Rechercher dans ce blog

mardi 14 avril 2015

La Def XII

Je viens de terminer Le Royaume d'Emmanuel Carrère. Il m'est venu dès la fin l'envie de le reprendre à la première page, le sentiment de n'avoir pas su lire entre les lignes.
Même chose pour Limonov.
Chez Carrère, c'est comme ça, il a cette subtilité, dans les mots glissés ici et là, pour insinuer que vous avez raté quelque chose dans le livre, la page, la ligne que vous venez de parcourir.
Mais non; je renonce pour le moment à la relecture: j'ai l'intention d'attaquer son Philip K.Dick dans le prochain avion pour Dubaï.
Vue prise de ma tour.



En attendant ce voyage, stop à La Def.

Le printemps est là et malgré la pollution qui noie Paris dans un halo digne de SF post apo, je marche sur l'esplanade ensoleillée.

Je vous présente Dame Lune. 

Sculpture élancée en marbre blanc de Carrare, semble fragile mais étonnamment monobloc.  Sachez quand même qu’elle mesure 4,50 m de haut sur 1,50 de large !




Un peu plus bas, cette jolie grenouille est "La fontaine à boire" de Claude Torricini.
Bloc de bronze entouré de bancs de granit





Remarquez à l'intérieur de la grande bouche, la petite grenouille de laquelle jaillit de l'eau potable ;)

Le temps est encore frais et l'eau est coupée.

à + !

mercredi 8 avril 2015

Cagliari, mais où est passé Balzac ?

Un vent violent souffle  sur la région ,
Un vent à décrocher la queue d’un âne. Sur le rivage, la mer est blanche d’écume et tout mouvement portuaire est interrompu. Mais dans la ville, les cagliaritani ont l’habitude,  avancent comme si de rien n’était, l’esprit  occupé des tracas quotidiens et dont ces épisodes venteux sont des moindres.

Ayant garé la voiture Via di Roma, faute de n’avoir pas pu approcher la haute ville à cause du trafic, et des parkings soit complets, soit payants et plutôt chers.


Tout espéloufi,   je commence ma marche par cette large avenue aux façades remarquables. 



Le Palazzo Comunale (l’hotel de ville) de style néogothique catalan m’a-t-on dit, s’impose à l’entrée de la ville. Je bifurque ici pour monter jusqu'à la vieille ville.
Palazzo Comunale
Palazzo Comunale








La montée est rude, et après avoir gravi les rues , (où une multitude de réfugiés africains s’affairent à vendre leurs babioles en tout genre et accostent les gens qui garent leurs voitures en leur promettant de veiller sur celles-ci , sous-entendu, achetez-moi quelque chose pour ce service)

La montée est rude, oui, mais dès l’arrivée en haut, pas de regret car le panorama est superbe et les murailles du château invitent à la découverte. 



porte cristina


porte cristina
J’entre par la Porta Cristina, derrière on voit la Torre  San Pancrasio . Des tours comme celle-ci, il y en a trois remarquables, elles ont la même particularité, celle d’avoir une des façades ouvertes où l’on découvre les étages en bois.
Porta S'Avanzada
La sortie  par la Porta S’avanzada nous fait redescendre au pied de la citadelle, - donc je demi-tourne fissa.


Passé rapidement  la piazza del’ independanza,  parce que le vent ne faiblit pas, je pars dans une ruelle abritée qui débouche sur des Palazzi et la cathédrale Santa Maria.

 





L'extérieur est superbe, de même que l'intérieur, où, arrivé au chœur, on découvre des lions de marbres assaillant leurs proies ,très imposants et magnifiquement sculptés, qui  faisaient partie de l'ambon (Mais qu’est-ce que c’est ?) de Guglielmo, une paire de chaires du 12ème siècle par l'un Maître Guglielmo, à l'origine sculpté pour la cathédrale de Pise. 


Comme tous les touristes qui passent ici, plus loin, en descendant le long des murailles, on se retourne pour prendre le cliché incontournable:



Puis en dévalant les ruelles, on aperçoit une autre tour: la Torre dell' Elefante. Mis à part que  c'était un des symbole de Pise, je n'ai pas trouvé d'autre motil à l'exposition de cet


animal. D'ailleurs celui-ci me semble une pièce rapportée et ne fait pas corps avec l'ensemble.






Puis plus loin et plus bas, se trouve l'un des Palazzi de la ville, un des plus connus peut-être: le Palazzo Boyl.

Le palais a été conçu dans le style néoclassique en vogue dans ces années, dans lequel se réfèrent également la Porta Cristina et l'entrée de l'armée royale Arsenal, également conçus par le Comte Boyl de Putifigari.
Balzac y aurait séjourné lors de sa venue.



Le bâtiment a une balustrade de marbre ornée de quatre statues représentant les 4 saisons.


