpillant dans la cous, ni même un groupe de Russes... personne. 

Tous seuls en entrant, la cour vide nous fait une drôle de sensation, on hésite même à s'avancer. Chambord pour moi !

* dégun: personne en Marseillais, nobody.





 
Ce palais est enfoui comme un trésor ; mais à ses dômes bleus, à ses élégants minarets, arrondis sur de larges murs ou élancés dans l'air,


à ses longues terrasses qui dominent les bois, à ses flèches légères que le vent balance, à ses croissants entrelacés partout sur les colonnades, on se croirait dans les royaumes de Bagdad ou de Cachemire, si les murs noircis, leurs tapis de mousse ou de lierre, et la couleur pâle et mélancolique du ciel, n'attestaient un pays pluvieux.

Ce fut bien un génie qui éleva ces bâtiments mais il vint d'Italie et se nomma Le Primatice, ce fut bien un beau prince dont les amours s'y cachèrent ; mais il était roi, et se nommait François Ier. 

Sa salamandre y jette ses flammes partout ; elle étincelle mille fois sur les voûtes, et y multiplie ses flammes comme les étoiles d'un ciel ; 

elle soutient les chapiteaux avec sa couronne ardente ; elle colore les vitraux de ses feux; elle serpente avec les escaliers secrets, et partout semble dévorer de ses regards flamboyants les triples croissants d'une Diane mystérieuse, cette Diane de Poitiers, deux fois déesse et deux fois adorée dans ces bois voluptueux »



« Mais la base de cet étrange monument est comme lui pleine d'élégance et de mystère: c'est un double escalier qui s'élève en deux spirales entrelacées depuis les fondements les plus lointains de l'édifice jusqu'au-dessus des plus hauts clochers, et se termine par une lanterne ou cabinet à jour, couronnée d'une fleur de lis colossale , aperçue de bien loin; deux hommes peuvent y monter en même temps sans se voir.


Cet escalier lui seul semble un petit temple isolé; comme nos églises, il est soutenu et protégé par les arcades de ses ailes minces, transparentes, et pour ainsi dire, brodées à jour. On croirait que la pierre docile s'est ployée sous le doigt de l'architecte; elle paraît, si l'on peut dire, pétrie selon les caprices de son imagination. On conçoit à peine comment les plans en furent tracés, et dans quels termes les ordres furent expliqués aux ouvriers; cela semble une pensée fugitive, une rêverie brillante qui aurait pris tout à coup corps durable; c'est un songe réalisé.
Cinq-Mars montait les larges degrés qui devaient le conduire auprès du Roi, et s'arrêtait sur chaque marche à mesure qu'il approchait...»

Dans ce récit historique et romanesque d'Alfred De Vigny, le marquis d’Effiat, favori de Louis XIII, est amoureux fou de Marie de Gonzague et conspire contre Richelieu qui lui a refuser le mariage. Ce qu'il ne sait pas,  Cinq-Mars,  pendant qu'il redescendra, que c'est le Père Joseph, l'Eminence Grise ! le proche conseiller de Richelieu qui montera par l'autre escalier et donc ne le croisera pas !  Alfred de Vigny utilise adroitement la particularité du chef-d'œuvre qu'est cet escalier à double révolution:

« En ce moment Cinq-Mars crut entendre du bruit sur l'escalier; le Roi rougit un peu.
"Va t'en, dit-il, va vite te préparer pour la chasse; tu seras à cheval près de mon carrosse; va vite, je le veux, va."
Et il poussa lui-même Cinq-Mars vers l'escalier et vers l'entée qui l'avait introduit.
Le favori sortit; mais le trouble de son maître ne lui était point échappé.
Il descendait lentement et en cherchant la cause en lui-même, lorsqu'il crut entendre le bruit de deux pieds qui montaient la double partie de l'escalier à vis tandis qu'il descendait l'autre; il s'arrêta; il remonta, il lui sembla qu'on descendait; il savait qu'on ne pouvait rien voir entre les jours de l'architecture, et se décida à sortir...»



Pour conclure avec Cinq-Mars, sa conspiration avec François-Auguste de Thou et Gaston de France de s’allier avec les Espagnols et débouter (ou même assassiner?) Richelieu, le mènera à sa perte.

 « Ma pensée entière, la pensée de l’homme juste, se dévoilera aux regards du roi même s’il l’interroge, dût-elle me coûter la tête. » 

Cinq-Mars la perdra effectivement sur l'ordre de  Louis XIII et Richelieu à Lyon, avec François-Auguste de Thou, le 12 septembre 1642.  

Un lien pour lire Cinq-Mars dans une ancienne édition ici

Ou le lire en htlm, ici.