Le palais s'adosse à la Torre Dell''Aquila, anciennement Torre Leone, celle date du XIVème siècle.
La tour avait perdu son sommet pendant le siège espagnol de 1717, pas loin d'être une ruine. Elle avait affronté auparavant les bombardements britannique en 1708,puis les canons Espagnols qui tentaient de récupérer l'île en 1717 et, enfin, l'attaque française de 1793. 



Pour rappeler ces époques tragiques, sur la façade du Palazzo Boyl on peut voir trois boulets de canon collées qui rappellent les trois attaques ont souffert.
(cliquez sur l'image pour mieux voir)



Voilà ! fin de la visite de la citadella. Je redescends par la scalette di Santa Chiara, dis bonsoir à Carlo Felice 
Et puis arrive à la Via Lodovico Baylle. 

Où j’aimerais trouver la plaque commémorative de la venue de Balzac en Sardaigne. C’est au n°83.

A ce n° se trouve un resto : TRICOLI.
Mais chez TRICOLI point de plaque. Soit ! C’est l’heure du dîner : je m’y assois.
Le garçon m’apporte le menu et j’en profite pour lui demander où est donc cette plaque.
 Balzac ? Non je ne connais pas. Je vais demander à l’intérieur, me dit-il.
A l’intérieur, personne ne connait.
Très aimable, il se renseigne chez sa voisine au « Cubban Café ».
Elle n’en a jamais entendu parler.
 A ce moment, Tony passe, se fait interpelé par le serveur. Bla bla bla. Tony est d’ici depuis longtemps !
Mais Tony ne connait pas non plus.
Ni d’ailleurs la femme âgée qui habite juste à côté.
Le serveur est désolé mais pas de plaque de Balzac ici.
Bon je commande des calamars grillés (excellents, d’ailleurs,  je vous les recommande !) et puis j’attends.
Et en attendant, j’examine la façade du restaurant et que vois-je, caché par les grands parasols ? : Vous avez deviné : la plaque !

Je vous laisse deviner la tête déconfite du serveur qui n’avait jamais fait attention. Il se mit à ameuter toutes les personnes à qui il avait demandé pour leur faire savoir. J’étais pour ma part, plié de rire.

Balzac était venu en Sardaigne, espérant trouver fortune et éponger ainsi ses dettes...
A RICORDO DI ONORATO BALZAC CHE MOSSO DA VANI SOGNI DI FORTUNA FU IN SARDEGNA
EN SOUVENIR D'HONORÉ BALZAC QUI AGITÉ DE VAINS RÊVES DE FORTUNE,  FUT EN SARDAIGNE EN AVRIL  MDCCCXXXVIII (1838)


De son passage, nous en avons le témoignage, grâce à des lettres, que l’on peut lire dans cet ouvrage « Voyage En Sardaigne »
Et dont la teneur en est dévoilée un peu ici, mais je vous ai traduit (merci Google):
Le récit épistolaire est très mince par rapport aux impressions sur l'île et de ses habitants qui donne Balzac. Les lettres ont été envoyées d'Ajaccio (26 Mars, le 27 Mars, à 1 Avril, le 2 Avril), Alghero (7 Avril), Cagliari (17 Avril) et de Gênes (22 Avril). 
Si la Corse est l'un des plus beaux pays du monde avec des montagnes comme celles de la Suisse, la Sardaigne est un mauvais endroit : Balzac n’avait pas encore accosté que son jugement était déjà impitoyable.
Mis en quarantaine sur un bateau dans le port d'Alghero, il donne un jugement qui dit tout:
 «L'Afrique commence ici: j’ai vu une population en haillons, nue, bronzée comme les Ethiopiens."  Racisme? Ou tout simplement pour impressionner ceux qui ont lu ses lettres, le Cercle des Amis bourgeois parisiens et, en particulier, sa madame Hanska?
La lettre suivante suggère plusieurs choses. Le 17 Avril, Balzac était à Cagliari: «Je viens de visiter toute l'île et j’ai vu les choses comme disent les Hurons de la Polynésie. 
Un royaume de plein désert, du réel sauvage, pas de culture, les savanes de palmiers ou des cystes sauvages, où les chèvres paissent [...] J’ ai fait dix-sept à dix-huit heures d'équitation sans trouver une maison. [...] De Sassari, j’ai traversé toute l'île de l'intérieur: c’est partout pareil. Il y a un endroit où les habitants font un pain horrible de glands de chênes verts dans la farine qui se mélangent à l'argile, et cela à quelques pas de la belle Italie. Les hommes et les femmes vont nus avec un morceau de tissu, un chiffon de nettoyage, pour couvrir leur nudité. 

Le dimanche de Pâques, j’ai vu des tas de créatures dans les troupeaux sous le soleil, le long des murs de terre de leurs terriers. Aucune maison ne dispose d'une cheminée,  le feu au milieu de l'hébergement, le rend couvert de suie. [...] Au milieu de cette misère profonde et incurable, il y a des villages avec des costumes d’une beauté saisissante ".



à + !