Où pour l'écouter (livre audio) là


Pour conclure avec Chambord; Quelques chiffres glanés pour vous épater, en plus des 5440 Ha: 

1800 ouvriers ont travaillés à la construction, se farcissant 220 000 Tonnes de pierres, élevant 156 m2 de façade, créant 426 pièces, plaçant les degrés de 77 escaliers, érigeant 282 cheminées, sculptant 800 chapiteaux et tout ça sous de regard des quelques 200 salamandres, petite bestiole emblématique de François 1er. Et en 2017, le domaine a reçu au total 1 million de personnes.

A + !

mardi 17 novembre 2020

Le masque avant le masque ou Paul Baudry démasqué

C'était quelque temps juste avant le premier confinement qui nous garda loin des lieux de Culture. à
l'Opéra Garnier lors d'un "escape game" (excusez pour l'anglicisme, il faut quand même avouer que certains termes anglais sont efficaces). 

Et, comme au temps des bals masqués de Louis Philippe dans le Grand Foyer du Théatre de la rue Le Peletier (Garnier n'existait pas), nous portions tous un masque pour 
ne pas être reconnu et non pas être contaminé... Le masque avant le masque hygiénique. 
Nous étions déjà venu visiter l'Opéra mais cette fois-ci l'intérêt était de le découvrir d'une façon ludique. 

Il y a de quoi faire cent articles de blogs dans ce Palais car chaque pièce mérite une observation particulière, a une histoire à raconter si n'est plusieurs à travers les époques traversées. Je m'abstiendrais d'en faire plus d'un, mais juste un, pour me garder en mémoire le bonheur d'avoir levé la tête et porté le regard sur le plafond du Grand Foyer; le voici.
L'escape game se déroulait entre le Grand Escalier, le Salon de la Lune avec sa faune nocturne et sa paleur argentée, le Salon du Soleil, illuminé d'ors, l'Avant-Foyer,
 le Grand Vestibule et le Grand Foyer. On nous avait muni d'un plan couvert d'énigmes à résoudre, 
de codes à déchiffrer, des lieux à trouver. Pas facile, facile ! mais heureusement, il y avait, dans des endroits stratégiques, des personnes pour nous aider.

Ceux qui sont entré dans ce Palais savent qu'importe où porte le regard, c'est l'admiration. Mais lorsque j'ai levé les yeux pour cherché Baudry j'ai été stupéfait par la beauté de l'ensemble que mes photos représentent très mal (smartphone) surtout que les toiles culminent à 18 m de hauteur !



Le décor est foisonnant d'or réhaussé par les couleurs vives des peintures.

D'aprés un article de RFI, concernant la restauration des toiles en 2004, l'article raconte que les travaux de décoration furent extrémement longs: 
" Après en avoir reçu la commande en 1861, Charles Garnier s’est attaché à l’édifice, considérant l’Opéra «comme un temple ayant l’art pour divinité, [la salle en étant] le sanctuaire, et [le foyer] la nef»: c’est dire toute 
l’importance que l’architecte a accordé à cet espace lors de la construction de l’édifice dont les travaux, commencés en 1863 furent achevés seulement en 1878. C’est Paul Baudry qui en a peint les décors."


Il va falloir trouver Baudry.



Paul Jacques Aimé Baudry.

Bénédicte Tézenas du Montcel en parlait en ces termes dans "Opéra de Paris : un siècle au Palais Garnier :
Pour peindre le plafond du grand foyer, Baudry vécut huit ans dans un atelier sous les combles, mangeant et couchant dans une loge de danseuse.
« Baudry était presque le seul de notre temps qui sut rallier à lui les camps opposés. Les anciens, les sages, lui pardonnaient ses hardiesses et ses indépendances de génie, parce qu’ils savaient ses études, son labeur et sa conscience artistique. Quant aux jeunes, aux indépendants, ils pardonnaient à Baudry ses études premières, son respect du beau et sa force de savoir, parce qu’ils voyaient l’imagination jaillir de ses œuvres et la liberté de l’art en être l’enseignement ».
Avant de commencer, le peintre part en Italie, copie Raphaël et Michel-Ange. Et de fait, l’exigence du dessin, la logique du plan, les couleurs acides, rappellent la Chapelle Sixtine...

Le plafond à la recherche de Paul Baudry. 













De nos yeux éblouis, nous scrutons les scènes mythologiques et bibliques. Où est -il ?

































Dans les médaillons ? situés au-dessus des grandes baies du foyer ou Baudry a peint des enfants personnifiant la musique chez les différents peuples antiques, apparemment pas de Baudry.






















Parmi les dix voussures latérales ? représentant le Jugement de Pâris, Marsyas, l'Assaut, les Bergers, Saül et David, le Rêve de sainte Cécile, Orphée et Eurydice, Jupiter et
les Corybantes, Orphée et les Ménades, Salomé tous magnifiques mais pas de Baudry ici.

Le plafond central ? ou la Mélodie en robe verte chante tandis que l’Harmonie l'accompagne au violon, elles sont toutes proches car bien sûr inséparables. D'un coté drapée de rouge, la Gloire 
trompette en main, élève une couronne de lauriers et, vétue de pourppre, la Poésie couronnée d'or est emportée par Pégase: nul Baudry là.

Dans les plafonds adjacents ? d'un coté la toile a pour motif  La Tragédie et l'autre la Comédie.: (voir les photos 2 et 3) Pas de Baudry..



Peut-être serait-il avec les muses alors dans les cadres entre chaque voussures ? 


Clio, muse de l'Histoire : tristement seule. 

A coté, voici Calliope, muse de l'éloquence et de la poésie héroïque mais seule aussi et les autres ? 

Seules également:
Melpomène , Muse de la Tragédie; 

Euterpe, muse de la poésie lyrique et donc de la musique; 
Uranie, muse de l'Astronomie;
Thalie, muse la Comédie;
Terpsichore, muse de la Danse; 
Erato, muse de la Poésie Amoureuse; 

Pas de Baudry. 
Pas de Baudry.
Pas de Baudry.


La tête nous tourne ! tout est tellement splendide ! mais point de Baudry




Nous nous approchons des extrémités de la salle, deux voussures représentent l’une, le Parnasse (Apollon, les Grâces, les Muses et quelques compositeurs modernes) ;

l’autre, les poètes 
rassemblés autour d’Homère. 


Pas de Baudry là mais...

mais...


mais...


mais...




mais...oui !




par contre dans le coin droit au-dessus du Parnasse trois visages ! Le voilà enfin ! au milieu avec sa belle moustache ! au dessus Mr Charles Garnier bien sûr et sous lui son frère Ambroise architecte.

On avait passé du temps à le trouver mais ce fut une splendide découverte visuelle ! 

Malgré la mauvaise qualité des photos, j'espère que je vous ai donné l'envie d'aller ou d'y retourner voir ces magnifiques décors. peut-être avant consulter une doc. On trouve sur Gallica deux documents de l'époque qui décrivent très précisément les peintures réalisées par Paul Baudry pour le grand foyer de l’opéra :
- Peintures décoratives de Paul Baudry au grand foyer de l'Opéra : étude critique Émile Bergerat ; avec préface de Théophile Gautier
- Peintures décoratives exécutées pour le foyer public de l'Opéra par Paul Baudry : exposées à l'école nationale des Beaux-arts..., notice par E. About

 Comme je vous le disais là, l'Opéra Garnier m'avait séduit à tel point qu'il m'avait fallu que je me penche sur quelques docs m'expliquant tous ces motifs du plafond du Grand Foyer peint par Paul Baudry.

Mais il y a d'autres masques dans ce Théâtre et pour un ignorant comme moi, (de plus provincial loin de Paris: provençal), autant sur l'art pictural comme sur la mythologie, il parait cafi* de mystères:

A t-on vraiment découvert des corps enterrés datant des massacres pendant la Commune dans les caves de l'Opéra ?

le Lac souterrain abrite t-il vraiment une faune ? des énormes carpes peut-être ?  



Que masque le magnifique plafond de la salle du théâtre peint par Chagall puisqu'il est de 1964 et donc n'est pas contemporain de la décoration ? 



Là j'ai la réponse : les peintures originales n'ont pas été détruite mais juste masquées. L'œuvre du peintre Jules Lenepveu (lien) Les Muses et les Heures du jour et de la nuit est admirable, et on peut se poser la question pourquoi a t-on voulu les masquer. Une image N&B du plafond cliquez ici et une esquisse en couleur cliquez exactement là.





Une dernière question: je me suis arrêté stupéfait devant la  loge n° 5 pour lire la plaque de cuivre: "Loge du Fantôme de l'Opéra"

Le Fantôme a t-il vraiment existé ? 

En attendant vos réponses, je me suis (re) plongé dans le roman de Gaston Leroux !

"Le fantôme de l'Opéra a existé. Ce ne fut point, comme on l'a cru longtemps, une inspiration d'artistes, une superstition de directeurs, la création falote des cervelles excitées de ces demoiselles du corps de ballet, de leurs mères, des ouvreuses, des employés du vestiaire et de la concierge.

Oui, il a existé, en chair et en os..."  (**)

A + !

* En parler provençal donc: « rempli », dans le sens « qui abonde de quelque chose »

** Début de l'avant-propos écrit par l'auteur.